Adapté du roman épistolaire Lady Susan de Jane Austen, le film Love & Friendship met en scène une jeune veuve machiavélique campée par Kate Beckinsale, dont les liaisons dangereuses et les intrigues perfides secouent une époque patriarcale où les femmes se devaient surtout de subir plutôt que de maîtriser et calculer.
Par Isabelle Blandiaux
Ecrit par Jane Austen à la fin du XVIIIe siècle, le court roman épistolaire qui raconte l’histoire de Lady Susan Vernon n’est publié qu’au XIXe siècle, après sa mort, à l’initiative de son neveu. Ce dernier intitule sobrement le texte Lady Susan, du nom de son héroïne hors normes.
La fiction se déroule en Angleterre à la même époque. Belle et séductrice, la jeune veuve Lady Susan Vernon (Kate Beckinsale) fait fi des convenances dans la haute société au sein de laquelle elle évolue. En ce temps-là, les femmes devaient répondre à un idéal de soumission, de docilité, de douceur, de pudeur, d’abnégation… Lady Susan, elle, est une adultère fougueuse qui, voyant sa situation financière se dégrader, se met en quête de riches époux, pour elle et sa fille adolescente. Elle peut compter sur l’aide de sa meilleure amie Alicia (Chloë Sevigny), une Américaine en exil. Face à elle, la gent masculine n’est clairement pas de taille et se fait donc manipuler à outrance. À l’heure de choisir entre ses deux principaux prétendants, le charmant Reginald (Xavier Samuel) et Sir James Martin (Tom Bennett), un aristocrate fortuné mais prodigieusement stupide, l’héroïne à rebrousse-poil utilisera sa faculté de calculer dans ce monde où les femmes n’avaient pas accès à l’argent et la transmission de l’héritage, dépossédées du fait des règles de primogéniture et de substitution qui privilégient la branche masculine de la famille.
Le réalisateur Whit Stillman a adapté ce roman en un film qui oscille entre comédie de moeurs satirique et analyse psychologique, tout en offrant avec délectation l’exploration d’une féminité prédatrice et transgressive.
Love & Friendship de Whit Stillmann. En salles le 29 juin.