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Petra Van Bremen : l’influenceuse de 62 ans qui casse les codes

Pour la mannequin, influenceuse aux cheveux gris et autrice Petra van Bremen (62 ans), vieillir n’est pas un problème. Oui, la loi de la gravité est une réalité, on doit déployer plus d’efforts pour rester en forme, mais c’est possible. Vieillir apporte tout autant de bienfaits : on a plus d’expérience pour affronter sereinement les épreuves, et on sait qu’après la pluie vient toujours le beau temps. Sa mission personnelle ? Montrer que les plus de 50 ans sont incroyables. Et que les cheveux gris ne sont pas synonymes de vieillesse, mais bien de sagesse.

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Car selon Petra Van Bremen, vieillir pose un énorme problème d’image. « Tout le monde veut vivre plus longtemps, mais personne ne veut être plus vieux ou avoir l’air plus vieux. Personnellement, vieillir ne me pose pas problème. »

Comment y arriver ? En réveillant la Petra qui sommeille en nous.

Rencontre avec Petra Van Bremen

Vous dites souvent que vous n’avez sincèrement plus envie d’avoir 20 ans. Pouvez-vous développer ?

Plus jeune, je n’avais pas autant confiance en moi qu’aujourd’hui. À 20 ans, on n’a pas beaucoup d’expérience, donc on ne sait pas toujours comment faire face à une situation. Aujourd’hui, je vis chaque situation sans stress. Le développement personnel et les expériences que j’ai acquises sont précisément les raisons pour lesquelles ça ne me dérange pas de vieillir. Et je garde les mêmes défis à relever. Ma vie est encore très excitante ; nous, les femmes, n’avons pas de date d’expiration.

En plus d’être autrice et mannequin, vous êtes aussi influenceuse aux cheveux gris. Qu’est-ce que ça implique ?

Être influenceuse, c’est très amusant ! J’ai démarré sur Instagram pour montrer mon quotidien et faire le plein d’inspiration auprès d’autres figures du secteur de la mode. Mais j’ai remarqué que mon style était apprécié, et les abonnés n’ont pas tardé à affluer. Parallèlement, il y a eu beaucoup d’échanges ; je pense que c’est parce que j’appartiens à une niche à cause de mes cheveux gris et de mon âge avancé. J’ai commencé par poster des photos de mes tenues lorsque j’allais en ville, j’enfourchais mon vélo, je me rendais à un dîner… Pendant la Fashion Week, j’ai découvert la photographie de street style car de nombreux photographes sont venus me voir pour immortaliser mon style.

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Crédits : Michael Kubenz

Lorsque la pandémie a éclaté, j’ai dû trouver un moyen de faire les choses par moi-même, et j’ai donc pris des photos dans les rues de ma ville natale, à Hambourg. Je prends des photos plusieurs fois par semaine en traversant la rue, en allant chercher le journal dans la boîte aux lettres ou en promenant le chien par exemple. Si j’accepte une mission d’influenceuse, je fais tout moi-même, des négociations au stylisme. Ce que je veux principalement transmettre via mon compte Instagram, c’est que nous, les femmes, n’avons pas de date d’expiration. Nous pouvons, que dis-je, nous sommes parfaitement capables de saisir toutes les opportunités de visibilité qui se présentent à nous. Ne vous laissez pas invisibiliser, montrez-vous si ça vous fait du bien. On ne devient invisible que si on autorise les autres à nous faire disparaître. Ce faisant, on finit par s’auto-discriminer, car tout le monde dans ce monde vieillit.

Instagram est donc un outil important pour votre travail en tant que mannequin et influenceuse.

Oui, j’essaie de faire un post par jour sur Instagram et sur Facebook. Je prends généralement beaucoup de photos en une fois, puis je les distille sur plusieurs semaines. Principalement du street style, parfois des photos d’événements ou de vacances. Instagram est devenu un outil de travail à part entière pour les influenceurs et les mannequins. Mon compte est lié à mon activité pro ; les clients potentiels des agences le consultent et il arrive que le nombre de followers détermine si je décroche ou non une mission. La création de contenu sur Instagram fait donc tout simplement partie de mon travail.

Vous estimez que chaque femme a quelque chose qui la distingue des autres. Comment trouver en soi cet élément unique, et comment le faire rayonner ?

La première chose qui importe à mes yeux, c’est qu’on ne doit pas se comparer aux autres. Surtout pas à des femmes plus jeunes. C’est déstabilisant et superflu, ça joue sur notre équilibre intérieur. Accepter son âge permet de se trouver radieuse, y compris à un âge avancé. C’est beau de voir un visage qui a vécu ; ce ne sont pas des paroles en l’air, c’est vrai. Une femme ne doit pas s’arrêter sur les imperfections, elle doit voir sa personnalité reflétée dans le miroir. Bien sûr, on peut changer de look grâce à quelques conseils vestimentaires, ou peut-être une nouvelle coupe de cheveux, tout en continuant à montrer ses attributs uniques. Vous aviez de belles jambes quand vous étiez jeune ? Alors pourquoi ne pas porter une jupe qui les laisse voir ? Tout le monde a eu, et a encore, un beau trait hérité de sa jeunesse.

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Crédits : Michael Kubenz

Bien sûr, en vieillissant, on doit parfois intervenir, car la gravité existe bel et bien. Quelle que soit la fonction qu’on exerce dans la vie, le corps change avec l’âge. Point. Mais comment faire face à ça ? Certaines personnes s’en accommodent, d’autres moins. Il y a alors moyen d’y remédier, par exemple en faisant de l’exercice ou en modifiant son régime alimentaire. Impossible d’y échapper, mais on peut faire en sorte d’être la plus belle possible, avant tout pour soi-même.

Comment gérez-vous les femmes qui sont jalouses ?

J’ai en effet remarqué que le cercle autour de soi s’amenuise à mesure qu’on vieillit. Qui vous apporte de l’énergie ? Je me suis séparée il y a longtemps des gens qui sont toujours à cran et négatifs. Le temps passé avec les autres est primordial pour moi. Lorsque je remarque de l’envie, je prends mes distances. Ça n’a aucun sens de se comparer aux autres femmes, car chacune a sa propre personnalité. Ce serait tellement plus agréable que les femmes se fassent plus de compliments. Quoi de plus réconfortant que de recevoir un compliment dans la rue ? On récolte alors souvent un regard surpris, suivi d’un large sourire. Ça fait du bien. Peut-être qu’une femme sort de chez elle en ayant des doutes sur sa tenue, et qu’une autre peut les dissiper et lui permettre de passer une belle journée.

Vous ne vous sentez pas vieille et vous n’agissez pas comme telle. Comment y parvenir ?

L’âge n’a jamais été un obstacle pour moi, j’ai adoré avoir 30, 40, 50 ans et ainsi de suite. Quand je me regarde dans le miroir, je ne vois pas une femme de 62 ans, je vois Petra. Nous voulons tous une vie longue et heureuse, n’est-ce pas ? Alors il faut accepter de vieillir. Il y a des gens qui n’ont pas la chance de vieillir. Je suis donc reconnaissante pour chaque jour qui passe. La seule fois où ça a été difficile pour moi, c’est quand j’ai eu 60 ans. Je me suis demandé dans quel état j’allais franchir la barre des 70 ans. Est-ce que je vais rester en bonne santé ? Il ne s’agissait pas de l’apparence, mais plutôt du corps.

Comment acceptez-vous votre âge ?

Tout est dans la tête. On peut penser : je ne me sens pas vieux, mais j’accepte de vieillir. Et la curiosité joue un rôle important à cet égard. Acceptons notre âge et, en même temps, gardons le cap en réfléchissant à la manière dont on peut continuer à essayer de nouvelles choses pour continuer à se sentir bien, élégante et énergique. Non pas en fonction des normes qui nous sont imposées par l’âge, mais selon notre propre conception du bien-être et de la beauté. Bien sûr, il se peut qu’on soit un peu bousculée à certains moments, mais c’est la vie. Dans ces périodes-là, j’essaie de retrouver la paix intérieure en allant boire un café avec une amie ou en faisant une balade, et là, je rayonne à nouveau.

Crédits photo à la une : Michael Kubenz


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