Elles nous portent au fil des saisons, sans fléchir. Elles nous baladent, soutiennent nos élans, nous accompagnent du matin au soir sans même y penser… Jusqu’au jour où elles deviennent plus présentes. Un peu trop. Une lourdeur nouvelle s’installe, un gonflement discret apparaît, une tension sourde gagne les mollets. On y voit un contrecoup de la chaleur, une fatigue passagère, une coquetterie du temps.
Et pourtant. Ce que l’on banalise à tort sous le terme de « jambes lourdes » peut être le premier signe d’une maladie veineuse chronique. Une affection évolutive, encore largement sous-estimée, qui touche un Belge sur dix. Et dont le diagnostic arrive, souvent, bien trop tard.
Une pathologie discrète
Pour mettre en lumière cette réalité invisible, la campagne nationale Legs First a choisi de donner la parole à nos jambes. Une démarche à la fois délicate et nécessaire, incarnée par Sandrine Corman. « Trop de personnes ignorent encore qu’elles peuvent souffrir de problèmes veineux, malgré des symptômes évidents », confie la présentatrice. « En montrant mes jambes, je veux encourager chacun à se poser les bonnes questions. La prévention et le dépistage sont essentiels pour préserver la santé. » Un témoignage qui résonne juste, à un moment de la vie où il ne s’agit plus de supporter ce qui pèse, mais de retrouver ce qui libère.
La maladie veineuse chronique ne se résume pas à quelques varices apparentes. Elle se glisse dans les sensations : une lourdeur en fin de journée, des crampes, un gonflement progressif, des démangeaisons que l’on finit par banaliser. Des signes pourtant révélateurs d’un dysfonctionnement veineux profond. Le Dr Janine Quaniers, phlébologue, le rappelle : « Ce n’est pas une question d’esthétique. Il s’agit d’une pathologie chronique et évolutive. Plus elle est prise en charge tôt, plus on évite les complications. »
Écouter son corps
Isabelle (51 ans) a toujours été active. Entre ses enfants, son métier dans l’événementiel et ses routines sportives, elle croyait pouvoir tenir la cadence. Mais au fil des années, la gêne s’est installée : lourdeur, inconfort, bottes de compression en été pour soulager ce que les bas ne faisaient plus. Elle pensait bien faire, elle pensait que ça passerait. Ce n’est que sur les conseils d’un ami qu’elle consulte enfin un spécialiste. Le verdict est clair : trois veines internes fortement abîmées. Elle opte sans hésiter pour une opération bilatérale. Quelques semaines plus tard, elle parle d’un « nouveau souffle ». Celui de jambes enfin légères. Et d’un quotidien où l’on ne s’adapte plus à l’inconfort.
Gerda (55 ans), elle, a appris à ses dépens qu’il ne faut pas minimiser les premiers signes. Les varices sont apparues dès sa première grossesse. Elle les pensait temporaires, liées aux bouleversements du corps. Les années ont passé, les douleurs aussi. Trois grossesses, trois opérations. Et puis cette sensation de jambes agitées, de plus en plus difficile à ignorer.
Aujourd’hui, elle suit un traitement adapté, entre bas de contention, médicaments et rendez-vous réguliers. Elle va mieux, mais garde une vigilance. « Il faut s’écouter. Et surtout, ne pas attendre que cela devienne ingérable. »
Ne restons pas les jambes croisées !
Le corps ne triche pas. Il nous parle, à sa manière. Reste à entendre ce qu’il chuchote avant qu’il ne crie. Bouger régulièrement, s’hydrater, éviter les vêtements trop serrés, surélever les jambes le soir… Ces gestes simples sont de véritables rituels de soin. Mais la clé, c’est aussi d’oser consulter. Des traitements existent, discrets, efficaces, respectueux du rythme de chacune. Encore faut-il accepter d’en parler. Un test en ligne, accessible sur www.legsfirst.be, permet en quelques clics d’évaluer son niveau de risque. Un premier pas vers l’allègement…
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© Illustration : Shutterstock