Le cercle de grands-mères, lieu de transmission et de partage

« On ne naît pas grand-mère, on le devient » ! Ben oui, Simone*, ici aussi on peut t’emprunter ta célèbre citation adressée aux femmes pour illustrer l’un de ses rôles, celui d’aïeule. Aïeule… oups, ça me file le frisson. Et pourtant, de l’accepter permet un vrai chemin de transformation intérieure. Elles racontent.

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Il était une fois…
Quand il y a 8 ans, ma fille aînée m’a annoncé qu’elle allait être maman, j’ai été bouleversée. Non pas tant de devenir grand-mère (l’émotion est venue plus tard) mais que ma fille devienne maman. C’est comme si cette maternité qui m’a habitée pendant tant d’années se transmettait d’un seul coup. Mon attention était toute tournée vers elle qui se préparait à mettre au monde ce petit être… merveilleux ! Je peux vraiment le dire aujourd’hui, lui qui approche les 8 ans. C’est avec lui que j’ai apprivoisé mon nouveau statut de grand-mère, loin de l’inconscient collectif de la « mémé-chignon-confitures ».

Une vraie naissance !
Du petit nom à se choisir (Mamy ? Mouche ? Granny ? Nanou ? Mamilou ?…) à la place à occuper dans cet arbre qui ne cesse de déployer ses branches anciennes et nouvelles et d’approfondir ses racines, les prises de conscience abondent. Comme ces liens qui nous traversent de part en part : « En chaque Homme réside l’histoire de ses ancêtres, en chaque Homme réside l’avenir de ses enfants. La vie présente est un point de transition entre ce qui fut et ce qui sera ». Bien dit, Hamoudi (Aïfa) !

Racine parmi les racines 
Je suis grand-mère blottie au cœur des racines de notre grand arbre familial. Je m’inspire des femmes de ma lignée qui s’écartent pour me faire de la place. Je suis un fœtus de grand-mère encore un peu recroquevillée, enlacée par ce cordon sanitaire de toutes les grands-mères qui m’ont précédée. Je m’abreuve à leur connaissance et à leur sagesse, une transmission subtile pour moi qui ne les ai pas connues ou si peu. Je relis et me relie à « La danse des grands-mères » de Clarissa Pinkola Estès** : « La femme cachée sous la terre entretient l’étincelle d’or… Quand nous parlons de créer de l’âme, c’est-à-dire de nous donner littéralement l’ordre de générer un système racinaire de plus en plus étendu, un territoire de l’âme conquis et entièrement occupé de plus en plus vaste, nous vivons à la manière d’un arbre gigantesque. Il ne se contente pas de faire monter l’énergie, il la fait redescendre au fur et à mesure qu’il pousse en surface en lui confiant la tâche de développer le système racinaire, la quête d’un supplément de nutriments, et l’adaptation aux conditions climatiques… tout cela pour soutenir la canopée de plus en plus fournie dans les hauteurs… »
Je m’invente aussi une façon bien à moi de devenir pleinement la Mamy de mes trois petits déjà bien là et… des deux petites chéries qui vont naître bientôt.
Même si je suis toujours proche de mes enfants qui deviennent parents, je sens aujourd’hui que ce sont leurs petits qui viennent faire leur nid dans mon cœur.

Prête à dire oui
Lorsque j’ai reçu cette invitation à faire partie d’un cercle de grands-mères, il y a quelques semaines, mon cœur a pleinement dit « oui ». Alors qu’il y a quelques mois, j’aurais probablement refusé. Aujourd’hui, une évidence !
Un cercle pour échanger nos recettes de galettes ? Pas vraiment, mère-grand !
Un vrai cercle de femmes, d’anciennes, qui ont à cœur, à partir de l’amour qu’elles portent à leurs petits-enfants, d’inclure tous les enfants du monde et œuvrer à un monde meilleur.

Étincelles d’or
Ce samedi-là, je pousse la porte de la « Mamita ». Tiens, bizarre, c’est le nom de ma grand-mère ! Heureux présage…
Ce premier cercle accueille six femmes entre 55 et 70 ans. Six femmes au regard pétillant et profond, éclairé par ce je ne sais quoi qui les traverse, leur histoire, leur bonheur d’être là. Le but ici n’est pas de raconter ce qui s’est passé, ça appartient au cercle, mais à en partager les étincelles d’or. Comme les valeurs de transmission, les sagesses d’ailleurs. Ce jour-là, on célébrait la grand-mère conteuse, dépositaire des histoires, gardienne de l’humour… Me voilà instantanément connectée à cette grand-mère, moi qui aime tant rire !
Chacune à notre tour, nous nous nommerons en présentant nos petits-enfants symboliquement présents par une photo ou un objet. Moment fort quand l’une de nous a déposé les premières chaussures de son petit-fils au pied de la mappemonde pour nous inviter à nous relier à tous ces petits enfants en exil qui doivent marcher, marcher, marcher encore…
Conduite par une Mamiloo très inspirée, cette séance nous a fait voyager dans le temps, dans l’espace, dans les femmes qui nous habitent, dans les symboles, les chants, les liens que nous continuons à tisser. Avec une méditation pour ancrer notre démarche commune.
J’étais ce soir-là la Nourricière, « la femme prête à entrer dans le grand cycle nourricier de la Vie », avec le calendula comme assistant pour intégrer la persévérance qui brise tous les obstacles. De retour chez moi, un court kasàlà a jailli et m’accompagne depuis. Je le proclame haut et fort pour m’ancrer et nourrir mes cellules :
Je suis la Nourricière
J’abreuve de rire et de sagesse
Les petits et grands enfants
Nourricière ? Je persévère.
Les obstacles ? Même pas peur !
J’apprends à voler
et à transformer
les soucis en LUMIÈRE.

Quelle joie profonde a irrigué cette assemblée de femmes, elles qui ont honoré la terre, leur terre intérieure, leur rivière, leur souffle… et la grand-mère Lune qui vibre en chacune ! Rendez-vous donc à la prochaine lune !

Enchantée et inspirée…
… pour participer au Cercle de femmes de ma fille bientôt maman de sa « petite chérie ». J’y allumerai et transmettrai la flamme des ancêtres. Ma flamme-racine allumera les bougies maman et bébé, une façon de leur infuser le courage de leurs aînées pour la traversée et diffuser la lumière de la joie.

Et Clarissa de m’inspirer encore : « On sent la force et la présence de la plus grande des femmes, la femme sage, la grande mère, la plus grande des mères… On trouve toujours la preuve de l’existence, au niveau des racines, de cette source mystérieuse et sage chez les femmes qui apprennent et veulent apprendre toujours plus, développent leur vision intérieure, écoutent leur intuition, ne se laissent jamais arrêter ni bâillonner… Qu’importe le lieu où nous vivons et en quel état, qu’importe notre mode de vie, nous pouvons toujours compter sur cette alliée suprême, car même si notre structure extérieure est attaquée, personne ne peut éteindre l’étincelle d’or… »

Dès à présent, je me sens Gardienne du feu !

*Simone de Beauvoir

**La danse des grands-mères, Clarissa Pikola Estès, Livre de Poche CERCLE DES GRANDS-MERES-LUNE
Gwendoline De Wolffs (Boitsfort)
gwendoline_13@hotmail.com


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