Et si on se la jouait Monet ?

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Deauville, Trouville, Rouen, Giverny, des villes normandes où les impressionnistes ont capturé l’intense lumière dans des tableaux devenus célèbres. Jusqu’au 26 septembre, un festival, 3e du genre, ravivera le flou de leurs bougés à travers des portraits d’une autre époque.

Par Pierre Wiame

impressionistesTire-moi donc le portrait ! Le Festival Normandie Impressionniste sera l’un des événements majeurs de 2016 en France, qui fera le tour de la question du portrait. A chaque époque son style. Nos aïeuls, au début de la photographie, posaient sérieusement pour une postérité en noir et blanc. On voyait dans leurs yeux de l’émotion retenue face à cette grosse boîte magique. Après les plaques à émulsion lente, il y a eu les films en grand format puis en bobine ultra-popularisée. Aujourd’hui, il y a les pixels des téléphones mobiles. C’est tellement facile et banal qu’on abuse du portrait et des autoportraits, seul ou entre amis. « La sur-représentation des selfies et de soi-même peut-elle être reliée avec le mouvement impressionniste ? Car, plus qu’une technique, l’impressionnisme est avant tout un état d’esprit, une façon d’être au monde », commente Laurence Philippot-Reulet, directrice de l’événement.

Pour nous présenter ces jolis minois, les musées normands ont vu très grand. Ainsi, le musée des Impressionnismes de Giverny, où se visite la maison de l’éternel Monet, proposera une exposition sur Caillebotte et son œuvre sur le jardin, juste avant de faire découvrir le travail de portraitiste du peintre espagnol Sorolla. A Rouen, le musée des Beaux-Arts mettra sous la lumière la dimension intime du portrait et l’univers personnel des peintres impressionnistes, de Manet à Renoir, de Cézanne à Degas.

Le musée André Malraux du Havre, le MuMa, fera le portrait d’Eugène Boudin, ce pionnier de l’impressionnisme qui aimait nager en plein ciel et arriver aux tendresses du nuage. Pour la première fois, une centaine d’œuvres sur les 328 exécutées par ce maître seront exposées dans la ville où Boudin s’est passionnément lancé dans l’art d’attraper la lumière. A Honfleur, au port de pêche taillé dans une incroyable polychromie, l’exposition abritée dans le musée qui lui est dédié évoquera les différentes facettes de sa jeunesse. Enfin, le musée des Beaux-Arts de Caen mettra l’accent sur les toiles de Frits Thaulow, cet artiste norvégien qui s’installa à Paris en 1875.

Un agenda culturel ambitieux

Aux côtés de ces six expositions phares, ce grand festival articulera plus de 450 événements et animations exaltant la beauté de l’impressionnisme. Car cet art de la rupture avec la mièvre et figée peinture académique s’insinua dans toutes les couches des Beaux-Arts. Il rejaillira sur la littérature, la musique, la danse, la photographie, le cinéma et le théâtre, bousculant les codes et les conventions. Les impressionnistes osent sortir dehors et planter leur chevalet en pleine nature. Leur liberté d’esprit a comme délié leurs pinceaux, dont les coups, visibles, font comme flotter le paysage.impressionistes

Le Festival offrira au public des escapades chatoyantes sur les traces de ces peintres anticonformistes de la rupture. « Nous insistons sur le caractère populaire et accessible à tout le monde du Festival, notamment par la création de 12 circuits de découverte suggérés » poursuit la directrice. Ces clefs ouvriront 12 portes différentes sur cet immense ballet de lumières roulant sur toute la Normandie. Et ces lumières denses, ces couleurs cristallines, presque fluides, dansantes sur le paysage verdoyant comme sur le bleu bord de mer, sont toujours à l’œuvre aujourd’hui. La fantastique source d’inspiration des impressionnistes ne s’est pas tarie. Le ciel ne s’est pas assombri, il alterne toujours autant le blanc et le gris qui mouchètent si bien la Normandie onirique, enfantine, aux pommiers vermeils, aux vaches presque coquettes et aux douces brumes beurrées. Elle est toujours composée de paysages onctueux où le ciel rencontre la terre.

Il n’y aura pas non plus que de calmes expositions de tableaux, d’art contemporain et de photographies religieusement contemplées. Au nombre de 83, les spectacles vivants de plein air saupoudrés tout au long de ces 5 mois de printemps et d’été, engagent à attarder le regard sur le joli bocage normand et à s’imprégner la rétine de ses émotions chromatiques. Ce seront des déjeuners sur l’herbe, référence au célèbre déjeuner d’Edouard Manet, ainsi qu’en bord de Seine et de mer, où la lumière semble toujours revenir se purifier pour ensuite retourner enluminer la terre et ses pierres.

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Dans les villes, ça et là, fleuriront aussi des guinguettes qui feront vibrer l’atmosphère de leur musicalité, leurs parfums et leurs rêves d’amour, comme dans le Bal du moulin de la Galette signé de Renoir. Ce sera tout cela, ce 3e Festival de Normandie Impressionniste. Une gourmandise haute en couleurs. Une envie goulue de créer et de revisiter, 140 ans plus tard, les coulisses de la mer normande. Un grand bal des portraits de la société du XIXᵉ siècle, artistes, enfants, femmes, tous à leurs loisirs et à leur ennui.

Le train de l’Impressionnisme

Jusqu’au 25 septembre, circulera un train de l’Impressionnisme. Au départ de la gare de Paris-St-Lazare, celui-ci emmènera les voyageurs sur les traces des plus grands peintres impressionnistes, à Vernon-Giverny, Rouen et Le Havre, berceau du pionnier Eugène Boudin. Ce train sera habillé d’illustres tableaux de Claude Monet et Camille Pissarro. www.letraindelimpressionnisme.fr
www.normandie-impressionniste.fr


 


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