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L’Abolition, le combat acharné de Robert Badinter

Figure marquante de la justice française, Robert Badinter ne peut que susciter admiration et respect auprès des plus de 50 ans qui ont vécu au début des années 80 sa victoire ultime : celle de l’abolition de la peine de mort en France. Ce roman graphique, publié chez Glénat, retrace la genèse de cette lutte, loin d’être gagnée d’avance.

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« Un jour, tu iras jusqu’au bout. Et quand ce sera fini, alors tu seras devenu un avocat« . C’est en pensant à ces propos tenus par son maître à penser Henry Torrès, que Robert Badinter entame son combat pour mettre fin à la peine de mort en France. Ce spectacle affreux d’un corps coupé en deux sous la lame de la guillotine. Comment oublier son cri rageur lancé lors du célèbre procès Bontemps/Buffet : « c’est la mort que vous réclamez, pas la justice. »

Sur le scénario, engagé, rédigé par Marie-Gloris Bardiaux-Vaïente, Malo Kerfriden livre des planches mises en page comme la scène d’un théâtre, avec les lecteurs en guise de public. Un album réalisé en noir et blanc, choix parfait pour illustrer le roman graphique, L’Abolition, publié aux éditions Glénat.

Quand l’histoire s’en mêle

Une lutte féroce contre la peine capitale menée par un avocat marqué par plusieurs procès d’envergure. Dont celui de Patrick Henry, kidnappeur et assassin du petit Philippe. Une affaire qui avait bouleversé la France en 1976. « Celle qui a peur » comme le déclarait alors le journaliste Roger Gicquel. Il en avait fallu du courage à Badinter pour s’opposer à un public français largement partisan de la peine de mort. Un avocat qui avait pu compter sur un soutien de poids, le président de la République François Mitterrand. Partisan, lui aussi, de l’abolition de la peine de mort.

Ce sera chose faite le 9 octobre 1981. A cette date, la France devient le 36e Etat dans le monde à abolir la peine de mort. Les bourreaux sont mis à la retraite anticipée et la guillotine mise au placard. Avec cet épilogue survenu en ce début des années 80, Robert Badinter et ceux qui ont suivi son combat, peuvent enfin souffler et mesurer le chemin parcouru depuis 1792.

Année qui a vu le premier condamné passer la tête dans la guillotine. Un engin abominable qui a tourné à plein régime sous la Révolution française avec plus de 40.000 exécutions. Un bilan effroyable qui confirme les propos tenus par Victor Hugo, « la peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie. »

Avec ce roman graphique, davantage un document judiciaire qu’une BD, le lecteur ne peut que ressentir un certain trouble. On en ressort bouleversé et admiratif pour cette lutte menée par Robert Badinter. Ultime paradoxe, la fin des exécutions en France a sauvé la tête du bourreau nazi Klaus Barbie, responsable de la mort du père de Robert Badinter dans le camps de Sobibor. « Pour lui non plus, la sanction capitale ne devait être possible » avait répondu Badinter à ses détracteurs.

Une lecture poignante, à laquelle il est conseillé de joindre la vision du film de José Giovanni, Deux hommes dans la ville, avec Jean Gabin et Alain Delon. Terrible plaidoyer contre la peine capitale, servi par le jeu de deux acteurs d’exception. Trois, avec Michel Bouquet dans le rôle du policier à l’origine de la fin du film. Un bon sujet et l’occasion de retrouver des acteurs qui ont marqué plusieurs générations.

L’abolition. Le combat de Robert Badinter. Scénario de Marie Gloris Bardiaux-Vaïente, dessin de Malo Kerfriden. Editions Glénat, 128 pages, 17,50 euros environ
Couverture : éditions Glénat


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