Pour nous mettre dans le bain de notre enfance, tout commence par une citation :
« Garder un pays à l’enfance. L’enfance comme réserve de notre part sauvage et animale, l’enfance comme haut-lieu du savoir organique. Savoir que la matière s’agence à la seule échelle fiable en termes de mesure : l’échelle cosmique.
L’enfance comme réserve naturelle où l’on peut se souvenir que nous sommes de tendres animaux, œil et naseaux grand ouverts, humant jusqu’à appartenir à l’air, foulant une terre qui nous possède plus que nous ne la possédons.
(…) Un enfant se meut toujours dans la continuité de son environnement. Il ne blesse pas le monde : il le prolonge de sa présence.
Les adultes fendent le monde d’un corps tranchant, les enfants s’y fondent. C’est que la matière commune puisée à la source du monde dont ils ont fait leur corps n’est pas encore fossilisée en une forme qui leur donne l’impression d’être autre chose que le monde…
Les enfants se moquent de leur mue : ils savent que toute perte est croissance. Pour nous, adultes, toute perte est mort… » (Marion Muller-Colard)
Bon d’accord, habiter le printemps aide un peu, mais peut-être est-ce parce qu’on entre dans l’automne -le temps des récoltes… et du détachement !- que cette perspective nous invite à jouir encore plus de ce qui nous fait vibrer ? D’où ce recours à l’émerveillement pour garder le regard tourné vers la beauté qui nous éclaire plutôt que vers le ténébreux qui nous assombrit. Et là, sans vergogne, empruntons leurs sens tout neufs et donc plus aiguisés pour observer, contempler ! Déjà tout petit, le bébé, les yeux grands ouverts, regarde et découvre son environnement… et quand le petit doigt se dresse vers le ciel pour montrer la lune ou vers le sol, le pissenlit qui a poussé entre les pavés, le ravissement est contagieux ! C’est toute la valeur ajoutée de la mamie ou du papy de sortir du rythme effréné pour ralentir et prendre le temps de la découverte. L’agitation de la vie quotidienne cède le pas au temps suspendu où grâce à une vraie présence mutuelle, chacun fait connaissance et prend conscience du caractère précieux de ce lien tranquille qui se tisse entre deux saisons de la vie. Chuuuut… la magie est à l’œuvre entre ces deux générations qui prennent la mesure de l’amour et de leur tendre complicité ! Et de toute l’attention1 qu’ils exercent…
Histoires de connivences sur fond de transmission
Reconnexion aux souvenirs d’enfance
Je croise Jean-Claude sur la plage, la main recroquevillée sur ses précieux trésors, une poignée de tourelles (ou scalaires, pour les puristes) qu’il a ramassées, ou plutôt dénichées parmi les laisses de mer. Souvenir ému de ses balades avec sa grand-mère à la recherche de ces merveilles de coquillages torsadés qui, au-delà de leur élégance, évoquent son enfance. « Et attention, les trouées ne comptaient pas ! », sourit-il… Il a fait de cette quête une tradition familiale qu’il transmet à ses propres petits-enfants !
La mer, c’est magique pour reconnecter son enfance : ramasser des coquillages, mais aussi construire des châteaux de sable qui s’écrouleront à la première marée (ah, l’impermanence !), fabriquer des fleurs en papier qui seront échangées contre des couteaux ou tourelles aux prochaines vacances, etc. L’occasion, du coup, de s’instruire ensemble en découvrant les vrais noms des coquillages et leurs particularités dans de judicieux petits livres2 que l’on trouve dans les librairies et/ou Syndicats d’initiative de la Côte.
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© Illustration : iStock

