Jacqueline Bir : « Le travail, c’est la meilleure barrière contre le mort ! »

Jacqueline Bir, « La Bir! »,  sillonne les planches un peu partout en Belgique avec « La Dame à la camionnette ». L’occasion de vous emmener faire un petit tour… de son beau parcours.

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Rien que son nom est la marque d’une grande comédienne de la scène belge qui a défendu plus de deux cents rôles. Afin de saluer publiquement la magnifique carrière de Jacqueline Bir, son complice Alain Leempoel réunit autour d’elle une équipe « sur mesure » et lui offre un rôle à la hauteur de son talent. Celui de Miss Sheperd, incarné à l’écran par une autre grande dame, Maggie Smith, dans le film « The Lady in the Van ». Une occasion de rendre hommage à notre marraine de théâtre.

Que de chemin parcouru ! On fait le tour de votre parcours en quelques moments clés ? Racontez-nous…

J.B.: Quitter l’Algerie il y a très très longtemps était une grande aventure pour moi ! J’ai fait mon conservatoire à Oran et mon professeur m’a dit que ce serait une bonne idée que je me perfectionne. Mes parents étaient d’accord pour que je prenne mon envol à Paris. C’est là que j’ai rencontré Claude Voltaire et c’est comme ça que je suis arrivé en Belgique. Nous avons eu un petit garçon qu’on est venus présenter à la famille en Belgique et nous ne sommes plus jamais repartis… J’ai eu des rôles magnifiques tout au long de ma vie de femme. Et une vie de femme, c’est passer par des tas de phases différentes. Je suis aujourd’hui très satisfaite de mon parcours. J’ai toujours eu la passion des beaux textes et des héros exceptionnels. J’ai donné le meilleur de moi-même pour le partager avec le public. Mais si je devais exprimer un regret, ce serait de ne pas avoir assez pris le temps de m’occuper de mes enfants. Eux mon toujours dit que le temps passé ensemble était extrêmement riche. Mais malgré tout, c’est vrai que c’est un métier qui occupe l’esprit tout le temps. Mais j’essaye de voir que le positif… Il faut que les regrets soient utiles, sinon ce n’est pas constructif. Aujourd’hui, je suis arrière grand-mère 8 fois. Mais ils n’habitent pas près de chez moi et mes horaires ne sont pas toujours compatibles avec les leurs… Je les ai régulièrement au téléphone. Mais je ne suis pas le genre de « petite bobonne adorable » qui fait la popotte avec ses petits-enfants. Ils m’admirent pour d’autres choses, comme mon énergie. Je suis une arrière-grand-mère un peu marginale…

Vous n’êtes pas décidée à mettre un frein à votre carrière… La retraite, ce n’est pas pour vous ?

J.B.: À mon âge, j’y ai pensé… Mais les événements et les circonstances ont fait que j’ai replongé dans le travail parce que je crois que, finalement, le travail c’est la meilleure barrière contre le mort ! Même s’il serait temps que je songe un jour à m’arrêter…. mais pour en faire quoi ? J’ai fait beaucoup de choses autour de mon métier qui étaient enrichissantes et je ne suis plus à l’âge où je vais courir le monde. D’ailleurs, cela ne m’intéresse plus.

Vous êtes en pleine forme ! Quel sont vos secrets ? 

J.B.: Je suis quelqu’un de raisonnable ! Je ne fais pas tout le temps des folies. Je suis assez stricte dans ma vie. Assez spartiate. Et j’essaye de garder la santé. D’abord, parce que c’est fondamental mais aussi parce que pour faire ce métier il faut du tonus, de l’énergie. Et un moral d’acier. Je pense que c’est dans mes gênes. Je suis rigoureuse dans tout ce que j’entreprends. Je vais aussi marcher, faire du vélo,… pour me maintenir. Et j’essaye de ne pas trop penser à mon âge. Pour moi, la vie est faite pour être vécue. Il faut avancer. Et la remplir.  

Pourquoi doit-on venir vous voir dans « la Dame à la camionnette » ?

J.B.: C’est un monstre ce personnage. Et j’adore les monstres (rires)! Elle est complètement folle. Mais surtout parce que nous formons une équipe de comédiens et de techniciens extrêmement soudés, sous la baguette d’Alain Leempoel. C’est un spectacle à la fois passionnant et original. Une pièce dont les anglais ont le secret. Je pense que ça vaut vraiment le déplacement !

La Dame à la Camionnette 

Londres, début des années 70, le dramaturge Alan Bennett s’installe à Camden Town et voit débarquer une vieille dame en guenilles qui semble habiter dans sa camionnette. Elle lui demande si elle peut garer son « van » devant sa maison pour quelques semaines… cela va durer quinze ans. Et c’est une histoire vraie. Des années pendant lesquelles l’écrivain tente de percer le mystère de cette femme, autoritaire et capricieuse, qui n’épargne rien ni personne. Dans le monde de Miss Sheperd, la musique est une souffrance, la Vierge Marie, un secours, et la persécution des bonnes âmes charitables, un hobby ! Néanmoins attachante, elle devient une figure du quartier. Entre disputes, extravagances et situations drolatiques, La Dame à la camionnette croque avec humanité et humour, les travers de la société britannique contemporaine… et la nôtre ?

PHOTO ©Mireille Roobaert

Jacqueline Bir dans « La Dame à la camionnette », une pièce de A. Bennett adaptée et mise en scène par Alain Leempoel, au Théâtre Wolubilis du 29 septembre au 9 octobre mais aussi partout en Belgique jusqu’au 20 novembre.


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