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Le ciné-réalité : une nouvelle génération de films engagés

Le 7e Art entrerait-il dans une nouvelle ère ? À cheval entre le documentaire et le thriller, les grands films de demain ont une conscience politique et un sens aigu de l’engagement. Petit à petit, ils envahissent le grand écran pour gagner le cœur du grand public.

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Un film « coup de poing »

Triplement récompensé et largement ovationné à Cannes, « Capharnaüm » raconte le périple de Zain, un garçon de 12 ans qui décide d’intenter un procès à ses parents pour l’avoir mis au monde (alors qu’ils n’étaient pas capables de l’élever convenablement, ne serait-ce qu’en lui donnant de l’amour !). « Le combat de cet enfant maltraité, dont les parents n’ont pas été à la hauteur de leur rôle, résonne en quelque sorte comme le cri de tous les négligés par notre système, une plainte universelle à travers des yeux candides… », explique Nadine Labaki, la réalisatrice de ce manifeste poignant. « Je suis profondément idéaliste dans la mesure où je crois au pouvoir du cinéma. Je suis convaincue que le cinéma peut sinon changer les choses, au moins ouvrir un débat ou inviter à la réflexion ». En braquant les projecteurs sur l’envers du décor de Beyrouth, la talentueuse libanaise nous plonge dans un film-réalité qui ne laisse pas insensible.

Capharnaüm, de Nadine Labaki, actuellement en salle.

La femme, la vie, la liberté

 Le 3 août 2014, dans les montagnes du Sinjar au nord de l’Irak, les troupes de Daech déferlent sur tout le territoire de la minorité yézidie. Les rares témoins font état d’un génocide – des centaines de corps jonchent la montagne, des fosses communes sont creusées. Les femmes et enfants sont emmenés à Tal Afar, Mossoul et même à Raqqa. Les femmes et les fillettes sont regroupées, puis distribuées et utilisées comme marchandises sexuelles, mariées de force, torturées, vendues comme esclaves ; les petits garçons sont eux regroupés dans des écoles pour djihadistes, où on leur apprend à tuer dès l’âge de trois ans. S’ensuivent deux ans d’horreur, de captivité, d’évasions, de tentatives désespérées… Au Kurdistan, Bahar, commandante du bataillon « Les Filles du Soleil », se prépare à libérer sa ville des mains des hommes en noir, avec l’espoir de retrouver son fils. Une journaliste française, Mathilde, vient couvrir l’offensive et témoigner de l’histoire de ces guerrières d’exception. Depuis que leur vie a basculé, toutes se battent pour la même cause : la femme, la vie, la liberté. Un film de guerre qui rentre dans les cœurs et dans les têtes.

Les filles du Soleil, d’Eva Usson, en salle le 2 janvier.   

Descente dans les ténèbres  

Après le « Fils de Saul », l’une des grandes révélations du Festival de Cannes en 2016 (et l’Oscar du Meilleur Film étranger en 2017), László Nemes revient avec « Sunset ». Un film mystérieux qui dépeint subtilement l’agonie de l’Empire austro-hongrois et les prémonitions anxiogènes d’avant-guerre à travers le regard d’une jeune femme venue chercher un meilleur avenir à Budapest. Les longues prises de vue, des gros plans persistants, une caméra immersive qui laisse peu de place aux événements hors champ, des dialogues murmurés (comme si les personnages détenaient un secret), viennent renforcer l’intrigue tout au long de l’histoire. Ce procédé, qui signe désormais le style caractéristique du réalisateur, enfonce le spectateur dans un cauchemar lucide où il devine plus qu’il ne voit… Mais ressent tout, intensément.

Sunset, de László Nemes, en salle le 6 mars.

 

 Copyright de l’image à la une (film Capharnaüm) : Fares Sokhon


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