femmes de plus de 50 ans

Mettre les femmes de plus de 50 ans dans la lumière

La Belge Sandrine Alouf expose ses photos tout en glamour et humour de femmes de plus de 50 ans à Uccle. Pour leur rendre une place centrale et contester joyeusement leur invisibilité.

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Souvent « invisibilisées » dans le paysage médiatique (sauf dans votre magazine préféré), « les femmes de plus de 50 ans représentent près d’une femme sur deux dans la population, alors qu’en 2021, seulement 7% des rôles du cinéma français leur ont été attribués… », s’insurge la photographe, artiste, designer d’hôtels en France et à l’étranger Sandrine Alouf. Âgée de 51 ans, la Belge installée à Paris propose à Uccle une exposition photos où elle met dans la lumière, avec humour et glamour, des femmes de 50, 60 ou 70 ans, dans des contextes inspirés de shootings de mode. Une forme de contestation joyeuse et positive de l’invisibilité des femmes de plus de 50 ans.

« Au cours d’une discussion à bâtons rompus avec un publicitaire à qui je demandais pourquoi on utilisait des femmes très jeunes pour vanter les mérites de produits antirides, il m’a répondu que c’était parce que les femmes plus âgées ne sont pas séduisantes ni désirables », se souvient Sandrine Alouf. « Et ce n’était même pas de l’humour. Cela m’a énervée et comme je suis une artiste habituée à m’exprimer via des tas de médias, j’ai décidé de lui répondre en réalisant trois shootings de femmes de plus de 55 ans magnifiques, parodiant des images publicitaires réalisées avec des femmes jeunes. J’ai posté ces images sur mon compte Instagram et j’ai été noyée de messages de femmes de cette tranche d’âge témoignant des injustices qu’elles traversent au quotidien. Je me suis demandée que faire avec toutes ces réactions et cela m’a donné l’idée de monter mon projet ‘C’est pas demain la vieille’. C’était il y a un an et demi et cela a transformé ma vie, ma vision des choses, cela m’a permis de rencontrer des femmes incroyables, que j’ai photographiées. J’ai découvert aussi la sororité, l’entraide authentique entre les femmes. »

femmes de plus de 50 ans

(c) Sandrine Alouf

Des femmes mûres inspirantes

Vieillir est un privilège. On l’oublie trop souvent. « Mais si on n’a pas de référent de femmes de plus de 55 ans inspirantes, on ne peut pas se projeter », pointe encore l’artiste. « Mon projet attire beaucoup de jeunes femmes également, entre 28 et 40 ans, qui ont hyper peur de vieillir et qui viennent me voir à la galerie à laquelle j’expose à Paris. Cette invisibilité est néfaste pour la jeunesse. Pour elle, quelqu’un de 60 ans est quelqu’un de très âgé. Or cette génération de femmes dans la soixantaine a été la première à être libre de tout ou à peu près tout : choisir ou non de faire un enfant grâce à la pilule, travailler, ouvrir un compte en banque sans leur mari, vivre seule, refaire un autre métier aujourd’hui… »
Dans notre monde de l’image, des écrans omniprésents et des filtres, les jeunes femmes sont bombardées d’injonctions difficiles à vivre. « On se doit de leur montrer que vieillir n’est pas une tare. À 50 ans, on est mieux dans son corps et sa peau qu’à 20 ans. On se connaît, on est moins dans le regard de l’autre, on est moins dans le diktat. »

femmes de plus de 50 ans

(c) Sandrine Alouf

Envie de participer au shooting photo ?

Les femmes qui souhaitent participer et être photographiées par Sandrine Alouf peuvent prendre contact avec elle. « Je leur demande de m’envoyer une photo avec leur âge, leur taille de vêtement. Je leur renvoie une photo de mode qui va être notre référence, dont on va faire la parodie. Si elles acceptent, je cherche tous les éléments contextuels pour créer l’image parfaite, assistée par un ami maquilleur/coiffeur. Et après, je ne retouche pas les images, puisque c’est le but du projet. Le jour J, j’ai pu observer avec joie qu’à chaque fois, elles ne font que rire. Elles jouent un rôle pour créer la photo, donc on est dans le registre du lâcher-prise. Souvent, après avoir été mises dans la lumière, elles sont comme révélées, prennent confiance et osent davantage. C’est dingue. Tout cela me donne envie de faire un documentaire… » To be continued.

Expo ‘C’est pas demain la vieille’. Du 17 mars au 2 avril à la Maison des Arts d’Uccle (102, rue du Doyenné). Du mercredi au vendredi de 11 à 19 h. Samedi de 10 à 19 h. Dimanche de 10 à 15 h. Des débats et conférences vont être organisés pendant la durée de l’exposition. Instagram : @cestpasdemainlavieille et @sandrineatmospheriste. Email : info@cestpasdemainlavieille.com.

 

Photos Sandrine Alouf.


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