Wim Delvoye

Wim Delvoye : l’autre Maître flamand

Les Musées Royaux des Beaux Arts de Bruxelles exposent Wim Delvoye. Une monographie qui entend défaire l’artiste de certains préjugés. Explications avec Pierre-Yves Desaive, commissaire de cette exposition-événement.

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Quel a été le prétexte à la mise en place de cette exposition ?

Pierre-Yves Desaive. « Faut-il un prétexte pour faire une expo ? Je dirais plutôt que c’est dans la continuité des grandes expositions monographiques dédiées à des artistes contemporaines comme Andres Serrano (en 2016, NDLR), Jan Fabre (en 2018, NDLR)… des artistes importants au niveau international, qui sont présents dans les grandes collections et les musées du monde entier. Pour Delvoye, les MRBA n’avaient jamais exposé un tel panorama de son œuvre.

En 2014, une exposition lui a été consacrée à Moscou, au musée Pouchkine, un endroit très académique, dans l’esprit ‘étudiants en art’. Ses œuvres étaient intégrées dans les œuvres du musée Pouchkine, ce qui est une manière intéressante de montrer son travail. Il y a donc deux grands volets à cette exposition. Le premier est la rencontre avec les collections du Musée d’Art ancien. Le deuxième est une présentation plus ‘classique’ des œuvres de l’artiste dans les espaces d’exposition temporaire.

Wim delvoye

Les amateurs de Delvoye pourront en profiter pour visiter les collections d’art ancien et inversement… Cette rencontre entre ancien et contemporain donne aussi la possibilité de découvrir l’artiste sous ses différentes facettes. Wim Delvoye a les pieds profondément ancrés dans le passé, tant dans son travail que de manière personnelle. L’expo retranscrit ainsi la personnalité profonde de l’artiste et de l’homme. »

Comment avez-vous construit cette exposition ? Comment s’est passé le travail avec Wim Delvoye ?

« Wim Delvoye est très attentif à la manière dont son œuvre est présentée et peut être perçue. Rien qu’en regardant ses catalogues, on voit cette volonté (les catalogues d’expositions précédentes ont ainsi des couvertures savamment pensées, jusqu’à la couleur sur la tranche, NDLR). Il veut faire passer une idée.

Travailler avec un artiste comme lui, nécessite une vraie collaboration. Dans ma première sélection, je voulais montrer énormément de choses, lui voulait épurer. Ce fut difficile pour moi, en tant que commissaire car on veut donner beaucoup de choses au public tandis que l’artiste, lui, veut éviter la surcharge. Nous avons donc travaillé sur un terrain d’entente pour le choix des pièces et la scénographie. »

Comment l’exposition est-elle mise en scène ?

« La scénographie est sobre et en même temps spectaculaire. On a voulu créer un univers dans lequel les visiteurs sont invités à pénétrer. La visite se compose de deux expériences radicales, complémentaires. Pour la partie dédiée aux expos temporaires, tous les murs sont peints en noir, avec un éclairage directionnel sur les œuvres.

Ce sont des espaces dans lesquels l’architecture particulière du bâtiment disparaît pour mettre les œuvres en valeur. Les salles d’art ancien sont très différentes car c’est là que se passe la rencontre entre les œuvres de Wim Delvoye et celles des grands maîtres de l’art ancien. J’ai voulu une lecture au-delà de ce qui est trop souvent dit sur Wim Delvoye, et qui est réducteur.Ce n’est pas un artiste de la provocation. »

Wim Delvoye

« J’ai voulu une lecture au-delà de ce qui est trop souvent dit sur l’œuvre de Wim Delvoye et qui est réducteur. » Pierre-Yves Desaive.

Des oeuvres inédites

Parmi les pièces exposées, certaines ont été imaginées tout spécialement pour cette exposition à Bruxelles. Il s’agit de deux œuvres qui réalisent la synthèse entre l’ancien et le contemporain, Transpositions de deux sculptures des collections du XIXe siècle présentes au Musée. La première, « Le dénicheur d’aigle » de Jeff Lambeaux, est un bronze monumental; la deuxième, plus intimiste, est « La Dans » de Raoul Larche, issue de la collection Gillion Crowet. Wim Delvoye les a réinterprétées en un Twisted Work impressionnant.

A découvrir également, les bas reliefs, montrés pour la première fois en Belgique. Des œuvres en marbre particulièrement intéressantes car le matériau n’a pratiquement jamais été utilisé par l’artiste.

 

 

Wim Delvoye au Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, jusqu’au 21 juillet.

www.fine-arts-museum.be

 


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