A Koksijde, Paul Delvaux et George Grard « en toute amitié »

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On connaît très bien le peintre surréaliste Paul Delvaux mais beaucoup moins le sculpteur George Grard. A Koksijde, ce dernier vient d’entrer, en exposé permanent, dans le tout nouveau centre d’art « Ten Bogaerde ».

Par Pierre Wiame

life-magazineC’est une ancienne mais belle histoire belge, parce qu’elle a autrefois réuni deux grands artistes wallons dans le plat pays, à quelques encablures de leur muse commune : la mer du Nord et ses lumières. Le célèbre Paul Delvaux, qui a vu le jour près de Huy, et le moins connu George Grard, natif de Tournai, n’ont pas servi les mêmes arts. Le premier a exécuté des tableaux surréalistes reconnus du monde entier. Le second a façonné dans le plâtre des femmes sculpturales, monumentales, toutes fatales. Ces deux maîtres cultivaient une vive amitié nourrie d’une même fascination pour les courbes du corps féminin. Ils se sont rencontrés à Saint-Idesbald, où Grard a vécu plus de 50 ans, dans une maison de pêcheurs pleine de l’âme de la mer. Et ils sont morts à quelques années d’intervalle, laissant à la postérité des souvenirs émouvants et de nombreuses traces de leur passage ici-bas.

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Si vous vous rendez cet été à Koksijde, ne manquez pas de visiter deux lieux majeurs d’exposition abritant les œuvres de ces deux grands amis. D’abord au musée Paul Delvaux de Saint-Idesbald, dans une maison typique considérablement agrandie pour contenir la féconde activité créatrice de ce maître du surréalisme. Ensuite, à quelques kilomètres de là, au tout nouveau centre d’art « Ten Bogaerde », une ancienne dépendance de l’abbaye cistercienne des Dunes remontant au 12e siècle. Entièrement restaurée par la commune de Koksijde, la vieille grange abritera un centre d’art flambant neuf, qui ouvrira le 1er juillet prochain.

Des pierres sauvages

life-magazineGrard, qui avait déjà son musée à Gijverinkhove (où trônent ses œuvres monumentales), aura désormais son exposition permanente sur le site « Ten Bogaerde ». Pourquoi Koksijde déroule-t-elle la poésie de la mer à un Tournaisien ? Parce qu’il y est considéré comme l’un des plus grands sculpteurs belges mais aussi et surtout parce qu’il fut l’une des chevilles ouvrières d’un mouvement artistique connu sous le nom d’Ecole de Saint-Idesbald. Celle-ci naquit dans la maison de George Grard. A l’origine dédiée aux pêcheurs, elle accueille pendant l’entre-deux-guerres tant d’artistes bavards, prolifiques et joyeux qu’il s’en dégage une énergie incroyablement créatrice. Dans cette maison de vacances, les artistes tapent la boule, boivent des coups et voguent avec ivresse sur une même vague. Le jeu et le travail y sont mêlés de manière quasi organique. C’est qu’il faut se soutenir comme on peut face au grand vide. C’est qu’il faut vivre aussi, pleinement, dans l’urgence, en rendez-vous permanent avec l’horizon, à genoux devant les envoûtantes lumières de la mer du Nord.

A « Ten Bogaerde », dans un pli de dune et de vieilles pierres, George Grard sera l’exposé permanent dans une première exposition temporaire baptisée « Les pierres sauvages » et réservée à des créateurs engagés, aux œuvres brutes, austères et minimalistes.

Exposition ouverte tous les jours, sauf le lundi et le mardi, de 10 à 17 h.
Accessible du 1er juillet au 31 août 2016.
Le site cistercien de l’abbaye des Dunes, située Ten Bogaerdelaan à Koksijde, accueille aussi un restaurant gastronomique ouvert le week-end.
cultuur@koksijde.be



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