Cela parait un peu court comme titre, mais sans vouloir me défausser, ce n’est pas de moi, mais bien d’Apollinaire…
Par Eric Boschman
L’origine exacte du mot cocktail est un peu perdue, mais il se pourrait qu’elle vienne des plumes de coq que l’on aurait utilisées au XIXᵉ siècle pour mélanger les alcools. Se non è vero è bello.
Le barman
a fait place au mixologiste, car le renouveau exige une novlangue appropriée, le cocktail n’est plus destiné à être bu simplement, mais bien à être raconté, disséqué, analysé. Pour ce faire il ne doit plus être bêtement un gin-tonic, mais une composition de gins, de tonics et d’ingrédients plus originaux les uns que les autres. L’alcool n’est plus juste une boisson alcoolisée, c’est le composant d’un glissement progressif vers le plaisir.
Le monde du cocktail a beau s’agiter dans une modernité réinventée chaque jour, le monde du mélange, de la « mixologie », ne date pas d’hier, c’est le moins que l’on puisse dire.
Le cocktail a ses personnages, ses mythes, ses légendes
A travers le XXe siècle, les figures de proue se sont succédées, de James Bond au plus célèbre des premiers ministres britanniques, en passant par « papa » Hemingway qui porterait à lui seul la paternité d’une belle série de combinaison. Ian Fleming, le père spiritueux du célèbre 007, avait fixé les règles de consommation essentiellement à deux produits. Du champagne, parce que c’est le côté vieille Europe élégante et quelques cocktails pour le côté anglo-saxon. Au niveau de son cocktail favori, dans sa première aventure écrite, Casino Royale en 1953, il précise au cours d’une partie de poker, qu’il souhaite un Vesper, création totale de l’espion en smoking. Ce n’est que plus tard que viendra la légende du Dry Martini. Sachez que le nom de cette créature vient de la contraction de West Berlin et fait référence à son statut d’agent double. Lors de la sortie de la seconde version de Casino Royale en 2006, le succès du cocktail a été tel que le fabricant bordelais de Lillet a été complètement débordé et en rupture importante de stock. Ce qui est assez plaisant, dans ce jeu de piste permanent qu’est une aventure de Bond, c’est qu’il préfère la Vodka russe. Alors qu’à l’époque, ce monde situé de l’autre côté du rideau de fer était l’Ennemi endémique de l’anglais.
Il y a des palanquées d’histoires liées aux cocktails, à une époque où la gastronomie s’adressait à des gens cultivés et où il était courant d’honorer un bon client d’un lieu en nommant un plat ou une préparation d’après lui.
Il en va ainsi du Negroni, cocktail aujourd’hui mondialement célèbre et de retour sur les tables des mixologistes les plus éduqués. Il a été créé à Florence en 1919 au café « Casoni ». Le comte Camillo Negroni avait l’habitude d’y déguster un Americano. Mais comme dans toutes les meilleures histoires d’amour, un jour, l’ennui s’installa et pour varier un peu les positions, il demanda à Fosco Scarelli, le barman de l’endroit de doper l’apéritif en utilisant les mêmes ingrédients en se passant de l’eau gazeuse et en ajoutant du gin. De proche en proche, la contamination fut immédiate. Le reste n’est que litre et ratures…
Un dernier cocktail historique pour la route, histoire de bien commencer l’été : le Bellini. Créé par Guiseppe Cipriani au mythique Harri’s Bar de Venise en 1948, il doit son nom au compositeur local Giovanni Bellini. Mais, en plus d’être un cocktail extraordinaire, c’est son inventeur qui est un des Dieux du Panthéon des amoureux de mélange. Le Harry’s Bar est un endroit chargé d’histoire, les plus grandes figures de l’après-guerre se sont pressées dans ce petit endroit sombre aux grandes banquettes pour déguster l’un ou l’autre cocktail ainsi qu’une recette de renommée universelle : le carpaccio. Comme quoi, depuis bien longtemps, cocktails et fine bouche vont de pair.
Les grandes tendances en ce moment sont…
Hors le retour du gin tel un tsunami qui n’en finirait pas de faire sa vague avec des créations quasi quotidiennes de produits, la disparition des whiskies jeunes, du moins de la mention de leur âge, l’apparition d’alcools de niche, des choses au look particulier que l’on ne boit pas seul, mais en cocktail. Surtout en cocktail. Même le champagne s’y met, Veuve Clicquot, la célébrissime maison rémoise se lance dans la création de vin travaillé pour être présenté en cocktails. Le Rich vient de sortir et il devrait faire le bonheur des fiestas estivales.
Et si le Sgroppino était le carton de l’été ? Ce cocktail digestif, originaire du nord-est de l’Italie, comme son nom l’indique, est une véritable tuerie l’air de rien. Il y a quelques siècles, le Sgropin était l’autre nom du sorbet. Au XVIᵉ siècle, le cuisinier d’une riche famille de la région vénitienne, aurait mis au point la fameuse recette, histoire de rincer la bouche des convives entre deux plats, un genre de Colonel des temps anciens. Aujourd’hui, il est plus consommé comme un digestif et va faire fureur, c’est certain, dans les prochains mois.
Pour se nommer « cocktail »
Un mélange doit compter au moins trois éléments, c’est essentiel. Les recettes des cocktails ne sont pas toutes fixées dans le bronze. Certes, il y a des classiques, des incontournables, des mélanges hors normes tels le Gin Fizz, le Manhattan, les Sours qu’ils soient piscos ou whiskies… Mais les cocktails offrent des possibilités infinies de saveurs et de textures, à vous de laisser libre cours à votre imagination en matière de préparations culinaires. Un dernier conseil avant de démarrer, commencez toujours vos mélanges par les marchandises les moins onéreuses, ainsi, si jamais un problème advenait, vous gaspilleriez moins.
Quelques recettes de Cocktails
Sgroppino
10 cl de Prosecco
5 cl de Vodka (que l’on remplacera facilement par une grappa aromatique)
1 boule de sorbet au citron
Versez les trois ingrédients dans un mixer. Mixez quinze à vingt secondes. Servez en flute à champagne avec une feuille de menthe en garniture.
Negroni
2 cl de Campari
2 cl de vermouth rouge (Martini, Cinzano)
2 cl de gin
Des glaçons
Des rondelles d’orange
Versez les ingrédients directement dans le verre sur des glaçons. Mélanger légèrement et servir accompagné d’une rondelle d’orange.
Gimlet
6 cl de dry gin
3 cl de jus de citron
1 pincée de sucre
Des glaçons
Dans un verre contenant quelques glaçons, verser tous les ingrédients. Filtrer au-dessus d’un verre à Martini et garnir d’un quartier de lime.
Thé-Rich
1 bouteille de Veuve Clicquot Rich
Des glaçons
Des feuilles de thé
Placez 5 glaçons dans un grand verre à vin. Placez des feuilles de thé dans un passe-thé.
Versez le Veuve Clicquot Rich frais sur les feuilles de thé. Le thé, infusé à froid, apportera une touche de fraîcheur et fera ressortir les notes florales de Veuve Clicquot Rich. Le thé à la bergamote, comme l’Earl Grey, conférera une élégance toute particulière au vin.
Original Bacardi Mojito
5 cl de Bacardi Superior
De la menthe fraîche
Du citron vert
Du sucre
De la glace pilée
De l’eau pétillante
Ecrasez dans un verre un demi-citron vert coupé en quartiers, ainsi que 2 cuillères de sucre. Ajoutez 10 feuilles de menthe et pressez à nouveau doucement afin de libérer tous les arômes. Ajoutez la moitié de la glace pilée, 5 cl de Bacardi Superior et mélangez le tout. Remplissez le verre avec le reste de la glace pilée et ajoutez un nuage d’eau pétillante et décorez d’une branche de menthe.
Daiquiri
5 cl de rhum
2,5 cl de jus de citron vert
Du sucre
De la glace pilée
Des glaçons
Refroidissez un verre à cocktail en le remplissant de glace pilée, versez le jus de citron vert dans un shaker et ajoutez 2 cuillères à café de sucre raffiné. Ajoutez le rhum et remplissez le shaker de glaçons jusqu’au bord de glaçons. Agitez vigoureusement. Retirez les glaçons du verre à cocktail et versez le cocktail dans le verre à l’aide d’une passoire. Décorez avec une rondelle de citron vert.
Pina Colada
5 cl de rhum blanc
4 cl de jus d’ananas
4 cl de crème de coco
De la glace pilée
Une tranche d’ananas
Versez le rhum dans un mixer et ajoutez le jus d’ananas, la crème de coco et la glace pilée. Mélangez les ingrédients jusqu’à obtenir un mélange onctueux. Versez le tout dans un verre long drink et décorez avec une tranche d’ananas ou quelques feuilles d’ananas.
Hug
2 cl de liqueur de sureau St-Germain
12 cl de Martini Prosecco
Des glaçons
Une branche de menthe
Remplissez un verre à vin de glaçons et ajoutez la liqueur de sureau St-Germain.
Ajoutez le Martini Prosecco, mélangez et achevez avec une petite branche de menthe.
Bellini
1 bouteille de Prosecco
4 pêches bien mûres
2 citrons
10 cl de sirop de sucre de canne
Découpez les pêches épluchées en petits morceaux, mettez-les dans le mixeur avec le sirop de sucre et le jus des citrons et mixez le tout de sorte à obtenir une purée. Pressez la purée à travers un tamis. Remplissez chaque verre (flûte) d’un tiers de jus de pêche, ajoutez-y du Martini Prosecco et mélangez si vous le souhaitez.
Conseil :
Préparez le jus de pêche à l’avance et laissez-le refroidir au réfrigérateur. Délicieusement frais, les Bellini seront ainsi prêts en un clin d’œil.
Vesper
1 bouteille de Gin
1 bouteille de Vodka
1 bouteille de Lillet
Versez 3 mesures de Gin, 1 mesure de vodka, 1/2 mesure de Lillet (un vermouth français) dans un shaker et servez frappé avec un zeste de citron twisté et deux olives sur une pique.