Clint Eastwood

Clint Eastwood, dernier des géants d’Hollywood

Avec la sortie de La Mule, Clint Eastwood, 88 ans, confirme que le mot retraite ne figure pas dans son dictionnaire. Son film est le premier dans lequel il se trouve devant la caméra depuis Gran Torino. Portrait d’une légende typiquement made in USA.

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Avec La Mule, Clint Eastwood fait durer le plaisir de jouer

La Mule (2018, de et avec Clint Eastwood. 1h 55)

Drame biographique basé sur la vie de Leo Sharp. Quasiment ruiné, le vieux Earl Stone accepte un boulot pour tenter de s’en sortir. Mauvais père, mauvais mari, il n’a pas le choix. Il lui suffit de servir de chauffeur. Mais sans le savoir, le voilà devenu une mule, un passeur de drogue au service d’un cartel. Et surveillé à la fois par les flics et les membres du cartel.
Un road-movie qui alterne moments dramatiques et plus drôles. On ne peut qu’apprécier le jeu de l’acteur, plus cabotin que jamais. Un film testament ? C’est mal connaître Eastwood.

Si Clint Eastwood a, depuis des décennies, acquis sa place (bien méritée) au panthéon du 7e art, ses débuts furent loin d’être glorieux avec de nombreuses figurations dans des séries Z. C’est un rôle dans un feuilleton western, Rawhide, qui lui mettra le pied à l’étrier. Intelligent, c’est en observant le travail des professionnels que le jeune Clint Eastwood se familiarisera avec la réalisation. Tâche qu’il mettra en pratique tout au long de sa carrière, avec des films devenus des classiques du cinéma. Comme Mystic River, Josey Wales, Impitoyable…
Mais ce n’est pas de Hollywood qu’est venue la consécration, mais bien d’Europe avec trois westerns signés Sergio Leone : Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus et Le bon la brute et le truand.

Qualifié dans les années 70 de réac très à droite, Clint Eastwood a longtemps fait face aux attaques de la critique cinématographique à cause de certains de ses films, dans lesquels les critiques voyaient une apologie de la violence. Comme dans la saga policière articulée autour de l’inspecteur Harry Callahan. Un flic violent qui prend plaisir à faire entendre raison aux truands à coup de Smith et Wesson.

Des attaques qui passeront de mode après la sortie de films plus intimistes, plus puissants. Comme Pale Rider ou Bird, superbe biographie du musicien Charlie Parker.

Si la star s’est amusée à diversifier les genres abordés dans ses films, du policier au western en passant par la comédie, tous ses films sont reliés par un fil rouge : des êtres tourmentés dépeints à la manière d’un film documentaire. Et La Mule ne fait pas exception.
Adoré par le grand public, Clint Eastwood fait également l’unanimité au sein de ses pairs. Comment ne pas partager ces propos tenus par Donald Sutherland (partenaire d’Eastwood dans Kelly’s Heroes et Space Cowboys) : « Si Clint vous appelle et vous demande de jouer dans son film pour cent mille dollars, vous lui demandez deux semaines pour réunir les cent mille dollars. »

Des goûts éclectiques et une passion du cinéma

La Mule sera-t-elle son testament cinématographique ? Ce serait mal connaître l’homme. Comme le souligne Steven Spielberg ; « Clint, malgré son âge, a toujours la capacité de créer la surprise, et ce en partie parce que ses goûts sont éclectiques. » Sa filmographie est là pour en témoigner et seuls des ennuis de santé pourraient lui faire céder la main.
Dans son film Le Maître de guerre, Eastwood a cette réplique qui lui va comme un gant : « je voudrais que la fin soit aussi bien que le début. »


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