Marie Siska : une affaire de familles

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Stefan Dossche, le petit-fils, nous parle de cette affaire de famille qui, de génération en génération, nous accueille dans la convivialité. Ses délicieuses gaufres ont encore de beaux jours devant elles… 

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Est-il vrai que Marie Siska est classé ?
Effectivement ! Ma mère est décédée il y a deux ans et la commune craignait que ma famille souhaite vendre l’affaire pour un projet immobilier. Mais en fait, il n’en a jamais été question. En 1987 déjà, mon père avait décidé d’assurer la pérennité de Marie Siska en créant une société anonyme et en y intégrant l’établissement. A l’époque, j’avais déjà acheté une bonne partie des actions et après le décès de ma mère nous avons, avec mon épouse Nathalie, racheté le solde à la famille.

Vous êtes donc convaincu de la poursuite des activités, même si cela représente un gros investissement ?
Nous en sommes bien conscients, mais c’est un investissement pour l’avenir. Car notre fille unique, Marie-Julie, souhaite continuer l’aventure, et c’est un choix judicieux.

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En quoi consiste ce classement ?
La destination des lieux doit rester l’horeca. Des extensions restent possibles, en hauteur ou en sous-sol. Et les voisins ne peuvent pas s’opposer à notre activité. Mais nous avons des voisins sympas et les relations sont bonnes. A ce jour, nous n’avons jamais eu de problème.

Donc, ce classement vous satisfait ?
Oui, car cela signifie que le travail de mes prédécesseurs peut être poursuivi. C’est assez désolant que les autres Siska aient disparu, même si cela ne dépendait pas d’une volonté familiale.

Pour nous, Marie Siska est loin d’être un fardeau. Nous mettons tout notre cœur et notre énergie dans cette affaire, et elle nous le rend bien. Notre vie est passionnante. Les clients sont toujours là et apprécient que nous aussi sommes toujours là !
Il y a eu un peu d’affolement du côté de la Zoutelaan quand l’avis de classement a été affiché, mais nous avons pu nous expliquer.

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Avez-vous des nouveaux projets ?
Bien sûr, si on n’avance pas, on recule. Cette année, des investissements seront réalisés au niveau de la plaine de jeux. Avec un tout nouveau bateau de pirates alors que « The Mission to Mars » sera entièrement rénové avec de nouveaux toboggans et devient « The Mission to Saturn » avec son propre centre de contrôle. Et puis nous améliorons constamment une foule de petites choses dans le souci du confort de nos clients.

Nous avons l’impression qu’il y a beaucoup de passion dans ce que vous faites.
C’est le cas, mais cela doit être ainsi. Si vous ne voyez que le côté commercial d’une telle affaire, vous ne tiendrez que quelques années. Je dois tout de même admettre qu’il m’arrive parfois d’être saturé et d’avoir envie de jeter l’éponge. Mais le lendemain tout est oublié.

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Quels sont les atouts de Marie Siska ?
Ils sont nombreux. Le fait de pouvoir venir en famille : la carte satisfait petits et grands, c’est devenu une tradition d’y venir de génération en génération. Une situation unique au Zoute. Le jardin et la plaine de jeux, le parking gratuit, et bien d’autres mais essentiellement… les gaufres Siska ! Cela reste le must !

L’établissement est considéré comme une institution du Zoute. Vous en êtes fier ?
Bien sûr ! Même si comme dit le proverbe, aux grandes portes battent les grands vents. Etre adulé par beaucoup, vilipendé par d’autres, c’est la rançon de la gloire. L’agent de quartier me disait encore récemment « c’est incroyable le nombre de gens qui me demandent encore tous les jours le chemin pour aller chez Marie Siska ». Il est vrai que tous les jours nous accueillons encore de nouveaux clients et que certains jours, c’est plein à craquer. Ce qui ne va pas sans causer certains désagréments. C’est pourquoi, depuis l’an dernier, nous avons décidé de fermer les portes quand le restaurant est complet et de réguler les entrées en fonction des places disponibles. Ce n’est pas évident de devoir agir de la sorte, mais c’est au bénéfice de la clientèle.

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Mais vous pourriez vous agrandir ?
Oui, ce serait possible, mais nous avons déjà 1.050 places assises et j’estime que c’est plus qu’assez. Et puis ce n’est pas complet tous les jours. Si vous venez en semaine, en mai, juin ou septembre, c’est le paradis. C’est aussi la meilleure époque pour visiter Knokke et venir chez nous. Aussi nous préférons continuer à travailler sur les bases actuelles.

Vous avez aussi un petit hôtel ?
C’est la perle cachée de Marie Siska. Sept chambres de 1 à 5 personnes, au-dessus du restaurant. Les familles avec enfants apprécient. Nous proposons un magnifique buffet petit-déjeuner et les enfants profitent de la plaine de jeux pour eux tout seuls jusqu’à midi, heure à laquelle nous ouvrons le restaurant.

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Que pensez-vous de l’évolution de Knokke ?
C’est déjà une très bonne chose qu’il y ait évolution. Le secteur immobilier a connu de belles années et se tasse quelque peu. Les nouvelles constructions sont tout à fait dans l’air du temps mais il faut veiller à ne pas trop construire. Nous avons besoin d’entrepreneurs qui proposent des nouveautés. Des bars branchés, des infrastructures de loisirs et l’un ou l’autre hôtel 5 étoiles. Il y a de très belles formules et réalisations sur la plage. Nous avons à nouveau une piscine et, avec le projet Duinenwater, de très nombreuses infrastructures voient le jour.

N’avez-vous pas la nostalgie du Zoute d’avant ?
L’époque du « Swimming Pool », du manège, des autres Siska, de la place Albert, la Barque à Jack, la transformation de la place Albert… ? Mes clients m’en parlent souvent. Mais rien n’est éternel et de nouvelles choses remplacent les anciennes. Je ne crois pas que le « Swimming Pool » ait pu longtemps résister aux nouvelles normes ni qu’il y ait encore autant d’adeptes d’équitation. Si je reprends la carte de Siska d’il y a 30 ans, les plats ont beaucoup changé. C’est donc le signe que le public change aussi.

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Cette époque ne vous manque donc pas ?
Ce qui me manque, ces sont mes parents… Ils étaient un exemple et il m’arrive d’avoir la nostalgie de cette vie d’enfant insouciante. Mais il faut vivre dans le présent et regarder vers le futur !

Comment voyez-vous l’avenir de Marie-Julie, votre fille ?
Elle est déjà impliquée depuis quelques années. Elle est un doux mélange de son père et de sa mère avec en plus, des traits de caractère de ma mère qui était une femme brillante.

Son ami est également restaurateur et ils s’entendent très bien, ce qui est primordial. Marie-Julie reprendra l’affaire dans le même esprit que le nôtre, consciente qu’il faudra innover, ce qui ne l’effraie absolument pas. Elle a suivi une formation idéale à l’école hôtelière Spermalie puis à l’école Erasmus à Bruxelles. Si nous sommes dans un autre établissement, elle capte tout des moindres trucs et astuces, ce qui est un atout. Elle nous aide déjà beaucoup et pourra pleinement nous remplacer dans quelques années.

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Nous pouvons être rassurés, Marie Siska est donc parti pour de nombreuses années encore ?
Je le pense et je l’espère. C’est un merveilleux établissement qui vous rend ce que vous y donnez. La clientèle est fidèle et nous savons que fermer Marie Siska chagrinerait beaucoup de monde. Et que devrais-je dire à mon personnel, fidèle depuis des années ? Rien qu’imaginer la fin des gaufres les plus célèbres du pays me donne la larme à l’œil… alors, non merci ! La disparition de Marie Siska aurait aussi des répercussions négatives sur le tourisme au Zoute, et personne n’a jamais eu cette intention. Marie Siska, c’est reparti pour 100 ans !


Article « Marie Siska affaire classée! » paru sur le www.gentleman.be


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