POUR VOS FINANCES AUSSI, ROULEZ A L’ECONOMIE

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Pourquoi payer cher ce qui est meilleur marché ailleurs ? Le Belge n’est pas assez mobile

Nous avons tous, collectivement, un horrible défaut : alors que nous vivons dans un pays microscopique et que nous n’avons jamais que quelques kilomètres à faire pour changer notre vie, nous faisons la fine bouche : nous ne sommes pas assez mobiles.

Trajet

Une enquête récente montre que le Belge estime que l’idéal est d’habiter près de son boulot, mais aussi que l’idéal est d’habiter à la campagne. Un peu contradictoire, ça… Les universités pleurent parce que les échanges, qui sont à la base même des grands programmes européens comme Erasmus, ne fonctionnent pas en Belgique. On compte sur les doigts de la main les profs et les chercheurs francophones à la VUB, l’université voisine de l’ULB. Et sur le marché bancaire la preuve a été faite à de multiples reprises qu’arracher un Belge à son institution habituelle c’est quasiment l’écorcher vif. Mais vous, vous n’êtes pas comme ça. Parce que vous savez qu’en matière de finances ce sont les ruisseaux minuscules qui font les rivières majuscules.

7 % de commission

Commission

C’est encore plus vrai aujourd’hui. Dans un hall d’aéroport, votre serviteur a failli tomber du tabouret où il était perché en lisant dans une lettre de placements que pour tel produit d’assurance – mieux vaut taire son nom – les intermédiaires financiers pouvaient demander une commission allant jusqu’à… 7 % ! Alors que les assureurs eux-mêmes font un lobbying d’enfer pour réduire le taux garanti de leurs assurances de groupe. Une commission d’intermédiaire qui peut aller jusqu’à deux ou trois ans de rendement, on croit rêver !

Autre exemple. Telle banque qui a pignon sur rue et dont on taira aussi le nom par charité chrétienne demande 3 % de frais d’entrée sur ce que l’on appelle « les sicav de tiers », c’est-à-dire les sicav dont elle n’est pas le promoteur. Monsieur Untel, qui est tout sauf un débutant, fait des pieds et des mains et parvient, en arguant de son statut de client fidèle et bien dans ses papiers, à ramener ce taux exorbitant à 1,5 %. Mais son directeur d’agence lui dit : « C’est tout ce que je peux faire. Et, surtout, ne le dites à personne… »

Frais réels

La morale de ces histoires, qui ne font que lever un coin du voile, est celle-ci : alors que les taux offerts sur les obligations de l’Etat belge à 10 ans, les fameuses « OLO », sont à un niveau plancher, comment peut-on demander à l’investisseur une commission qui est proche de son rendement annuel, voire deux ou trois fois plus élevée ? Et que dire alors des frais que les institutions financières et leurs représentants prélèvent sur toutes les transactions que peut faire l’homme universel, alors que ces transactions ne nécessitent quasiment plus la moindre intervention humaine ? La réponse à cette question, c’est vous qui devez la donner : « moi aussi, je décide de rouler à l’économie. Je vais là où les frais de transaction sont les moins élevés. Point barre ».

Banques

Prenez les choses à la base. Avez-vous déjà fait le calcul de ce que vous coûte votre compte à vue ? Une enquête de Test Achats (qui révèle au passage que près d’un Belge sur cinq n’a pas changé de banque depuis plus de vingt ans !) montre que les frais de gestion des comptes irritent nos concitoyens – c’est-à-dire vous et moi. Que nous sommes parfaitement conscients du fait que ces frais sont réels, mais que nous sommes incapables d’en donner le montant. Un comble !

Payer sans savoir

Réfléchir

Inutile de vous dire que ce désintérêt constitue une véritable manne financière pour les (grandes) banques puisque, par définition, celui qui paie sans le savoir va continuer à payer. Mais un exemple au moins, sur le marché de l’énergie domestique, montre que parfois les choses peuvent changer. Et qu’à partir de ce moment, endiguer le mouvement tient de la gageure. Depuis quelques années, Electrabel perd des milliers de clients chaque mois et les choses se sont accélérées, au point d’en inquiéter la maison-mère parisienne, GDF Suez.

Ce n’est qu’une manifestation de plus d’un mouvement général : pas de croissance économique, pas de hausse des revenus, baisse des taux d’intérêt et fiscalité en hausse, donc chasse généralisée au gaspi. Partout. Dans l’énergie et la finance comme ailleurs. Comment puis-je faire ?

Un peu de curiosité

Curiosité

Etonnamment, c’est fort simple. Il faut d’abord décider de s’arracher à son confort. Donc d’être mobile – ce qui, comme dit plus haut, est contraire à notre nature. Ensuite il faut procéder à une analyse du marché. Désolé, ça prend un peu de temps, ça demande un peu de curiosité, mais, vous allez le voir, ça vaut le coup. Il ne faut même pas bouger ! Votre PC suffit puisque les institutions financières sont toutes sur internet. Mais certaines y sont davantage que d’autres et il y a suffisamment de sources d’information pour vous aider à débroussailler tout ça.

Sélectionnez les banques qui ne vous comptent pas de frais pour des opérations aussi habituelles que les retraits d’argent, l’utilisation des cartes de paiement, les achats de sicav ou la gestion d’un compte-titres et qui, même, vous rémunèrent lorsque vous faites des virements et vous offrent un taux de 1 % sur votre compte à vue. Ce n’est pas beaucoup, 1 % ? Regardez autour de vous : le taux de base actuel sur compte d’épargne va de 1,15 à 2 %. Qu’est-ce que vous attendez ? Prenez votre fusil à l’eau chaude et faites la chasse au gaspi.



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