Quelle est votre définition des vacances ?

A l’heure des grands départs, les experts s’affrontent, généralement en fonction de qui paye leurs études statistiques. Il suffit qu’un voyagiste exotique finance les tableaux Excel, et voici que les Belges partiraient très loin en vacances, globalement au soleil, sur des plages paradisiaques dont les touristes et les buildings ont été photoshopés. Pourtant, les serveurs des cafés et les instituts de sondages sont formels : la France, terre de découvertes surréalistes s’il en est, et les Ardennes, qui rassemblent pratiquement les 7 royaumes de Games of Thrones à elles seules (Le Royaume du Nord, de la Montagne et du Val, des Rivières et des Collines, du Roc, et des Terres de l’Orage, surtout en août), remportent en réalité tous les suffrages. C’est dire si c’est une drôle d’idée de se compliquer la vie en cherchant l’aventure à perpète ou à Papeete, quand on a des cabanes perchées dans les arbres, avec frigo à champagne, tout près de chez soi, en pleine campagne.

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Les vacances les plus simples sont celles où l’on bulle le plus clairement

Si le propos des vacances est de se reposer le corps et l’esprit, il faudrait commencer par arrêter de s’épuiser le planisphère à se prouver qu’on peut avoir la plus grosse (valise), et réserver d’urgence notre billet en Flemmardie. Une contrée oubliée depuis le temps de nos jolies colonies de vacances, un désert en friche depuis qu’on s’est abonné à des sites de vente de voyages de luxe à conditions discounts. Vous me direz : « on a besoin de soleil ». Je vous réponds : « on a besoin de sommeil ». La pression d’exponentielle performance nous plombe assez l’agenda toute l’année, il n’y aurait aucune culpabilité mal placée à se régaler de ce qu’on a à portée de main, ou éventuellement à quelques coudées de train – mais pas en France, pour le coup, il vaut mieux en rire que décoller.

Qui n’a jamais eu la mâchoire décrochée en visitant une expo au coin de la rue, qui n’a pas retrouvé son souffle en n’allant pas au musée, pour se planquer dans l’herbe avec un bon bouquin ? D’autant qu’il faut relancer l’industrie du livre, sinon on se retrouvera bientôt à caler les pieds du canapé avec des tablettes numériques. Voyager léger dans ses effets, c’est décompresser lourd dans sa tête, et trouver tout près ce qu’on était allé chercher là-bas. C’est bon pour la planète, et pour le capital jeunesse de notre peau. Moins d’ensoleillement, plus d’émerveillement. Cet été, cultivons la paresse, c’est du lâcher-prise qui poussera.


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