Les vacances les plus simples sont celles où l’on bulle le plus clairement
Si le propos des vacances est de se reposer le corps et l’esprit, il faudrait commencer par arrêter de s’épuiser le planisphère à se prouver qu’on peut avoir la plus grosse (valise), et réserver d’urgence notre billet en Flemmardie. Une contrée oubliée depuis le temps de nos jolies colonies de vacances, un désert en friche depuis qu’on s’est abonné à des sites de vente de voyages de luxe à conditions discounts. Vous me direz : « on a besoin de soleil ». Je vous réponds : « on a besoin de sommeil ». La pression d’exponentielle performance nous plombe assez l’agenda toute l’année, il n’y aurait aucune culpabilité mal placée à se régaler de ce qu’on a à portée de main, ou éventuellement à quelques coudées de train – mais pas en France, pour le coup, il vaut mieux en rire que décoller.
Qui n’a jamais eu la mâchoire décrochée en visitant une expo au coin de la rue, qui n’a pas retrouvé son souffle en n’allant pas au musée, pour se planquer dans l’herbe avec un bon bouquin ? D’autant qu’il faut relancer l’industrie du livre, sinon on se retrouvera bientôt à caler les pieds du canapé avec des tablettes numériques. Voyager léger dans ses effets, c’est décompresser lourd dans sa tête, et trouver tout près ce qu’on était allé chercher là-bas. C’est bon pour la planète, et pour le capital jeunesse de notre peau. Moins d’ensoleillement, plus d’émerveillement. Cet été, cultivons la paresse, c’est du lâcher-prise qui poussera.