Les bons plans gastronomiques d’Eric Boschman

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Des restaurants pour bien vivre l’automne…

par Eric Boschman 

Le domaine Château du Faucon

Vos vacances sont déjà terminées ou elles sont pour dans quelques semaines ? J’ai un bon plan week-end pour vous, dépaysant à souhait, et à un jet de pierre de la maison. Même pas besoin d’un avion low cost ou d’un train maxi cost, c’est vraiment à côté de la porte.

life-magazineLes beautés ardennaises ne se limitent pas à nos frontières vous le saviez déjà. De L’Eiffel aux Ardennes françaises, les grandes forêts, les étendues de prairies vallonnées à perte de vue, mouchetées de vaches et d’églises en pierres grises s’étendent à perte de vue. Ça grimpe, ça descend, le ciel joue allégrement son Vivaldi quadrisaisonnier en une journée, il y a de l’air, ça brasse ; on saute les rivières, l’histoire sourd de chaque recoin ; bref, vous êtes en Ardennes. Quand les feuilles mortes vont se rammasser à la pelle, tu vois je ne vais pas oublier, les forets flambent de mille couleurs et c’est encore plus le bonheur que d’habitude. Non loin de Bouillon, mais du côté français, se nichent quelques pépites. Région étonnante, car vraiment peu développée au niveau touristique, elle mérite votre visite pour son authenticité, sa fraîcheur et sa gastronomie. Si vous avez envie de calme sans hordes de touristes en tong, vareuses footeuses diverses et variées, sans les fumets délicats des kebabs et autres « Krokantes krokettes », j’ai un coin romantique pour vous. Un endroit où les ballades sans but se terminent au coin d’un bar cosy, dans le confort douillet d’une chambre aux murs tendus de soieries, à l’ancienne. Un lieu qui ouvre l’appétit, parce que bon, hein, on ne va pas se laisser aller, ce serait trop bête. Christophe Quentin, le chef de la maison mise une belle partie de sa carte sur les produits locaux. Du boudin de Rethel au foie gras d’un éleveur proche en passant par les fromages de la Meuse, tout ou presque vient du coin. Le service, tant de l’hôtel que du restaurant est précis, rapide, souriant, bon enfant mais attentif aux détails. Bref, c’est un joli coin de paradis que voici. Et puis, c’est une belle histoire que le propriétaire, monsieur Robin, se fera une joie de vous conter par le menu. L’histoire d’une propriété qu’un enfant du pays n’a pas voulu voir partir en ruines ou en lotissements divers et variés. Juste un détail, évitez les samedis soir, car souvent, des gens choisissent de se marier là, et, ma foi, un mariage cela peut-être bruyant. Moins qu’un divorce, certes, mais quand même.

Domaine Château du Faucon.
Rue de l’atelier, 08350 Donchery, France.
Tél : +33 3 24 41 87 83
www.domaine-chateaufaucon.com

Le Cor de Chasse

life-magazine-2Weris, son site mégalithique, un des plus beaux villages de Wallonie, voir du Royaume et carrément du monde. Bon, là, je suis peut-être dans l’exagération. Mais à peine. Si vous ne connaissez pas encore, c’est le moment de s’agiter, non pas qu’il risque de fondre sous la pluie automnale, mais bien parce qu’a force d’en parler, il va recevoir plus de monde. C’est la rançon de la gloire. Si, à la beauté naturelle du site, vous ajoutez une magnifique table, un de ces endroits où l’on a envie d’habiter pour le reste de son âge, alors ce sera la folaïe ! C’est ici que l’on joue une des plus belles partitions de Cor de toutes les forets environnantes. Mario Elias, fait partie de ces chefs dont on ne parle pas assez. Il faut dire qu’il cultive sa cuisine et ses clients avant ses relations publiques. En tandem, aux côtés de son épouse, ils ont fait de cette magnifique bâtisse un nid, une référence en matière d’accueil et de confort. Les chambres, spacieuses, invitent à la rêverie. Si en plus vous logez dans le cadre d’une « formule », vous vous rendez compte qu’elles coutent une croûte de pain. Mais personne n’est obligé d’y loger. Vous pouvez simplement vous attabler pour un repas dans la grande salle lumineuse du restaurant. Le menu découverte à 55 euros est d’un rapport prix/plaisirs pratiquement imbattable. Le seul bémol à mes yeux se situe dans l’énoncé des plats. Moi, ces machins séparés par des / / me semblent déjà tellement datés qu’ils gâchent un peu le talent de l’équipe. Mais c’est juste pour dire quelque chose hein. Sinon vous allez croire que je ne passe que la brosse à reluire. Bref, découvrez cette perle de la province à l’ardeur d’avance sans vous inquiéter de la route, c’est le bonheur.

Le Cor de Chasse
Rue des Combattants 16, 6940 Wéris
Tél :086/21 14 98
www.lecordechasse.be

L’Atelier de Bossimé

Franchement, ce n’est pas parce que c’est l’automne qu’il faut se condamner aux pizzas médiocres et autres Tsadsikis hors de prix dans les sites touristiques où il ne fait pas bon s’attabler pour tenter d’oublier que l’hiver est à nos portes. C’est justement le moment de prendre le temps de découvrir une adresse hors du commun qui n’explosera pas le budget de trois générations.

life-magazine3Ne vous fiez pas au bourdonnement ambiant, oui, l’endroit est un « spot » gastronomique, et bon nombre de pseudos « connaisseurs » de la gastronomie se vantent de l’avoir « fait ». On s’en fout, Ludovic et son équipe sont loin, très loin de ces snobismes. Ici, on est avec les deux pieds sur terre, dans la terre, même. L’Atelier de Bossimé, c’est une des cuisines les plus véritablement originales de la jeune génération belge. Une cuisine rafraîchissante, réellement originale, sans tatouage ni piercing de bon aloi. Sans afféterie, sans postures modeuses à la con, juste pour le plaisir de se faire plaisir en donnant du plaisir. Bon, d’accord, il y a quelques vins natures à la carte, c’est l’époque qui veut ça, mais ne vous fermez pas d’office, le sommelier connaît son job et n’est pas du genre à vous prendre de haut si vous n’êtes pas un adepte de la nouvelle religion. Une fois encore, ce qui compte c’est le plaisir, le goût, les saveurs, pas les étiquettes. Avec un lunch à partir de 23€ et un menu a partir de 38€ en soirée, franchement, il serait bien con de ne pas s’arrêter ici. Ne vous fiez pas a l’apparence « Pouponne » du chef, il sait son métier sur le bout des doigts tel un vieux briscard. Même s’il n’a pas encore trente ans. C’est justement, sa force, il est plein de vie, de fougue, et d’intelligence. Un talent hors du commun. Bref, vous avez compris, ne pas vous y rendre serait une grosse erreur. Allez, reservez !

L’Atelier de Bossimé Rue Bossimé 2B, 5101 Loyers.
Tél :0478 13 71 25
www.atelierdebossime.be

Une renaissance

life-magazine4Il y a de nombreuses années que cet hôtel de l’avenue Louise vivotte, passant des mains d’un chef à celles d’un chef, tous plus ou moins talentueux, avec pour résultat de ne pas vraiment fonctionner. Il fallait que cela change et cela semble être chose faite. Avec Gaëtan Colin pour donner le cap et Benjamin Masson à la barre, c’est reparti pour de bon. Et pas que dans l’idée et la communication. La carte est simple, noooooooooon n’espérez pas que j’écrive un truc genre « centrée vers le produit » ou une quelconque phrase vide de sens du même genre. On le sait tous que les chefs privilégient le produit, cela fait un demi-siècle que du plus humble au plus prétentieux, ils se réfugient tous derrière ce salmigondis tautologique qui, dés l’origine, ne signifiait rien. Non, Benjamin et Gaëtan se font plaisir, ils sont généreux ; c’est la qualité fondamentale d’un chef sinon on s’emmerde vite dans l’assiette entre les taches de sauce et les légumes à oublier une fois encore. En salle, car il n’y a pas de bons restaurants sans un bon service, on aurait tendance a trop souvent l’oublier, Line délivre un service souriant, efficace et précis le midi qui devrait vite transformer le lieu discret et cossu en incontournable au moins pour le lunch qui est d’un raport prix/plaisir imbattable. Ajoutez à cela un parking souterrain gratuit et une terrasse digne de ce nom sans camions ni trams à proximité et vous n’aurez aucun raison valable pour ne pas y aller séance tenante.

« The Avenue », à l’Hôtel Barsey by Warwick
Avenue Louise 381, 1050 Bruxelles
+32 (0)2 646 36 54
www.the-avenue.be

Les beaux pas assez connus

life-magazine5Il est de ces chefs que l’on croise régulièrement, que l’on apprécie humainement et dont personne ne parle assez à mon goût. C’est le cas de Fabrizzio Chirico ; un talent grand comme ça dans des murs un peu trop modestes pour lui. Il faut dire que comme toujours nul n’est prophète en son pays, et que dans la région d’un Charleroi en pleine renaissance, ils ne sont pas nombreux à se battre pour choper la lumière. Longtemps un peu éparpillés dans différents restaurants, les Chirico, mari et femme, se sont recentrés sur leur camp de base d’où ils proposent une partition à deux cerveaux qui vaut son pesant de cacahuètes. Lui aux fourneaux virevolte entre les saveurs subtiles et les consistances sans affectation prétentieuse, l’homme aime les cuissons justes, les plats compréhensibles et équilibrés, pas les excès et les délires chichiteux du temps. Elle ouvre, goûte et regoûte encore des vins venus de tous les horizons, sans sectarisme, sans a priori, et elle les marie avec talents aux plats qu’il propose. C’est remarquable. Les vins sont surprenants, les combinaisons équilibrées avec comme ligne de conduite l’élégance et la finesse. C’est suffisamment rare pour être mis en exergue. Si vous apprenez qu’en plus le lunch est à 25€ et que le premier menu est à 48€, voilà l’adresse à ne pas louper cet été dans ce pays noir qui est décidément fort vert !

Le délice du jour
Chaussée de Philippeville 195, 6280 Gerpinnes
071 21 93 43
www.le-delicedujour.be

Un chemin

life-magazine6J’aime les femmes un peu mystérieuses, celles qui cachent l’essentiel et ne montrent que ce que tout le monde peut percevoir. Il en va de même pour les restaurants. Ceux qui font bling bling sont souvent moins sexy que ceux où il faut prendre le temps de se poser, pas pour annoncer à un aéropage d’amis qu’on l’a « fait », mais bien pour y manger tout simplement. Pris en sandwich entre une ligne de chemin de fer et la sortie d’une école, il serait facile de se dire que pour une terrasse, c’est po gagné. On pourrait, certes, mais ce serait une connerie. Car s’il est dans le passage, ce restaurant est aussi un passage, un chemin vers une forme de sérénité. Ici, on prend le temps, on se laisse aller, et le train qui passe une fois de temps en temps, ben oui, toutes les grèves ont une fin un jour, n’est qu’un signal du temps qui passe. Ne comptez pas sur Pierre Duqué et Rocky Renaud pour faire les pages people des magazines ou user les tapis des salles de sport à la mode en compagnie d’un coach qui va canaliser leurs énergies. C’est pas le genre de la maison. Ici, le chef est dans sa cuisine dés Potron-Minet et y reste jusqu’à l’extinction des feux. Il en va de même du boss. N’attendez pas non plus les colliers de fleurs et le doux murmure des Ukulélés, vous êtes ici pour manger, pour déguster, pas pour vous faire papouiller. Et j’aime ça. Lors de mon passage, le ris de veau aux morilles était juste parfait. Sans autre mot. La carte des vins est classique et de bon aloi, et, en plus, a des prix plutôt raisonnables dans le genre. Ne cherchez pas, ce n’est pas un endroit à la mode, il n’en a pas besoin, c’est un restaurant, un lieu où l’on se rend pour passer un bon moment, pas pour se montrer.

Le Passage
Avenue Jean et Pierre Carsoel 17, 1180 Uccle
02 374 66 94
www.lepassage.be

Allez dis…

life-magazine7Oui, je sais, ce n’est pas un « vrai » restaurant au même titre que ceux où l’on picore deux tranches de betterave en chipolati brolique, pas non plus une de ces néo-brasseries qui se disent détentrices d’une authentique authenticité qui s’exprime au gré des cartes photocopiées les unes sur les autres. Non, il s’agit d’un endroit qui est là depuis le temps où les dinosaures étaient encore en noir et blanc, où le franc était belge et où j’avais un 4L ; c’est dire. On n’y va pas pour se vanter d’y avoir été, on y va en famille parce que l’on a envie d’un p’ti repas tranquille, on y va parce que l’on est pas Crésus ou un de ses cousins. On y va parce que c’est chaleureux, bruyant, que le service est parfois approximatif mais toujours, toujours souriant. La carte n’a pas de prétention, des classiques, des trucs un peu plus « originaux », mais de quoi qu’il s’agisse, on joue la portion honnête, les saveurs plutôt justes et les cuissons correctes. Bref, ce n’est peut-être pas là que vous fêterez vos vingt cinq ans de mariage, mais c’est là que votre fille ou votre fils pourront se rendre pour son premier rendez-vous amoureux un peu sérieux. Et puis, comble de bonheur, il y a moyen de se trouver à l’extérieur sans être mouillable. C’est déjà un truc énorme, allez-y, vous m’en direz les nouvelles.

L’Amusoir
121 chaussée de Bruxelles à 1410 Waterloo
02/354.82. 33
www.lamusoir.be


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