En été, les occasions de se séparer des enfants abondent. Les enfants sont en effet appelés à vivre des expériences loin de leurs parents. Les camps et stages de vacances, les séjours chez les grands-parents ou chez les petits copains, autant de moments qui demandent de gérer l’absence et la distance. « Et, remarque Diane Drory, psychanalyste, c’est parfois pour les parents (et les grands-parents!) que c’est le plus dur ! »…
Par Martine Dory
Au moment de se quitter, la séparation est parfois déchirante. C’est comme si le parent avait besoin d’être rassuré sur l’amour que son enfant lui porte. Message reçu puisqu’en miroir, l’enfant pleure très, très fort, comme si, inconsciemment, il s’adaptait à ce que son parent attend de lui. Mais de voir son parent si triste de le voir partir peut aussi l’angoisser…
Attention aux départs « aller-retour » !
Il y a des parents qui ont tellement de difficulté à se séparer des enfants qu’ils ne cessent d’aller et venir entre le moment de l’aurevoir et les multiples bisous et recommandations qui ne manquent pas de suivre. Et l’enfant ? Ces aller-retour l’inquiètent plus qu’ils ne le rassurent. C’est comme si de ne pas être près de papa/maman était dangereux.
L’apprentissage progressif de l’autonomie
Se séparer des enfants sont pourtant de belles occasions d’apprivoiser l’autonomie. Le but, rappelons-le, de toute éducation ! N’empêche, pour certains enfants, c’est une réelle épreuve de quitter la maison. Et cela se manifeste par des pleurs, des cauchemars quelques jours avant, des « je n’ai pas envie d’y aller »… C’est là que le parent, au lieu de se laisser contaminer par la peur de l’enfant, peut répondre de façon adéquate. Pas question de nier cette peur.
La reconnaître d’abord et puis manifester à son enfant la confiance en ses capacités. « Je vois bien que tu as peur mais je sais aussi que tu peux faire face. Et je sais aussi que tu vas vivre des expériences passionnantes ! ». Au parent aussi de cibler l’offre en fonction du tempérament de l’enfant.
Jamais sans mon cordon !
Lui donner un Gsm pour lui permettre de téléphoner « quand ça ne va pas », c’est d’emblée nier qu’il a en lui des ressources pour faire face aux moments de spleen. On ne lui permet pas de sauter l’obstacle mais de le contourner, attaché à une laisse… C’est au détriment de la fierté de grandir ! Et c’est le maintenir dans un état de dépendance.
Confiance !
Un mot clé qui s’adresse tant à l’enfant qu’à ceux qui le prennent en charge hors contexte familial. On a tendance aujourd’hui à croire que l’enfant est en danger dès qu’il quitte le champ du regard parental. Ajustons cette distance. Une façon d’accepter que son enfant vive des expériences en-dehors de lui. L’œil de Moscou parental empêche de vivre !
Là encore, c’est au fil des différentes séparations, qui mènent de la toute petite enfance à l’adolescence, que la confiance va progressivement s’installer. En relâchant subtilement le lien qui attache le parent à son enfant. A celui-ci d’intérioriser progressivement un œil intérieur qui le guide au fil des expériences. Quand le lien est trop serré, on n’est plus libre de ses mouvements. Un étranglement doux mais bien réel…
A lire:
L’autonomie : Conseils et astuces au quotidien de Madeleine Deny
Des conseils pour aider les parents à accompagner positivement et durablement leur enfant sur le chemin de l’autonomie. (Editions Nathan, 2009)
Article paru dans le Psychologies
www.psychologies.com