Mon petit-enfant est toujours dans la lune !

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Dans notre société de compétition, il n’est pas bon d’être étiqueté « rêveur ». Pour ses proches, c’est l’inquiétude. Que va-t-il devenir ? Pourtant, se réjouit Diane Drory, psychologue, quelle chance d’avoir un petit-enfant rêveur ! Une belle qualité qui n’est pas donnée à tout le monde. Mais encore faut-il distinguer deux sortes de rêveurs. Et même trois…

Par Martine Dory

Il est toujours distrait ?

Il perd tout, oublie tout. Il faut tout lui rappeler. C’est usant pour les parents ! En fait, cet enfant n’habite ni son corps ni sa vie. Il s’agit souvent d’un enfant pour qui l’on a toujours tout fait. Qui a plus été considéré comme un « objet » (de soins) que comme sujet, un être de désir avec une identité propre. Il ne se sent donc pas responsable de sa vie. Comment l’aider à sortir de cet état ? En commençant par lui donner de petites responsabilités au quotidien. Par exemple, s’il a oublié son pique-nique, on évitera de courir à l’école pour le lui apporter mais on le laissera trouver sa propre solution. Pas de panique, il ne se laissera pas mourir de faim !

Il y a aussi l’enfant poète

Qui inquiète ses parents, surtout si c’est un garçon. Il n’entre pas dans le moule. Il ne s’intéresse pas aux sports, comme les autres garçons de son âge, mais peut rester des heures à observer des fourmis. Il préfère être ailleurs, dans un monde imaginaire. C’est un enfant qui a le don de mettre une aura autour des choses. C’est précieux. Une qualité qu’il est bon de reconnaître. Même si, bien sûr, il ne faut pas gommer les réalités qu’il a à assumer dans sa vie quotidienne. Et le mettre face à ses responsabilités dans une réalité qui le concerne. Comme à l’école.

Et puis, on pourrait encore évoquer l’enfant entre deux.

Celui qui, en classe, ne suit pas. Il n’est pas intéressé par les cours. Cet enfant-là peut être habité par une question récurrente telle « Suis-je responsable du divorce de mes parents ? » ou « Papa est tellement nerveux. Peut-être ne m’aime-t-il pas comme je suis ? » ou « Mes parents n’auraient-ils pas préféré une fille ? »… Cette question le remplit tellement qu’il n’y a pas de place pour autre chose. Exit donc la concentration pour les matières scolaires. Toutes les questions affectives autour de la mort, la vie, l’amour doivent pouvoir trouver réponses. Il est essentiel qu’il puisse se repérer à travers ces trois thématiques. Tous les enfants se les posent. Si l’une de ces questions reste trop ouverte, la scolarité en souffre. Il faut dire aussi que l’enfant s’imagine parfois des choses qui n’ont aucun écho dans la réalité de ses parents. D’où l’importance de dégager du temps et de l’attention pour entrer en relation. Les choses de la vie sont les meilleures entrées pour amorcer le dialogue : son désir de devenir alpiniste, un grand-père mort autour de sa naissance, la perte d’emploi du papa, le chat écrasé par une voiture… « Tu sauras quand tu seras grand » ? A proscrire !

En tant que grand-parent, on peut aussi reconnaître que l’on n’a pas réponse à tout et que certaines questions restent ouvertes. C’est tout bénéfice pour l’enfant qui ne sent pas seul dans son questionnement. Et une bonne façon de débloquer son parcours scolaire.


A lire
« Frédéric »
Frédéric est un petit mulot poète qui, lors des grands froids, réchauffera les autres par la force de son imaginaire et trouvera sa place dans sa famille. Un livre à savourer avec son enfant rêveur !


Article paru dans le Psychologies
www.psychologies.com


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