Quelques mots pour redécouvrir un spiritueux que nous avons une fâcheuse tendance à oublier… pour ne plus l’avoir goûté depuis (trop) longtemps.
En dégustation
En fait, cela fait très longtemps que le cognac s’en est allé vivre sa vie loin de nos rivages enchantés. A l’horizon, l’aube de la naissance des whiskies « Pur Malt ». Puis, phénomène classique de désamour, lorsque les Japonais se sont lassés et ont découvert quelques autres sources de bonheur, le marché s’est tassé.
Heureusement, le marché américain s’est ouvert au cognac grâce aux rappeurs. Ces maisons séculaires développent un certain art de vivre à la « française. Les lieux de réception font dans l’élégance exceptionnelle, les mets sont fins, les éléments de décoration de haute qualité. Mais le cognac n’est pas le champagne, et donc c’est plus complexe à gérer.
Agité, pas secoué. Ou l’inverse.
Le cognac ne se vend pas qu’Outre-Atlantique, et en Chine par bateaux entiers, on en trouve encore chez nous, et même du bon. Celui dont il est question confine tout simplement au sublime, on est dans l’exceptionnel et pas vraiment dans le genre que l’on additionne d’eau ou de soda. D’ailleurs, pour retrouver une clientèle plus jeune, il faut passer par le cocktail, c’est comme ça. Certes, c’est une mode, mais c’est aussi un phénomène cyclique, il semblerait même qu’à l’époque où l’on découvrait les cocktails, le cognac ait été un élément de base de l’un ou l’autre hit du moment. La genèse du célèbre Mojito semblerait passer par une composition à base de cognac. D’ailleurs, ayant, au péril de mon foie, expérimenté l’un ou l’autre cocktail à base de cognac, je peux vous avouer la satisfaction intégrale de mes papilles.
L’histoire, toujours l’Histoire
L’un de mes derniers voyages m’a conduit au Château de Bagnolet, une résidence merveilleuse nichée au bord d’un bras paresseux de la Charente. Comment vous expliquer -en quelques mots- le plaisir d’être en ces murs qui racontent l’histoire de la famille Hennessy depuis des siècles ? Sachez que le cognac n’est pas vraiment cognac avant d’avoir séjourné sérieusement dans des barriques de chêne…
Paradis, le temps en bouteille
La cuvée « Paradis » est un must. En fait, dans les caves de la région, le Paradis est la cave où sont stockées les rares eaux de vie, celles qui font la race et l’essence des grands cognacs. Chez Hennessy, en nommant cette cuvée « Paradis », l’idée était d’utiliser des eaux de vie rares. M
. Fillioux, le septième du nom, avec l’aide de ses collaborateurs, pose les bases d’un produit hors normes. Comme la bouteille se nomme « Paradis », la cave éponyme a donc changé de nom. C’est pas tout ça, mais il me faut évoquer maintenant les notes subtiles du Paradis. Le Paradis de la maison Hennessy a un côté nirvanesque. On est dans la subtilité, les notes d’agrumes succèdent aux touches de cacao. C’est un peu vanillé, on va vers le caramel au beurre, rien ne brûle en bouche, c’est rond, crémeux, souple. Mais le Paradis a un coût. Comptez quatre cent cinquante de nos beaux euros pour pouvoir le savourer. Ce n’est pas énorme pour ce genre de produit, c’est le prix du bonheur porté à un certain paroxysme.
En vente chez quelques rares très bons cavistes.