De l’alcool et des belges, des alcools belges…

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La nouvelle augmentation des accises sur l’alcool a provoqué, dans le centre du royaume, une augmentation des ventes allant jusqu’à 30 %.

Par Eric Boschman

On pourrait aussi annoncer la réouverture de la route du Luxembourg, celle que l’on empruntait encore il y a une trentaine d’années pour se procurer des alcools nettement moins chers que chez nous. Et si, pour aider les entreprises locales, nous buvions local ? C’est que les marques belges s’imposent vraiment sur le marché ces dernières années, et ce n’est pas cette néo-prohibition taxatoire qui devrait mettre un coup d’arrêt à l’embellie. Du moins il faut l’espérer.

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L’histoire des alcools made in chez nous remonte à l’arrivée de l’Alambic, au retour des croisades. Car il s’agit d’une invention arabe, que le montpelliérain Arnaud de Villeneuve améliorera. Il sera d’ailleurs le premier européen à distiller de l’alcool, à la fin du XIIIᵉ siècle.
Les alcools belges historiques les plus connus sont, bien entendu, les genièvres. Qui, par un bel effet de l’histoire, redéferlent sur nos contrées par l’entremise du Tsunami « Gin Tonic », même si cette vague est bien plus imposante au Nord du pays. Vous semblez surpris par le lien entre Gin et Genièvre ? Pourtant, l’origine est très commune : il s’agit d’une boisson à base de grain, parfois aromatisée à coup de baies de genévrier, consommée par les pêcheurs de la mer du Nord, des deux côtés de la Manche. Cela donnera le fameux Peket de Wallonie, qui n’est jamais que du genièvre nommé autrement. Vous suivez ? Il semblerait que ce soit l’accession au trône de Grande Bretagne d’un prince d’Orange-Nassau qui ait créé la différenciation entre les deux boissons.
Depuis plus ou moins cinq ans, le cœur de la Flandre palpite au rythme des sorties, presque hebdomadaires, d’un nouveau Gin. Mais la Wallonie n’est pas en reste. Pour le plaisir des papilles en voici trois, très différents, qui valent largement le déplacement.

Forest Dry Gin

Un produit 100 % élaboré en Belgique, même les bouteilles sont faites dans le royaume, créé à l’instigation de deux Anversois dont le célèbre sommelier Jurgen Lijcops, (patron du restaurant/bar à vins The Glorious). Les gins se déclinent en quatre saisons, donc quatre types très différents. Puis viennent quelques cuvées particulières, telle Valentine, en édition limitée, et aromatisés par une macération de pétales de rose. Depuis peu, il existe aussi un vermouth « Forest » histoire de pouvoir élaborer des cocktails encore plus hors normes. Même si, à mon sens, la finesse et l’excellence du produit permettent une dégustation sans artifices, juste sur glace. On le trouve surtout chez les cavistes. www.forest-spirits.com

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Copperhead : c’est l’histoire du serpent du Caducée, cette fameuse vipère cuivrée. C’est aussi l’histoire d’un pharmacien belge, qui, en 2013 se prend de passion pour le gin et ses aspects pharmaceutiques. Il se lance dans l’élaboration d’un classique London Dry Gin avec une macération de plantes bio. Cet hiver Yvan Vindevogel s’est fait plaisir et a créé le « Dark side of Gin », le Copperhead Black Batch, une cuvée dans laquelle il a ajouté des baies de sureau et du thé noir de Ceylan. Les possibilités sont immenses en matière de combinaison pour les gins de qualité, et ce n’est qu’un début… La cuvée spéciale est en vente chez les cavistes et dans les magasins spécialisés au prix de 39 € pour 50 cl. www.copperhead.be

Le gin de la distillerie de Biercée

Longtemps somnolente, la magnifique distillerie thudinienne s’est réveillée – et de quelle manière – depuis quelques années. Les créations succèdent aux créations, et, il faut le reconnaître, le succès commercial est au rendez-vous. Lorsqu’il est question de Gin, celui de Biercée fait mieux que tenir la route. Enfin, celui de Biercée, pour être précis il faudrait écrire ceux de Biercée. Il y a deux cuvées, Pierre Gérard et Christophe Mulatin se sont fait vraiment plaisir. La première est on ne peut plus classique, elle est vendue sous un emballage noir. La seconde est vendue sous un emballage mauve. Autres ingrédients, autre produit, même si c’est toujours du Gin. Superbement bien distillé, le produit est bâti tout en finesse. Bref, rien à envier à personne, un produit hautement qualitatif suffisamment rare pour qu’on le souligne. www.distilleriedebiercee.be

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Mais le monde qui vibre et bouge dans les bars ne se contente pas de Gin, loin s’en faut, notre petit royaume s’est fait aussi terre de whiskies.
Si la palme d’or revient sans conteste à Etienne Bouillon, une des stars mondiales du produit, avec sa production connue sous le nom de The Belgian Owl, à Feixhe-le-Haut-Clocher, le peloton des poursuivants est dense, avec des fortunes diverses. La Distillerie de Biercée, encore elle, a frappé fort cet été avec sa première production de Rye Whisky, 100 % à base de seigle bio en provenance de Belgique. Avec une précommande de 3.200 bouteilles et plus de 400 inscrits pour la première dégustation, on peut sans crainte affirmer que l’on s’est bousculé au portillon pour découvrir cette œuvre d’orfèvre signée par les deux compères distillateurs.

En Flandre aussi 

Ca bouge fort au niveau du whisky. Le whisky belge Goldlys Family Reserve, Belgian Single Estate Whisky, vient de prendre un peu d’altitude et passe à la vitesse supérieure. Ce whisky belge est originaire des berges de la Lys, surnommée la rivière dorée, ce qui explique du même coup son nom. Pedro Saez Del Burgo, maître-distillateur, a composé ce whisky en mélangeant l’ancienne recette First Fill Bourbon Casks avec son propre Single Malt Whisky vieilli en First Fill Oloroso Sherry Casks. Goldlys est distillé et vieilli à Bachte-Maria-Leerne, un charmant petit village des environs de Gand. En vente dans les grandes surfaces aux environs de 12,70 € pour 70 cl.

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Hormis ces deux monstres des eaux-de-vie, la Belgique est aussi le territoire de magnifiques liqueurs, tels l’Elixir d’Anvers et l’Elixir de Spa. L’une est jaune, l’autre vert pâle, les deux sont élaborées par la même maison qui joue bien le coup du communautaire, jamais loin chez nous et parfois drôle.

Bref, la Belgique est un territoire riche en créations bibitives, il suffit de retourner un caillou, d’ouvrir une porte et une surprise nous attend.


 


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