« Get up, Stand up », l’exposition contestataire au MIMA

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Désobéissance civile

Arrêt sur image lors du parcours. Une vidéo nous apprend que le principe de la désobéissance civile remonte à 1849. En effet, il est né sous la plume d’Henry David Thoreau qui écrivit un essai en se fondant sur son expérience. Mécontent de la politique esclavagiste pratiquée par son gouvernement, il refuse de payer un impôt à l’État américain. En juillet 1846, il est emprisonné. Très vulgairement, on pourrait résumer que l’idée n’est pas une désobéissance bête et aveugle, nuisible et méchante mais un combat pour l’avancée des droits humains. Car nous sommes tous égaux en dignité et en droits. Et ce n’est pas moi qui le dit mais la Déclaration universelle des droits de l’homme signée par 58 États, le 10 décembre 194

Comment des faits donnent naissance à des affiches ?

Le 4 mai 1970 a lieu la fusillade de l’université d’État de Kent dans l’Ohio. La Garde nationale de l’Ohio a tiré à 67 reprises en 13 secondes sur des étudiants qui manifestaient de manière pacifique ; quatre d’entre eux furent tués.

La plupart de ces étudiants manifestaient contre l’intervention américaine au Cambodge, annoncée par le président Richard Nixon le 30 avril 1970, soit quelques jours auparavant.

Rappel de l’Histoire… En 1968, le président Nixon est élu président des États-Unis. Pendant sa campagne et dans son programme, il promet de mettre fin à la guerre du Viêt Nam. Mais en novembre 1969, alors que la guerre se poursuit toujours, la presse révèle l’histoire du massacre de Mỹ Lai (ce massacre perpétré par des soldats américains envers plusieurs centaines de civils vietnamiens dont des femmes, des enfants et des bébés fut qualifié d’un des épisodes les plus choquants de la guerre du Viêt Nam, NDLR). Cette révélation entraîne de vives réactions à travers le monde et une profonde horreur aux États-Unis. Les campagnes contre la guerre s’intensifient et influencent de plus en plus l’opinion publique. L’invasion du Cambodge par l’armée américaine, annoncée en 1970, est perçue par ceux qui avaient espoir que la guerre du Viêt Nam prenne fin rapidement à la fois comme un échec et comme une exacerbation du conflit. Les jeunes étudiants et professeurs sont inquiets du risque d’être appelés à combattre dans une guerre à laquelle ils sont farouchement opposés.

En réponse à la fusillade du 4 mai 1970, une grève et des manifestations impliquant quatre millions d’étudiants américains entraînèrent des centaines d’universités et d’établissements scolaires à fermer à travers tous les États-Unis. Ceci retourna en partie l’opinion publique déjà sensible à la présence militaire des États-Unis au Viêt Nam.

Par ailleurs, quelques jours après le drame ouvrait l’atelier de Berkeley ! Sur le même modèle que l’Atelier populaire des Beaux-Arts parisiens, il sérigraphiait des slogans et dénonçait le drame dont furent victime les étudiants pacifistes.

Frappez les gradés !

Avant ces ateliers et 1968, l’affiche était plutôt considérée comme un objet de décoration. Les étudiants et les artistes qui participent aux mouvements inventent un langage visuel simple et concis, d’une force expressive inédite. Cette exposition n’est pas simple à aborder. Pour décrypter les messages, il faut lire, se souvenir et se laisser bercer par les textes introductifs aux différents chapitres, combats, messages qui ponctuent le parcours. Pour ma part, je l’ai trouvée inspirante et je la conseille vivement à qui veut se secouer un peu l’esprit avant les fêtes. Et puis qui sait, vous aurez peut-être envie de vous défouler sur l’installation historique de Julio Le Parc « Frappez les gradés ». Elle date de 1969 et est présentée au premier étage du MIMA. L’injustice vous démange le poing ? Tant mieux, Julio Le Parc a tout prévu…

« Get up, Stand up ». Jusqu’au 6 janvier au MIMA, Quai du Hainaut 39-41, 1080 Bruxelles.

Envie d’une visitée guidée ? info@arkadia.be – 02 319 45 60

www.mimamuseum.eu


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