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Largo Winch, investisseur d’un monde plus durable

La BD est-elle encore figée dans son classicisme ? Que du contraire. Comme le prouve la série Largo Winch, modernisée, pour répondre aux thématiques du XXIe siècle. En témoigne ce 23e tome, La Frontière de la nuit (éd. Dupuis) riches en surprises.

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Avouez-le fidèles lectrices de la saga : vous craquez pour Largo Winch. Ce beau quadragénaire imaginé par Jean Van Hamme voici plus de quatre décennies. Le fait qu’il soit milliardaire ajoute à son charme, certes, mais sa maturité a quelque chose de rassurant aussi. Sans pourtant lui enlever la fougue de la jeunesse. Il le démontre encore dans son nouvel album (le 23e) La Frontière de la nuit (éd. Dupuis). Dont une version Prestige est sortie en début de mois.

Le milliardaire Largo Winch découvre, enfin, que le monde de l’économie a bien changé depuis les origines de son empire. L’argent n’est plus et ne doit plus être sa seule motivation.
Un constat qu’il découvre au cours d’une visite dans l’une de ses usines indonésiennes. Et dans laquelle il découvre que de nombreux enfants sont exploités pour fournir en abondance les composants pour smartphones. Toute ressemblance avec des éléments véridiques etc.

Le début d’une prise de conscience pour Largo Winch, qui désire réorienter son empire W pour qu’il soit plus durable et éthique. Mais sans pour autant oublier l’importance de ses projets spatiaux. Une vision du monde raillée par deux influenceurs sur les réseaux sociaux, les époux Jarod et Demetria Manskind : « Largo Winch ? Un magnifique gardien de musée de la vieille économie ». Des attaques qui sont le moindre des soucis pour Largo, en partance pour l’espace. Un voyage loin d’être une partie de plaisir face à un ennemi sournois…
Inutile d’en révéler plus, au risque de déflorer une intrigue bien charpentée. Et ancrée dans les thématiques actuelles.

Largo Winch, ce héros du XXIe siècle

Comme le bon vin, le personnage créé par Jean Van Hamme bonifie avec le temps. Puissant et milliardaire, il observe le monde qui évolue, qui change autour de lui. Et n’hésite à pas à quitter sa zone de confort pour franchir des frontières encore infranchissables il y a deux décennies. Pour ce volume, Eric Giacometti au scénario et Philippe Francq au dessin, ont manifestement pris exemple sur deux personnalités innovantes de ce siècle, Richard Branson et Jeff Bezos, pour envoyer leur héros dans l’espace. Ce nouveau théâtre d’exploration révélateur de promesses à tenir. Mais aussi de dangers et de rivalités, sources de conflits qui ne manqueront pas d’alimenter de futurs scénarios de BD.

L’album La Frontière de la nuit, riche en rebondissements, reste caractérisée par son dessin très précis et son coloriage qui rend le graphisme facilement identifiable. Dans son scénario, Eric Giacometti s’est évertué à faire émerger un nouveau capitalisme, plus intègre et soucieux de la réalité économique. Un album qui ravira les technophiles mais également les lecteurs fidèles, qui trouveront tout ce qui fait le sel de la série : du glamour, de l’action, un complot mais aussi un soupçon d’érotisme soft, teinté d’allusion à #MeToo. Comme pour l’économie, le sexe a changé en 30 ans d’aventures de Largo Winch.

Une histoire emballante, même si d’aucuns n’hésiteront pas à lui reprocher un certain moralisme. Un diptyque qui inspire la réflexion, certes, mais aussi et surtout la patience. Celle nécessaire pour attendre novembre 2022 et découvrir l’épilogue de l’histoire dans Le Centile d’or.

Copyright image à la une : Editions Dupuis


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