MIMA, musée 2.0 participatif et collaboratif

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Patrimoine de l’industrie bruxelloise, les anciennes brasseries Belle-Vue, situées le long du canal Bruxelles-Charleroi, se sont offert une cure de jouvence. Elles accueillent depuis peu un ambitieux projet muséal que représente le MIMA, en adéquation avec la culture 2.0. Qu’elles soient plastiques ou musicales, de nombreuses formes d’expressions s’y feront écho pour toucher le plus grand nombre. Bruxelles peut une fois de plus s’enorgueillir d’abriter un nouveau musée et d’être sous les feux des projecteurs. Rencontre avec Michel de Launoit et Raphaël Cruyt afin d’évoquer ce feu d’artifice, micro-révolution culturelle en devenir.

Par Sybille Wallemacq

Ouvrir un musée à Bruxelles ! Quelle belle idée, la culture n’est-elle pas garante de notre liberté ? Pourtant au vu de la conjoncture, le projet ne semble pas aussi évident. Quatre amoureux des arts relèvent cependant le défi et leur rêve prend forme sous les yeux des Bruxellois. A la base du MIMA, on trouve d’un côté les entrepreneurs culturels Florence et Michel de Launoit. De l’autre Alice van den Abeele et Raphaël Cruyt, à la tête d’ALICE Gallery, devenue, en dix ans, incontournable dans le top 100 des « leading figure in urban art ».*

D’où provient le nom MIMA ?

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Raphaël Cruyt : C’est l’acronyme de Millenium Iconoclast Museum of Art. On voulait que le titre manifeste directement notre philosophie…

M pour millenium, marqueur temporel qui souligne notre époque, liée à la révolution connue autour des années 2000, à la fois énergétique – avec le renouvelable (les énergies renouvelables, ndlr) – et les moyens de communication : Internet, les smartphones, etc.

I pour iconoclaste, caractéristique de notre société pour son caractère mobile et transversal dans la culture à travers le décloisonnement des genres (…). Les artistes avancent à travers un ensemble de champs d’expression sans en mettre spécialement un en avant (…). D’ailleurs, notre manière de traiter l’information est iconoclaste : on like, on zappe, on switche…

M pour musée, dans l’esprit de la définition qu’en faisait Alexander Dorner (1895-1957, ndlr) qui fut le directeur du Landesmuseum de Hanovre. Il expliquait que la notion de musée ne doit pas être statique, garante de vérités universelles mais au contraire, une sorte de générateur d’idées, d’énergie.

A pour art, les arts plastiques qui sont la colonne vertébrale de notre programmation mais pas uniquement. A partir des arts plastiques, d’autres domaines créatifs seront invités : la musique, le graphisme, la bande dessinée… On va créer des synergies avec de nombreux domaines.

Expliquez-nous un peu la « culture 2.0 »…

R.C. : Dans la révolution (énergétique et des communications mentionnée plus haut, ndlr), il y a l’internet (…), un outil qui a changé notre façon de penser. (…) Par ailleurs, les valeurs qui à la base étaient celles d’internet sont devenues caractéristiques de cette culture 2.0 : l’esprit collaboratif et participatif. Pour le musée, le récit collectif sur lequel il s’attache sera écrit à l’écoute des communautés intelligentes ; qui sont vous ou moi quand on donne son avis sur internet. Le plus bel exemple, en termes de communauté intelligente, est Wikipédia. Le musée sera donc un récit écrit par tous, c’est un objectif mais également une philosophie.

M. dL : Pour dire cela vulgairement, on aura un musée ouvert, populaire. Les portes seront ouvertes… On ne veut pas que quelqu’un n’ose pas pousser la porte car il ne connaît pas assez ce qui est présenté à l’intérieur.life-magazine01

En quelque sorte, vous voulez casser l’équation : musée = élite… Comment y arriver ?

R.C. : Il y a deux niveaux. La communication plutôt que le discours, avec du visuel et un logo qui permet tout de suite d’identifier, et puis les artistes ; ils ont un passé dans l’espace public, comme artiste urbain, et quand on travaille dans l’espace public, on est habitué à utiliser un langage qui s’adresse à tout le monde, devenant créateur d’empathie spontanée chez le badaud… La barrière sémantique pour le public de se dire : « C’est un musée, je n’y suis pas bienvenu », est quelque chose qui peut être surmonté par la communication visuelle, les activités, l’intervention d’autres domaines créatifs. C’est là que cela devient plus pertinent.

M.dL : On fait un musée qui raconte une histoire dans son ensemble pour le plus grand nombre…

R.C. : Son ADN évoluera avec le public. On n’arrive pas avec une soucoupe volante dans un quartier en disant ça c’est la vérité et on va vous l’enseigner.


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