Bien ancré dans leur veine des films sociaux, Jean-Pierre et Luc Dardenne présentent Tori et Lokita. Un drame axé sur la thématique de la migration africaine. Ce film poignant permet aux cinéastes de rappeler avec force les dérives du monde actuel. Où prônent le retour sur soi et l’édification de barrières entre les peuples. Une œuvre récompensée au dernier Festival de Cannes où les frères Dardenne ont récolté un prix spécial, celui du 75e anniversaire.
Tori et Lokita en bref
Belgique, aujourd’hui. Tori (Pablo Schils) et Lokita (Joely Mbundu), deux adolescents africains débarquent dans le pays et tentent de combler les difficiles conditions de leur exil par leur indéfectible amitié. Si Tori a obtenu des papiers grâce à son statut d’enfant sorcier martyrisé, tel n’est pas le cas pour Lokita, prise dans la toile d’araignée de l’administration. Dans l’attente de papiers, Tori, originaire du Bénin, et Lokita, venue du Cameroun, décident de rester ensemble pour ne pas sombrer.
Mais comment subvenir aux besoins quand les portes ne s’ouvrent pas ? Rejoindre l’économie souterraine, avec tous les risques inhérents à ce monde où les règles n’ont pas lieu. Ensemble, ils enchaînent les petits boulots, entre misère et délinquance. Dans la crainte de perdre leur statut de mineur, qui les protège provisoirement du retour dans leur pays d’accueil.
Un film dédié à l’accueil
Si les jeunes acteurs ne sont pas connus du grand public, cet anonymat résulte de la volonté des cinéastes belges. Celle de ne pas mettre un visage précis sur ce drame de la dérive d’un pays à l’autre de ces jeunes migrants mineurs, en quête d’une terre d’accueil pour connaître un monde meilleur. Une aventure parsemée d’embûches avec des passeurs qui profitent de la détresse de ces gamins et une administration, pour le moins absconse pour qui se trouve au pied du mur. Deux éléments présents au cœur de ce film. Ces deux adolescents n’ont qu’un trésor à partager, leur amitié. Au fil de ce film, le spectateur ne peut manquer de s’interroger sur notre monde où les entraves se font plus nombreuses que les connections entre les peuples.
On ne peut qu’éprouver de l’empathie pour ces deux jeunes. Ballotés dans un monde féroce, à qui ils répondent par leurs sourires, leur résilience.
Comme pour les autres films de la fratrie, on ne quitte pas la salle intact. Le sujet reste en tête longtemps, ravivé par d’autres Tori et Lokita, des visages d’enfants anonymes aperçus le temps d’un reportage en télévision..
Tori et Lokita. Un film de Jean-Pierre et Luc Dardenne. Avec Pablo Schils, Joely Mbundu, Alban Ukaj, Tijmen Govaerts, Charlotte De Bruyne, Nadège Ouedraogo, Marc Zinga. 88 minutes.
Sortie au cinéma le 7 septembre prochain.