un vie de moche

« Une vie de moche » : une BD différente

Réussir à braver la dictature de la beauté féminine. Pousser à s’accepter comme l’on est. Le message bienveillant de cette nouvelle BD, Une vie de moche. Un hommage indirect rendu également à l’âge de la maturité, synonyme de renouveau féminin. Notre coup de cœur.

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Le temps atténue les disgrâces

Voici Guylaine. Difficile situation, quand on a prénom qui rime avec vilaine, que d’accepter un physique jugé ingrat. Moche. Qui ne séduit personne avec ce visage éteint, cette peau pâle, cette absence de poitrine. Le destin terrible d’une femme qui va traîner son mal être de l’adolescence, période cruelle, à la cinquantaine. Sans jamais connaître l’amour. C’est long une vie de femme inutile se dit-elle. « Le nouvel impératif catégorique de la beauté relègue les moches dans les marges, comme les pauvres dans les périphéries des villes. »
L’entrée dans la cinquantaine va lui redonner l’espoir. Comme une sorte de rééquilibrage avec les belles. Qui deviennent, à leur tour, moches. Fanées par l’âge et les aléas de la vie. Pour Guylaine, le fait de dépasser les 50 ans lui offre enfin un cadeau. La voici devenue attirante aux yeux des hommes mûrs. Plus sûre d’elle.

Réalisé par François Bégaudeau au scénario et Cécile Guillard au dessin, Une vie de moche (éd. Marabulles) ressemble à ces carnets intimes rédigés depuis toujours par les adolescentes. C’est touchant, intime. Comment ne pas avoir envie de réconforter Guylaine ? De la rassurer. De l’aimer tout simplement. Une femme qui voit sa cinquantaine bien tassée comme une fin de peine. Une libération pour commencer à vivre, à aimer. Sa souffrance face à la laideur prend fin. Le soleil se lève pour Guylaine.
Le dessin en noir et blanc, avec cette mise en page vivante, délicate, renforce encore davantage le sentiment d’absence qui hante Guylaine depuis des décennies. Pas de tendresse, d’amour, de petit ami, de compliments…
Une BD qui reflète à sa façon l’ingratitude de la nature, qui classe les gens dans deux catégories, les beaux et les moches. Mais qui a les clés pour définir la laideur ? Vaste débat. Une vie de moche souligne également, comme un rappel utile, que la cinquantaine se vit de mieux en mieux. Avec l’avenir en face.

Une vie de moche. Scénario de François Bégaudeau, dessin de Cécile Guillard. Editions Marabulles, 208 pages, 25 euros
Couverture et illustration : éditions Marabulles

 


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