voyage Terre sainte

Voyage lumineux en Terre sainte

Voyage lumineux en Terre sainte… des murs vibrants de Jérusalem au sable doré de Tel Aviv. Et un cliché à rompre : si l’on voit beaucoup de jeunes militaires armés en service, on n’y palpe aucune tension. Le pays est flamboyant et l’atmosphère festive.

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Jérusalem, trois fois sainte

Jérusalem, nous y voilà. La sainte de toutes les saintes, étourdissante parce que tout est parti d’ici. Dans la basilique du Saint-Sépulcre, une foule dense cherche à vouloir toucher le marbre des lieux où Jésus, le prophète et le supplicié, est supposé avoir été crucifié puis déposé après sa mort. Nous sommes étourdis et enivrés par toutes ces histoires tumultueuses, dont ces guerrières Croisades qui en ont fait une cité convoitée car élue au Mystère, un carrefour de civilisations et un berceau des écritures. On demeure saisi par le vertigineux flux de croyances parti d’entre ces pierres et qui a essaimé partout dans le monde, en cathédrales, clochers, mosquées, chefs d’œuvre, traditions et âpres conflits. C’est la cité du commencement, des rois et des califes qui y ont conspiré ou fait commerce avec la guerre, qu’il faut voir une fois dans sa vie et qui évoque l’insoluble conflit israélo-palestinien.

Les touristes-pèlerins viennent y adorer en masse les pierres commémoratives du calvaire de l’enfant fait Roi tandis que des cortèges de religieux, juifs orthodoxes pour la plupart, y pratiquent ardemment leur foi. Jérusalem, c’est la ville de l’alliance entre l’Eternel et le peuple. Que l’on soit ou non croyant, on découvre une mosaïque de prophéties juxtaposées dans cette ville martyrisée par l’Histoire.

De la basilique du Saint Sepulchre au jardin des Oliviers, le voyage dans cette sainte des saintes transpire de la vie du Messie apprise au catéchisme. Nombre de touristes sont aux anges. Plus qu’un voyage, c’est un pèlerinage absolu à travers les lieux mythiques de leur religion. Plus qu’expliquer l’entrelacs des philosophies, notre guide énumère les lieux magiques de ce pays de Moïse et d’Abraham, de Salomon et de David : le lac de Tibériade avec sa pêche miraculeuse, Cana où le vin d’une célèbre noce déborda des jarres, Jéricho et ses 8.000 ans d’histoire où le Christ se mit à l’épreuve pendant 40 jours, etc.

A Jérusalem, capitale (contestée) de l’état d’Israël, rien ne semble trahir la moindre tension. Toutes les confessions ayant un rapport avec le Christ, les originales et celles, nombreuses, issues de schismes, vivent en paix dans une fragile juxtaposition. Les clochers et les minarets s’y toisent pacifiquement, les épices flottent et convolent avec l’encens, les juifs orthodoxes en redingote et chapeau noir croisent des prêtres ou des imams. On a presque peine à croire, dans l’euphorie et la clameur battues par le soleil, que ce pays se fait régulièrement l’écho d’un conflit clivant la planète.

Ce qui fascine, dans cette cité tant de fois troublée par le sang, c’est bien le Mur sur lequel butent toutes les lamentations, aux pierres si volumineuses que leurs interstices se laissent remplir de toutes les prières du monde. S’approcher de ce dernier vestige du temple de Salomon, l’entendre résonner de la foule priant et curieuse, voir briller juste à côté, dans la même carte postale, le dôme du Rocher, sanctuaire doublement sacré pour le judaïsme et l’Islam, éveillent une intense émotion. Des miliciens, la mitraillette à l’épaule, le touchent de la tête en fermant les yeux. Ils posent cet acte de foi en toute liberté, noyés dans le brouhaha, entre des religieux contemplatifs. Le contraste frappe l’esprit.

Pour sentir palpiter Jérusalem, il est intéressant de s’être replongé dans l’histoire de ses épopées, si peu compatibles avec la paix. De se rappeler que ce Mur fondateur développant 57 mètres de long est intimement lié à la guerre des Six Jours, en 1967. Cette année-là, le 7 juin, l’armée israélienne a délivré la muraille antique d’une interdiction d’accès aux juifs depuis une vingtaine d’années. Des habitants de Jérusalem, ce jour-là, en ont pleuré de joie.


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