booster sa carrière

Envie de booster votre carrière ? Voici 3 femmes inspirantes !

Le magazine Fifty & Me est synonyme de style, de goût et de d’audace. Nous encourageons les femmes à se lancer, dans tel projet d’entreprise, telle carrière, tel rêve. Nous avons donc décidé de donner la parole à ces femmes inspirantes, qui ont créé leur entreprise avant ou aujourd’hui, et qui représentent parfaitement Fifty & Me. Des femmes fortes qui ont fait leurs preuves d’innombrables façons et qui vous donnent à présent des conseils pour votre carrière. Et, fait remarquable, elles se sont accordées sur le conseil à donner aux autres femmes qui veulent avancer dans leur vie professionnelle : « Il n’est jamais trop tard, poursuivez ce rêve ».

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Nathalie Vleeschouwer

La styliste Nathalie Vleeschouwer (54) est la fondatrice de deux marques de mode belge à succès : la marque de maternité Fragile et sa marque éponyme de prêt-à-porter Nathalie Vleeschouwer.

Pouvez-vous nous en dire plus sur vous ?

Je dis tout le temps que j’ai deux boulots, je suis créatrice et je suis aussi directrice de cette marque. C’est une combinaison peu courante, un peu particulière dans notre secteur. Il y a 32 ans, j’ai lancé la marque de maternité Fragile et, de là, j’ai ensuite bifurqué en créant ma propre marque. J’avais fait le tour des vêtements de maternité et sillonné le monde avec mon produit. Peut-être était-ce dû à mon âge, ou à cette perception des vêtements de maternité dans notre société. Mais je me sentais moins investie et j’avais juste envie de créer des vêtements pour femmes.

Avez-vous toujours su que vous vouliez travailler dans la mode ? Qu’est-ce qui vous a freinée ? Et ce sentiment était-il finalement justifié ?

Peut-être est-ce l’aspect business qui m’a empêchée de créer ma propre marque ? Commencer quelque chose de nouveau est toujours une aventure et un engagement important qui ne se réalise pas un tour, trois mouvements, et qui requière de nombreuses années pour parvenir à construire quelque chose. Cela implique bien plus de choses qu’uniquement dessiner une collection, et il faut déployer beaucoup d’énergie au niveau marketing. Sans parler de l’investissement financier, lui aussi substantiel. Une fois que vous commencez quelque chose, il faut persévérer et il y a des moments où les choses ne se déroulent pas tout à fait comme prévu.

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A un moment donné, vous avez fini par créer votre propre marque. Quelle sensation cela vous a-t-il procuré ?

C’est génial, et je ne l’ai jamais regretté. Grâce au lancement de ma marque Nathalie Vleeschouwer, notre entreprise rencontre à nouveau le succès. Parallèlement, Fragile poursuit son activité comme partie intégrante de Nathalie Vleeschouwer. Mais l’âge d’or des vêtements de maternité, lorsque la future belle-mère accompagnait pour choisir le trousseau, est révolu. Les jeunes fonctionnent différemment qu’avant d’un point de vue financier, et acheter leurs vêtements n’est plus une priorité mais plutôt une question pratique. La collection Nathalie est justement très pratique car elle peut être portée pendant longtemps.

Cela vous fait quoi de réussir dans un secteur avec beaucoup de jeune talent ?

“Il n’y a rien de mal à cela, bien au contraire, j’y souscris à 100% car c’est ainsi que j’ai commencé jadis. Mais j’avais la chance que mon père soit dans un secteur similaire. Cela dit, ce que j’ai appris, et je l’entends souvent, c’est que les jeunes aiment s’associer pour se lancer, ce qui ne fonctionne souvent pas. Pour ma part, j’ai dû le faire seule, assumer tout moi-même et travailler nuit et jour. Lorsqu’on entreprend à plusieurs, la responsabilité est souvent partagée. Dans mon cas, c’était mon seul moyen de subsistance et il fallait donc que je trouve des moyens de gagner de l’argent, à force de tomber et de me relever. Mais j’y crois à ce « grand saut dans l’aventure”, j’admire ceux qui le font et il ne faut certainement pas les en empêcher. Et si on échoue, tant pis, on aura au moins essayé. C’est une façon très américaine de voir les choses, et nous devrions l’adopter au lieu de mépriser la faillite. Cela nous permet d’en tirer des leçons et de de s’améliorer.

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Que conseilleriez-vous aux femmes qui envisagent également de lancer leur entreprise ?

Je pense qu’il ne faut le faire que si l’on se rend compte de l’engagement que cela implique. C’est un peu comme mettre un enfant au monde. Dès qu’il est là, on ne le lâche plus, il vous occupe nuit et jour et le lancement exige énormément d’engagement. Il faut avoir la volonté et la capacité de s’y consacrer à fond et être prêt à faire des sacrifices. J’ai connu des années pendant lesquelles nous devions renoncer aux fêtes organisées le weekend par notre entourage parce que nous devions travailler ou nous rendre à des salons. Il faudra aussi pouvoir compter sur le soutien inconditionnel de votre partenaire car, après tout, vous êtes embarqués ensemble. Il y a quelques années, ma sœur a voulu ouvrir une boutique mais son partenaire hésitait. Je lui ai dit de ne pas le faire car cela ne ferait que générer des discussions qui ne mènent à rien. Il faut vouloir le faire ensemble.

S’entourer des bonnes personnes semble donc essentiel

Absolument. Je me suis toujours entourée de bons conseillers car il y a aussi des aspects que je ne maîtrise pas. Je travaille avec un bon comptable pour mon administration et un avocat pour les contrats. C’est un monde difficile et la concurrence dans le monde des affaires peut être rude. Mais nous, les femmes, avons aujourd’hui la possibilité de faire carrière alors que les générations précédentes, comme celle de ma mère et de ses amis, n’ont pas eu cette chance. J’ai la nette sensation que les femmes deviennent actuellement meilleures et plus fortes en affaires, même si cela ne se remarque pas toujours car elles ne le montrent pas autant que les hommes. Mais, en coulisses, je vois beaucoup de talent féminin et une persévérance de toutes les générations, à l’instar de mon équipe composée de 32 femmes et de quatre hommes, jeunes et moins jeunes. Je suis terriblement fière d’eux et c’est fantastique de voir à quel point ils se soutiennent et poursuivent tous le même objectif. Cela me remplit de bonheur et me procure tellement d’énergie. Et quelle que soit ma charge de travail ou ma fatigue, cette énergie que je reçois est la raison pour laquelle j’espère encore longtemps pouvoir exercer ce métier.

Isabelle Arpin

La célèbre Isabelle Arpin (52), d’origine française, est chef de deux restaurants à Bruxelles : Isabelle Arpin et Ciao, situé dans le cercle privé The Mérode. Elle a également lancé un service traiteur « slow food » haut de gamme sous le nom La Bonne Etoile. Elle est une des rares femmes chefs en Belgique à avoir obtenu une étoile Michelin. On peut la décrire comme optimiste et rayonnante, tout comme ses plats de toute beauté.

Avez-vous toujours eu envie de travailler dans le domaine de la gastronomie ? Qu’est-ce qui vous a freinée ? Et ce sentiment était-il finalement justifié ?

En fait, je n’envisageais pas au départ devenir chef. J’ai fait des études d’économie et de droit et je travaillais dans le monde des finances. C’est en aidant un ami cuisinier en cuisine, vers 25 ans, que la passion pour ce métier m’est venue. C’est un travail passionnant dans un monde très particulier qui permet de voyager et de découvrir. J’ai alors revu mon idée de carrière et j’ai décidé de devenir chef, en partie grâce au soutien de mon associée Dominika Herzig.

Qu’est-ce que cela vous a fait de finalement prendre cette décision ?

Je ne me suis pas posée trop de questions, il faut le faire, c’est tout. Je pense que le problème est justement que de nombreuses personnes n’osent pas. Ainsi, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas changer de carrière à cinquante ans. On est encore jeunes et on peut travailler jusqu’à nos 70 ans et bien au-delà. C’est un nouveau départ, une nouvelle vie. Bien souvent, c’est encore mieux de se lancer dans la vie plus tard parce qu’on a plus d’expérience et de confiance en nous, et on a appris de nos erreurs.

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L’expérience, la confiance en soi. Pensez-vous qu’il y a encore d’autres avantages à commencer plus tard ?

On est plus solide financièrement et on dispose d’un réseau plus large. Les gens vous font davantage confiance et vous vous êtes peut-être déjà forgé une belle réputation de quelqu’un qui travaille dur. Certaines personnes sont prêtes à 25 ans, d’autres à 40.

 Que pensez-vous de certaines personnes qui se lancent déjà très jeunes ?

C’est une question de savoir si l’on se sent prêt à commencer quelque chose. Je vais toujours encourager cela chez les jeunes et les conseiller. Tant pour moi que pour Dominika, ce partage de connaissance et d’expérience est très important car cela nous permet de nous améliorer et d’avancer.

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Avez-vous des conseils à donner aux femmes qui veulent créer une entreprise plus tard ?

Lancez-vous et travaillez dur, n’hésitez pas. Cela requiert de la structure et de la stratégie, mais il faut parfois juste suivre son intuition. Parfois, il faudra changer vos projets, en raison de facteurs externes comme l’économie, ou parce que vous changez d’avis. Mais la motivation doit toujours rester votre fil rouge.

Avez-vous eu des regrets dans votre carrière ?

Je ne regrette jamais rien.

De quoi êtes-vous la plus fière ?

De mes parents. Ils ont toujours cru en moi et ont fait de moi qui je suis. Je suis adoptée et ils m’ont donné tellement de confiance. C’est peut-être pour cela que je m’aime telle que je suis et que j’ose me lancer dans l’inconnu. Tout s’arrange toujours et je vois toujours le bien chez les gens. Dominika et moi nous soutenons mutuellement à travers tout et essayons de transmettre autant de connaissances possibles à notre équipe. Des connaissances culinaires, mais aussi des valeurs et des normes. Ils sont devenus ma famille et m’encouragent à m’améliorer.

Votre carrière a le vent en poupe. Quid si quelqu’un d’autre voyait la sienne s’écrouler ?

Essayez à nouveau et tirez-en des leçons. Lorsque vous échouez en Europe, c’est souvent considéré comme un échec. Mais il n’y a rien de mal à échouer, au contraire, cela fait partie de l’entrepreneuriat. Si vous n’essayez pas, vous le regretterez toujours et passerez le reste de votre vie à vous demander : et si… ? Si votre idée d’entreprise fonctionne comme vous l’imaginiez, c’est génial, mais si pas, vous ne regretterez jamais de ne pas avoir essayé et vous vous lancez avec courage dans autre chose.

Liesbet Allaer

Liesbet Allaer (50) a le gène de l’entrepreneuriat en elle : après ses études, elle a ouvert une boutique de mode qu’elle a fermé au bout de 10 ans pour se lancer avec son mari dans l’exportation de fleurs et plantes à travers le monde. Après 15 ans, il était temps de changer de carrière pour lancer sa propre marque de maille en 2019 sous le nom de Leselles.  

Pouvez-vous nous en dire plus sur vous ?

Parfois, j’ai la sensation d’avoir déjà vécu dix vies grâce à mes différentes carrières. L’idée est née lorsque mes enfants sont partis en pensionnat et que j’avais plus de temps. A l’époque, je dirigeais encore une entreprise d’export de fleurs et plantes avec mon époux. Mais il me manquait le défi créatif, et l’idée est venue de me lancer dans autre chose. C’était maintenant ou jamais et j’ai lancé ma boutique en ligne avec un pop-up. Un concept store de 500 m2, par des femmes, pour les femmes, allant de la mode à la déco, des soins de peau aux cosmétiques, des fleurs, des plantes…bref, tout ce qui peut nous rendre heureux. Y compris des écharpes faites à partir de restes de laine que je faisais tricoter dans l’atelier de tricotage de mon amie, ce qui s’est rapidement avéré un franc succès. Aujourd’hui, nos tricots sont disponibles dans plusieurs points de vente en Belgique et aux Pays-Bas et j’ai l’ambition de m’étendre au monde entier.

Quel a été votre point tournant ?

L’approche de la cinquantaine, je pense. Je voulais encore commencer quelque chose à moi dans lequel je pouvais exprimer pleinement toute ma créativité. Et puis j’ai réalisé que notre entreprise d’exportation pouvait continuer sans moi mais pas sans mon époux. S’il venait soudainement à disparaître, tout s’arrêterait pour moi également. C’est ce sentiment angoissant qui m’a décidée de me lancer.

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Avez-vous toujours eu le sentiment que vous vouliez aller dans cette direction ? Qu’est-ce qui vous en empêchait ?

Les années filaient et nous étions occupés avec notre famille et l’entreprise, tout allait si vite. C’est lorsqu’ils sont partis en internat que j’ai eu nettement plus de temps, et j’ai commencé à cogiter.

Comment vous êtes-vous sentie lorsque vous avez pris la décision ?

Tellement bien ! Et surtout maintenant qu’elle connaît un tel succès malgré la crise de du Covid. 

N’avez-vous jamais eu des regrets ?

Non, absolument pas. Même si, entretemps, j’ai constaté que le monde de la mode est rude et qu’il y a beaucoup de concurrence de la part des jeunes. Mais je suis épatée de voir que des jeunes de 24 ans sont prêts à prendre ces risques et se lancent. Je constate qu’il y a une jeune génération qui se pose sans doute moins de questions que moi. Évidemment, j’ai l’avantage d’être plus expérimentée et d’être sans doute un peu plus solide financièrement, mais eux, ils osent plus. 

Cela vous fait douter de vous ?

Non, ce n’est pas cela. Cela fonctionne bien, Leselles continue à se développer et les réactions sont positives. La seule chose, mais je pense que c’est le cas pour tout le monde, c’est que la production reste un réel défi. Des marques fabriquées en Chine sont soudainement revenues en Europe et la demande excède l’offre. Mais nous faisons du mieux que nous le pouvons ! Notre équipe créative est à Anvers et notre production est située au Portugal. Jusqu’il y a peu, c’est ma maman qui cousait les étiquettes sur chaque pièce qui rentrait. Cela paraît souvent cliché, mais ma table de cuisine était recouverte d’écharpes pendant un bon bout de temps. Mais entre-temps, cela n’est plus possible et ma famille avait aussi besoin de retrouver une maison au lieu d’un atelier de tricot.

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Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui pourraient ressentir la même chose ?

Je dis souvent à mes deux filles : quoi que vous fassiez, faites-le avec passion et rayonnez ! Et puis la suite coulera de source. Croyez fort en vous. Mais tout commence aussi par un business plan et un plan stratégique solide. Voyez grand, mettez votre vision, votre mission et vos rêves sur papier. Les personnes qui vous entourent doivent vous soutenir et croire en vous car vous en avez besoin. Moi, j’ai eu la chance que mon époux soit entrepreneur et cela se répercute dans tout. Quand nous sommes en vacances, par exemple, nous nous inspirons et incitons mutuellement pour passer vers ce niveau supérieur. Nos filles, parc contre, sont d’une autre génération et voient les choses différemment, mais c’est tout aussi inspirant. Bref, vous voyez, tout est encore possible, pas besoin d’être dans la vingtaine.


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