Dans le Yukon, il était une fois la ruée vers l’or

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La montagne de Minuit

photo montagen yukon de nuit

Toujours au départ de Whitehorse, on prend la route d’une incontournable étape, Dawson City, à 500 km de distance. À lui-seul, le bitume, semé sur son bord de quelques rares stations-service et motels, sans parler de panoramiques points de vue, vaut le déplacement. Nous arrivons à Dawson par une après-midi caniculaire. Le typique et rutilant Downtown Hotel, en bois rouge et auvent blanc, et les chromes des grosses bagnoles américaines soulevant des nuages de poussière, éclatent dans le soleil. Un pianiste déjanté à casquette s’éclate, lui, sur le vieux piano du saloon, des airs jazzy en émanent. Pittoresque et lumineux, tout ce décor en bois transpire d’une atmosphère de légende.

Alors qu’elle n’était qu’un repaire de modestes baraques, la plus grande et plus rocambolesque ruée vers l’or au monde va la transformer, en à peine deux ans, en petite ville de Far West rapidement raccordée au téléphone, à l’eau courante et au chauffage à vapeur pour les besoins de la cause. Les milliers de gens qui l’envahissent en quête d’or ne sont pas des cow-boys mais des agriculteurs, des bûcherons, de simples ouvriers, etc. Dans leur sillage émergent bars, hôtels, théâtres, banques et loges pour passes d’un soir. Un journal local colporte récits et actualités de cette ville. Le nom de Dawson City retentit sur tout le continent. De jour, une majorité de pauvres diables y creuse éperdument son rêve de fortune mais, le soir, elle y boit, joue à la roulette et pousse des jetons sur des tapis, elle assiste à des spectacles endiablés de French cancan, aux danseuses habillées de fanfreluches levant si haut les jambes que les hommes fourbus en frissonnent.

Que reste-t-il du cœur de la ruée vers l’or ? Un décor historique, 17 immeubles reconstitués dont des guides en habits d’époque ouvrent les portes. Un bateau à aubes, témoin de l’époque des pionniers, et un théâtre pour ces belles aux atours ensorcellants, jupes chatoyantes et bas résille, rejouant tous les soirs de quoi oublier l’harassante peine de l’orpailleur accroupi avec son tamis dans les ruisseaux aurifères.

photo down city yukon au canada

Au Yukon, il y a toujours de l’or sur lequel on ne se rue plus. Le fleuve charrie toujours autant d’histoires et de récits de pionniers malheureux et déracinés. Chaque été, en juin, les habitants se rassemblent sur la montagne de Minuit, le « Midnight Dome », pour y faire la fête aux jours sur lesquels la nuit ne tombe plus. Sur ce sommet, les gens applaudissent le dieu soleil qui rougit au plus bas de l’horizon et saigne sur le fleuve Yukon, se couche et se relève aussitôt, espiègle et fringant. Même si on le dirait, ce n’est pas de la magie, juste un incroyable dépaysement à l’extrémité nord-ouest du Canada.

Comment y aller ?

Vol hebdomadaire sans escale de Francfort, en Allemagne, à Whitehorse, de juin à septembre. Billet à partir de 900 euros. Whitehorse est à 2.375 km de Vancouver, en Colombie Britannique, et à 1.134 km d’Anchorage, en Alaska. On n’évalue pas les distances en kilomètres mais en heures et minutes. Pour en savoir plus : www.tourismeyukon.ca


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