Le charme du modernisme brésilien

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Les salles de bain : ode aux mosaïques

Les salles de bain sont couvertes de mosaïques blanches ou d’azulejos, héritage du Brésil colonial. En fonction du sens de la pose, elles offrent une multitude de combinaisons qui font littéralement vibrer les murs. Deux salles de bain sont couvertes de plaques de béton qui font écho aux plafonds de la demeure. L’âme brutaliste de l’ancienne maison unifamiliale a ainsi été soulignée et remise en valeur. Les éviers sous-encastrés ont été privilégiés pour leur facilité d’entretien mais aussi pour souligner les magnifiques tablettes en bois massif. Des robinets contemporains à trois trous confèrent robustesse et harmonie à l’ensemble. Les miroirs rétro-éclairés mettent pour leur part en valeur les mosaïques et azulejos et sont eux aussi équipés de dimmers. Les convives peuvent ainsi ajuster la luminosité de la salle de bain selon leur humeur.

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Les lumières du Vieux Continent

Les nombreuses lampes et appliques proviennent d’Europe, parmi lesquelles plusieurs pièces d’époque produites par Philips. Elles ont été trouvées chez l’antiquaire bruxellois Philippe Lange, et habillent avec élégance les espaces, qu’il s’agisse de lampes de chevet ou de liseuses. Yorick Piette a privilégié les apports de lumière ponctuels afin de créer des ambiances à la fois douces et harmonieuses. Dans le séjour, on retrouve un set d’opalines de Murano chiné à Anvers, qui a fait l’objet d’un véritable travail de composition. Le jeune architecte d’intérieur a joué sur les différences de taille, de couleurs et de hauteurs pour créer un rythme en accord avec le plafond en béton brut de décoffrage. Dans la salle à manger, deux suspensions scandinaves de Hammerborg surplombent une table à manger en verre noir. A ses côtés, huit chaises Anel, qui proviennent de l’atelier de Ricardo Fasanello.

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Le tout offre une atmosphère en phase avec l’esprit moderniste de la maison. Subtil mélange entre modernisme brésilien et européen, l’ensemble est mis en scène par un éclairage étudié et rehaussé par d’harmonieux objets eux aussi en provenance du Vieux Continent.

Yorick Piette : jeune prodige bruxellois

Diplômé de l’Académie Royale des Beaux-Arts, Yorick Piette est contacté au cours de ses études par un investisseur qui cherche à développer un projet immobilier à Rio de Janeiro. « Jai été honnête et répondu que je ne me sentais pas prêt à me lancer dans un tel projet, avec aussi peu dexpérience ». Trois années passent, sa licence en poche et fort d’une expérience au sein du bureau Ermans & Vokaer Architectes, Yorick accepte cette fois de se lancer dans l’aventure, malgré les 9.400 km qui séparent le jeune belge du projet brésilien. Alors âgé de 22 ans, il entame parallèlement à son master la conception de dessins et de croquis, qu’il envoie au Brésil et qu’Amélie Thouveny se charge de concrétiser sur place. La volonté de chaque partie d’opter pour une rénovation dans l’esprit originel de la demeure imposera au jeune belge six allers et retours à Rio de Janeiro. « Audelà du premier projet qui m’était confié à l’étranger, ce fut une incroyable aventure humaine, avec la découverte dun nouveau continent et dune culture inattendue ».

yorick piette

Souvent en vadrouille dans les rues bruxelloises et à l’étranger, Yorick Piette se nourrit de tout ce qu’il voit. Ses yeux constamment ouverts, il observe les courbes qu’il préfère aux droites pour leur fluidité et leur douceur. Ses « balades exploratoires » lui permettent d’identifier les auteurs dont il affectionne les œuvres. Parmi eux, Pierre Yovanovitch, à qui l’on doit le réaménagement de la Patinoire Royale à Saint-Gilles.

Oscar Niemeyer, figure de l’architecture moderne, mais aussi les designers Alain Gilles et Muller Van Severen. Le Bruxellois Jules Wabbes est aussi une source d’inspiration pour Yorick. A tel point qu’il n’a pas hésité à disposer une série de bois debout en wengé dans la salle à manger de la maison à Santa Teresa. « Il est important, selon moi, de donner sens à mes aménagements, lintemporel n’étant quune solution parmi dautres. On bascule rapidement dans le froid et laseptisé. Je tente donc toujours dancrer mes projets dans une réalité spatio-temporelle. De quoi donner une âme et surtout du sens aux lieux. Et ainsi leur permettre de mieux traverser le temps, tout en évitant de tomber dans le pastiche ».

La réhabilitation de cette maison moderniste, on la doit aussi à la Marseillaise Amélie Thouveny, née comme Yorick Piette en 1991, et qui fut en charge de l’exécution des différentes phases du chantier. Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure d’architecture de Versailles, ce premier projet l’a encouragée à se familiariser avec le suivi et la coordination du chantier. Une expérience sociale et humaine qui lui a permis d’appréhender les disciplines complémentaires à la conception architecturale comme la menuiserie. Toujours à Rio, Amélie multiplie les projets professionnels dans l’optique d’ouvrir un jour sa propre structure et, si l’occasion se représente, de collaborer à nouveau avec Yorick Piette. « Cette collaboration fut extrêmement fructueuse et motivante, notre duo était très complémentaire et dynamique » conclut la jeune Française.


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