Après les rigoristes et marginaux écolodges, place aujourd’hui aux écoresorts, ces établissements à la fois respectueux de l’environnement et luxueux. Parce qu’on peut vouloir du bien à la planète sans pour autant renoncer au confort, nous on adore…
Par Manoëlle Sepulchre
En quelques années seulement, l’écotourisme est sorti de son enfance roots et de son adolescence bohème pour s’installer dans un confort que l’on qualifierait volontiers de bourgeois. Après les premières et spartiates retraites-nature, ont d’abord fleuri les écolodges, qui associaient la rigueur écologique à un certain confort. Mais depuis quelques années, une nouvelle catégorie vient compléter la gamme des établissements écologiquement corrects : l‘écoresort. Autrement dit, un hôtel soucieux de préserver son environnement naturel et social tout en offrant des prestations haut de gamme à ses clients.
C’est le cas au Tsara Komba Lodge à Madagascar. Situé sur cette île géante, mystérieuse, remplie de forêts de bois précieux qui abritent des lémuriens, des caméléons et des espèces rares, fourmillant de fleuves, de marais et de lacs.
Du petit port de Nosy Be, la plus grande des « petites » îles à l’ouest des côtes malgaches, on embarque pour 30 min à bord d’une vedette rapide pour l’île de Nosy Komba, l’île aux lémuriens, un confetti dans un infini aquatique. Un petit morceau d’éden posé sur les eaux de l’océan Indien avec sur son littoral de nombreuses plages désertes frangées de cocotiers. C’est sur l’une d’elles que s’élèvent les bungalows du Tsara Komba Lodge.
Ecolodge au luxe bienveillant
Posé à flanc de colline, dans un jardin tropical entre la mer et la forêt, les huit lodges adossés à une réserve naturelle privée exceptionnelle et sauvage, ont des allures de petits chalets suisses sauf qu’il y a des cocotiers devant et une immense moustiquaire autour du lit. Chaque lodge a sa propre personnalité, une décoration unique, chaleureuse et élégante, mêlant un style épuré à l’atmosphère typique des lieux. Les peintures intérieures sont élaborées à base de pigment naturel de Madagascar et contribuent à créer, avec les sols de bois exotiques, une ambiance colorée, douce et reposante.
Les heureux arrivants sont accueillis par Xavier et Lucie et par une équipe discrète mais toujours présente pour répondre à nos sollicitations. Ils nous guident et nous donnent les premières explications concernant le domaine et la logique de « séjour à la carte » comme chacun le souhaite. Car c’est important, comme nous le dit Lucie « que l’on se sente comme chez soi entre une maison d’amis et un hôtel de luxe ».
L’hôtel entend jouer pleinement son rôle de tourisme éco-responsable en employant des matériaux écologiques, en recyclant plastiques, emballages et déchets alimentaires, en faisant un usage raisonné de l’eau et en limitant les émissions de CO2 par l’utilisation de panneaux solaires. Prôner l’économie solidaire, c’est notamment s’approvisionner au maximum en produits locaux (poissons, fruits et légumes) et permettre à la population de bénéficier de retombées économiques en lui offrant du travail, car la majorité des employés sont des habitants du village voisin.
Une très belle gastronomie
The Divine House, qui est le lodge principal, abrite le restaurant, le bar ainsi que les salons et les terrasses, l’ensemble faisant face à la baie et aux montagnes du massif de Tsaratanana au loin. Le chef malgache Tina Harry y sert une cuisine slow food (le bon, le juste et le propre), qui respecte les saisons et le commerce équitable. Figurant parmi les meilleures tables de Madagascar, les subtils desserts à base de vanille et cacao de Madagascar ravissent nos papilles. Légumes, fruits, herbes et aromates proviennent du jardin et du potager tandis que poissons (espadon, dorade coryphène, thon) et crustacés (langoustes, crabes ou crevettes) sont livrés chaque jour par les pêcheurs à bord de leurs pirogues.
La promesse de séjours d’exceptions
La journée, il faut prendre le temps d’aller faire le tour de l’île (excursion en demi-journée) sur une pirogue traditionnelle à moteur avec un arrêt au village principal de l’île. On y découvre l’atmosphère d’un village de pêcheurs typique, son marché artisanal, son petit parc animalier avec des lémuriens et reptiles en liberté (oui oui !). Ensuite on reprend la pirogue pour venir se délasser à marée basse sur un petit banc de sable blanc et plonger dans une mer turquoise.
Autre excursion à la journée, on se rend à 1h30 de bateau sur Nosy Iranja, deux îles sublimes qui se rejoignent par un banc de sable immaculé.
Ici, les tortues de mer ont trouvé un lieu de prédilection pour pondre leurs œufs la nuit sur ses plages, d’où son surnom d’« île aux tortues ». L’île se divise en deux. A l’est, Iranja Kely, envahie par une végétation luxuriante peuplée de nombreuses fougères et d’espèces endémiques, couvre environ 13 hectares. A l’ouest, Iranja Be, ou grande île, fait quant à elle près de 200 hectares. Elle abrite un village de pêcheurs et ses paillotes traditionnelles installées à l’ombre de filaos. Construites à partir de matériaux naturels, des palétuviers pour les piliers et du ravinala – ou arbre du voyageur, l’emblème de Madagascar – pour les murs et le toit, elles sont le plus souvent montées sur pilotis. La mince frange de sable blanc qui relie les deux îlots, longue de 2 kilomètres, tient lieu de plage. Une immense plage bordée de chaque côté d’une eau transparente, aux mille camaïeux.
Du village, un chemin de terre conduit sur les hauteurs d’Iranja Be où un ancien phare, construit par Gustave Eiffel, impose encore sa silhouette. Au sud, sur la Grande Terre, on peut apercevoir la baie de Baramahamay abritant des villages spécialisés dans la construction de pirogues et de boutres qui transportent encore, à la voile, matériaux de construction et denrées comestibles. Au milieu des manguiers séculaires, quelques lémuriens ont élu domicile. Ils s’approchent pour fixer le visiteur de leurs grands yeux curieux.
Autre excursion à ne pas manquer au départ de Tsara Komba Lodge (45 min de bateau), le village de Nosy Mamoko, On mouille devant un tout petit village de pêcheurs authentique entouré par la végétation dense de la forêt primaire. Dans le village, on peut apercevoir de nombreux makis qui bondissent dans les manguiers ainsi que des grosses et paisibles tortues.
Un hôtel qui conjugue atmosphère chic et exclusive
Ce qui séduit plus que tout, c’est le sentiment de vivre en parfaite harmonie avec une nature intacte. Pas de télé, pas de climatisation. Le souffle du vent, le chant des oiseaux, le bruit des vagues… bercent ce paradis, bordé par une eau turquoise, ponctué de belles plages de sable fin. A Tsara Komba Lodge on ne se déplace qu’à pied, en pirogue ou en bateau et l’on prend la mesure d’un autre temps. C’est une autre idée du luxe.
Plus rien n’existe que le ciel et l’eau. Oubli de tout, paresse de vivre : le Tsara Komba Lodge offre encore ce goût d’éternité. Un paradis sur terre. Il suffit juste d’aller le chercher