Ces nouveaux parfums qui éveillent les sens

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Création et transmission

Alors que les grandes marques se soucient des hommes et femmes en attente de jus avec plus de parti-pris, moins lisses, en lançant leurs essences exclusives, certains labels ‘niche’ qui ont fait leur nom par le refus de tout compromis commercial, tentent d’ouvrir leur univers sophistiqué et leur savoir-faire à de nouveaux publics moins avertis. C’est le cas de la maison Annick Goutal avec sa collection Oiseaux de Nuit, qui restitue des atmosphères nocturnes : Tenue de Soirée est un chypre moderne élégant, et Nuit et Confidences, un musqué chaud soutenu par des notes de vanille, d’encens, de fève tonka. « Pour la gamme classique, je pars vers des facettes plus marquées, des odeurs plus abruptes. Le cheminement intellectuel est plus important, donc c’est compliqué à comprendre. Mon Parfum Chéri est très facetté par exemple. Ici, on a voulu une espèce d’immédiateté », explique la parfumeuse Camille Goutal, fille de la fondatrice de la maison d’avant-garde née en 1980. « Tenue de Soirée évoque une ambiance boudoir, le moment où la femme se prépare, se maquille, avec un côté poudré et ‘rouge à lèvre’. Pour Nuit et Confidences, j’ai imaginé la femme déjà en soirée, qui boit son verre de champagne. Avec un côté plus scintillant, pétillant. Elle porte peut-être une robe en lamé. Le côté visuel m’inspire beaucoup. Je suis photographe à la base. » Chaque flacon de cette collection est orné d’un pompon dans une matière et un coloris différents, en un jeu tactile et visuel. « Quand je crée un parfum, le nez est un outil mais les autres sens sont quasi plus importants : outre la vue et le goût qui est lié à l’odorat, le ressenti tactile est toujours clé : je pense que tel ingrédient est rugueux et tel autre soyeux ou liquide. Cela m’aide à redessiner des atmosphères. Si je pense à de la rondeur, je vais aussi penser à une sensation lisse par exemple. Ce sont des associations d’idées. »

photo camille goutal

Camille Goutal, à qui sa mère Annick a dédié la fragrance Petite Chérie, ne parlait pas d’essences avec sa maman. « Je devais être photographe, c’était mon métier et j’adorais ça. Personne dans la famille ne s’imaginait que j’allais reprendre le flambeau. Mais ma mère m’a transmis ses valeurs : une rigueur, un perfectionnisme, de l’honnêteté, de la générosité. Elle se parfumait beaucoup et je lui disais qu’elle mettait trop de parfum. Je suis un bon exemple de transmission inconsciente. À 5 ans, je mettais déjà des roses, des choses très poudrées et capiteuses. Des odeurs inhabituelles pour cet âge. Je fais le chemin inverse. Plus je vieillis et plus je vais vers des notes délicates, alors que j’ai porté des parfums assez costauds quand j’étais jeune. Sa matière fétiche était la rose. Moi, j’adore les fleurs blanches. On n’a pas le même goût. Il y a évidemment des ingrédients qu’elle aimait et que je travaille au quotidien, mais pas parce qu’ils font la signature Goutal, juste parce que je les apprécie en tant que parfumeur. Quand je compose, je ne pense pas à ma mère, je ne me compare pas à elle, je ne me demande pas si c’est une odeur Goutal. La filiation, elle existe de fait, elle est là, réelle.

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