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Mariage tardif, remariage… ou « alliance nouvelle » ?

Ce qui est formidable aujourd’hui – cela vaut aussi pour les quinquas et plus -, c’est que l’on peut aussi bien rêver d’un mariage hyper classique que de sortir des carcans des modèles d’antan pour se réinventer et cocréer de nouvelles alliances dans ou hors des sentiers battus. A côté d’un mariage classique tardif, concrétisation d’un rêve de toujours, il y a d’autres façons de vivre l’amour au quotidien. Avec la maturité en prime !

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Liberté d’être soi

On sait qu’à tout âge – la maturité peut aider – on prend conscience qu’avant de s’embarquer pour un nouveau duo, la meilleure alliance c’est d’abord avec soi ! La liberté d’être soi-même dans un couple, voilà un élément qui lui donne toutes les chances d’un voyage au long cours. Peu importe la forme finalement. Dans un numéro de Paris Match, Claire Chazal confiait que le mariage et le couple l’ont toujours fait fantasmer. Et d’ajouter : « Je pense qu’on peut aimer et vivre en bon compagnonnage, chacun dans son univers, en respectant la liberté de l’autre. Ce n’est pas toujours facile mais c’est une des clés de la longévité d’un couple. »

La juste distance

Autrement dit, ni trop près, ni trop loin. Napoléon, qui en savait un bout sur le sujet, affirmait d’ailleurs que « en guerre comme en amour, pour en finir il faut se voir de près ». Eloquent, non ? Une juste distance qui s’invente jour après jour. Selon Isabelle Tilmant, psychothérapeute du couple* : « Lorsque deux personnes deviennent ‘trop’ proches, un mécanisme relationnel inconscient va les pousser à remettre de la distance entre elles : c’est ce qu’on appelle la ‘régulation de distance’. Avoir conscience de ce phénomène naturel – sans lequel on risque de s’asphyxier l’un l’autre – permet de l’anticiper. C’est le fait d’alterner espace personnel et période de partage qui offre au couple un souffle serein ». A bon entendeur…

L’arrosoir préférable au sécateur !

Jolie métaphore jardinière que nous offre Armand Lequeux dans sa chronique de Psychologies Magazine pour les couples qui ne sont plus « en fusion ». Il évoque avec humour la propension, dans nos relations affectives et sexuelles, d’être plus habile du sécateur qui coupe les rameaux disgracieux ou gênants que de l’arrosoir qui, de son eau, encourage les graines de l’autre à pousser harmonieusement : « C’est en grandissant son conjoint que l’on grandit soi-même et qu’on lui permet d’aimer qui nous devenons. On ne change pas l’autre à coups de sécateur mais avec de l’amour et de l’eau fraîche. »

50 ans, je me marie… enfin !

Brigitte a toujours rêvé de se marier, non pas en catimini mais dans le faste pour célébrer de la façon la plus romantique et classique qui soit, la rencontre de celui qui va partager sa vie. Ce rêve, elle l’a caressé longtemps. Aucun des hommes qu’elle a rencontrés avant ses 50 ans n’a été le Prince Charmant capable de concrétiser ce rêve… Un rêve impossible ? Eh bien non. Jean-Michel a croisé sa route et tous les feux se sont allumés au vert ! Pour elle, en tout cas. Lui, deux enfants et trois petits-enfants, quelque peu échaudé par l’expérience de son premier mariage, n’était pas vraiment chaud pour se remettre la bague au doigt. Mais l’amour a triomphé de ses doutes. Il faut dire que quand Brigitte s’y met, il est TRÈS difficile de lui résister !

Un été plus tard, à la faveur d’un mois de juin chaud et ensoleillé, Brigitte et Jean-Mi ont mis les petits plats dans les grands pour offrir aux amis et famille une fête dont tous se souviennent… Une célébration exceptionnelle ! Et aujourd’hui ? Le quotidien s’aménage entre une femme belle et indépendante et un homme… beau et indépendant ! Deux sacrés tempéraments qui doivent au jour le jour s’ajuster pour que le cœur reste leur canal de prédilection. Dans un univers, il faut bien le dire, privilégié : une belle grande maison où chacun peut investir « son » espace, sans empiéter sur celui de l’autre. Brigitte continue de mener une carrière de superwoman tandis que Jean-Mi a mis la clé de sa société sous le paillasson, pour vivre un peu plus cool. Le défi ? Faire concorder leurs façons de vivre et rythmes différents. Et quand les petits-enfants débarquent, Brigitte, qui n’a pas vraiment la fibre « grand-maternelle » (ce qui n’empêche pas une certaine forme d’affection), prend la poudre d’escampette… Finalement, cette décision convient à tout le monde. Pour Jean-Mi, c’est l’occasion d’être totalement présent pour les siens sans ressentir de tension ni d’amertume.

Alliance sans mélange… sauf pour le meilleur !

Avec quatre enfants (enfin) adultes, un divorce, des parents vieillissants, un métier prenant, Jeanne, après 3 ans de solitude assumée, souhaite aujourd’hui rencontrer un homme, si pas une âme-sœur, du moins un ami « de bonne compagnie »… et plus si affinités ! Cap sur un site de rencontres sur Internet. Pas si facile pour elle. Il lui a fallu même beaucoup de courage pour se résoudre à s’exposer sur la toile. Excellent exercice aussi de creuser au cœur pour parler d’elle en collant au plus près de ce qu’elle veut révéler en vérité. Bas les masques. Pas de poudre aux yeux mais pas « d’extimité » non plus (ndlr : terme utilisé par les psychiatres et psychanalystes Lacan et plus proche, Serge Tisseron, pour souligner le contraste avec « intimité ») !
Ce travail d’introspection préalable a été très salutaire puisqu’elle a pu alors être rencontrée là où elle est. Elle a pris le temps d’échanger par mail avec ceux qui s’intéressaient à elle, avant de se risquer à un premier rendez-vous. Pour elle, un bon compagnonnage commence par le partage d’activités qui plaisent à l’un comme à l’autre. Avec Alain, l’évidence s’est imposée après plusieurs moments de complicité lors de balades, expos, cinémas…
Aujourd’hui, ils ne vivent pas ensemble – chacun chez soi ! – mais ils adorent ces petits moments hors du temps où le partage est total. Avec la tendresse en prime.

60 ans, salut l’ami !

Vieux couple, 38 ans de vie commune, 3 enfants, des activités qui ne se rencontrent pas… Le nez dans le guidon, ils n’ont pas pris le temps d’arroser les graines d’amour (comme dirait Armand Lequeux). Ils ? Philippe et Isabelle. La famille, c’était leur projet de couple. Ils s’en rendent compte maintenant qu’Isabelle, depuis le départ des enfants de la maison, a pris la tangente pour réfléchir. Une retraite de quelques mois dans un studio qui lui sert de tanière pour prendre le temps de revisiter qui elle est hors rôles de bonne mère, bonne épouse, bonne employée, bonne voisine… et de choisir le chemin qui sera le sien. Ce qui jusqu’ici était le plus dur à vivre, c’était la communication entre eux devenue impossible au fil du temps, si ce n’est pour des questions terriblement quotidiennes. Après les premières semaines où ils s’évitent, ils prennent néanmoins la décision d’entamer une procédure de médiation. Le but ? Remettre du lien là où il n’y en a plus et envisager la suite avec ou sans l’autre. S’écouter, s’entendre ? Un fameux travail de reconstruction qui s’élabore dans une triangulation bienvenue avec une médiatrice, tout en finesse et en nuance. Pas à pas, ils vont se redécouvrir et retisser le fil ténu de l’intime qui se dit, qui se touche, qui s’écoute… mais qui ne fuit plus.
La suite ? Elle s’invente jour après jour. Après 8 mois d’absence, Isabelle est revenue. Autrement. Elle a changé de place, elle trie ses affaires, elle désencombre, elle trouve de nouveaux repères, soutenue par Philippe qui lui aussi a trouvé un nouveau souffle. Ils savent que les écueils (notamment les anciennes habitudes de fonctionner) peuvent surgir à tout moment, mais leur volonté est d’être chacun attentif à ce dialogue cœur à cœur, peau à peau, pour se recréer dans le respect et la tendresse, un « nous » où chaque « je » a sa place.

*Auteur de : « Rester amoureux – L’art de réinventer son couple », Robert Laffont, 2013

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