Mes petits-enfants sont-ils colériques ?

La colère est indispensable pour l’intégration de la loi, soutient la psychologue Diane Drory. Cette émotion sert à faire le deuil de la toute-puissance. Si un petit enfant n’a pas le droit de se fâcher, quelque chose en lui ne s’intègre pas. Avec la menace, plus tard, d’adopter des comportements « hors la loi »…

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Comment réagir aux crises de colère ?

Pas facile pour les grands-parents aujourd’hui. Non seulement ils ont du mal à frustrer leur petits-enfants, mais, de plus, quand celui-ci se met en colère, ils ne le supportent pas. Comme si, parce qu’on accède à tous ses désirs, l’enfant n’avait pas le droit d’exprimer cette émotion. Paradoxal ? Pas vraiment. Parce que, même chez des grands-parents laxistes, on met en place des lois indispensables pour bien vivre ensemble. Pour manifester son désaccord, l’enfant va crier, dire des gros mots ou donner des coups. Frapper est inadmissible parce que c’est une atteinte au corps de l’autre. Une question de respect à lui inculquer quoi qu’il arrive.
En revanche, les gros mots peuvent avoir leur place. Le langage est un outil précieux qui permet d’éviter d’avoir recours à la force physique. Là aussi bien sûr, il y a des limites à ne pas dépasser. Qu’une grand-mère soit traitée de « sale p… » est inacceptable. Par contre, elle peut avec humour proposer autre chose. « Vieille tarte », par exemple ? Une façon aussi de reconnaître à l’enfant le droit d’être en colère. Accepter l’émotion qui surgit.
« Tu es très fâché, je le vois, mais je ne reviens pas sur ce j’ai décidé ». Quand on se donne ce temps de reconnaissance, on se calme. Et si les cris sont trop forts ? Au lieu de crier à son tour, on l’invite à aller se calmer dans la pièce à côté, ou dans les toilettes, l’endroit rêvé pour lâcher « ce qui en nous n’est pas très distingué » ! Rétablir ensuite un climat de détente avec – pourquoi pas ? – une musique douce, une respiration profonde… Une façon de faire la paix.

« Entre 2 et 5 ans, c’est l’âge où l’enfant doit intégrer que tout n’est pas permis ».

C’est l’âge aussi où il dit « NON » à tout. En écho à nos propres « non » que nous proférons à longueur de journée pour le protéger ? Mais aussi parce qu’il s’aperçoit qu’il n’a pas toujours forcément les mêmes idées que ses ainés. Découverte passionnante ! Réaction des ainés ? Surtout ne pas le prendre au pied de la lettre. « Tu ne veux pas mettre ton manteau ? Ok, mais on le met quand même… ». Autre classique : le supermarché. Avec, en filigrane, le regard jugeant de l’autre. Le petit se roule par terre parce qu’il n’a pas ce qu’il désire ? En fait, il teste la cohérence de l’adulte face au regard de l’autre.
Si il cède, il montre à l’enfant qu’il a peur de ce regard. Et que le regard de l’autre est dangereux. Résultat : Je suis maître de l’adulte. La loi n’est pas valable. Avec les conséquences qu’on devine…


A lire:
« Cris et châtiments » de Diane Drory
Un livre qui nous réconcilie avec la violence de la colère infantile et celle de l’éducateur prenant la responsabilité d’y mettre une juste limite. (Editions De Boeck, 2004)

« Au cœur des émotions de l’enfant » d’Isabelle Filliozat
La psychothérapeute invite le lecteur à décrypter le monde des émotions des petits et à laisser les ressentis éclore au grand jour. (Marabout, 2006)


Article paru dans le Psychologies
www.psychologies.com


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