photo design végétal

Le végétal au cœur du design

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Le design classique sera-t-il bientôt has been ? Les designers en vogue semblent en effet s’intéresser davantage au végétal. Une façon de renaturaliser notre quotidien trop urbanisé.

Source d’inspiration et d’innovation, la nature a toujours été une muse pour beaucoup de designers. Sa végétation foisonnante, ses formes éblouissantes et ses couleurs ondoyantes savent se faire tour à tour évocatrices de bien-être, de sérénité et d’écologie. Le végétal a ainsi su trouver sa place dans l’univers sans cesse mouvant du design, au point de devenir la marotte de certains grands artistes en herbe.

Après une formation de plasticien d’environnement à Olivier de Serre, de designer de mobilier aux Arts décoratifs à Paris complétée par une année à l’Art Institute de Chicago, Alexis Tricoire est devenu designer.

Design végétal, quèsaco ?

Il ne suffit pas d’intégrer une plante ou une fleur à un objet pour faire du design végétal. Cet art, qui mêle brillamment la nature et l’industrie, est bien plus complexe qu’il n’y paraît. C’est en effet d’abord une véritable réflexion sur la place qu’occupe le végétal dans notre quotidien.

Son nom ne vous dira sûrement rien, mais Alexis Tricoire est l’un des rares artistes à s’essayer au design végétal. Pour le scénographe, tout l’objectif de cette discipline est de « connecter l’urbain à la nature et d’avoir un autre regard sur la plante pour la protéger ». Une démarche artistique mais aussi engagée qui apporte une réelle réflexion sur l’écologie et la préservation de notre écosystème.
Une autre personnalité, l’architecte Patrick Nadeau, lui aussi passionné par les plantes, met à l’honneur la nature dans tous ses projets. En 2013, il a même rédigé une charte du design végétal dans laquelle il exprime sa vision de la chose : « C’est parce que l’homme devient majoritairement urbain et que les villes sont de plus en plus étendues que le design végétal s’intéresse aux problématiques liées à l’introduction du vivant dans l’environnement construit. Il envisage les plantes comme sujets à la mesure de l’homme et cherche à mettre en place les conditions d’une coopération. Le végétal est alors regardé comme possible matériau architectural, composant pour les objets ou modèle pour le design ».

photo salle de bain vegetalLa maison s’oxygène

Un matériau donc, mais qui se travaille, se transforme et s’acclimate aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, puisqu’en effet, les plantes ont l’avantage de pouvoir naturaliser tous les espaces. Ce style de design sait aussi s’intégrer dans les projets immobiliers comme dans les objets du quotidien (chaise, table etc.). Les designers y vont donc de leurs mains vertes pour repenser la place du végétal dans nos habitations.

Ainsi, parmi les quelques réalisations d’Alexis Tricoire qui valent vraiment le détour, on peut citer les Liquid Plants, fruits d’une fusion entre l’eau et les végétaux, destinés notamment à l’univers de la salle de bains. Le lustre Babylone se démarque lui aussi par sa poésie : un micropaysage suspendu dans une bulle lumineuse.
Mais si le jeune homme est aujourd’hui une référence dans son domaine, il n’a pourtant rien inventé. D’autres, bien avant lui, ont su magnifier la nature à travers l’architecture et la scénographie. En 2001 déjà, l’immense Jean Nouvel avait proposé, dans le cadre du concours du Guggenheim Temporary Museum de Tokyo, un bâtiment formant une montagne de végétaux. D’autres sommités du design se mettent aussi au végétal. C’est le cas de Philippe Starck et de son Holly Hall. Bien que cet objet ne soit pas l’une de ses meilleures réalisations, le designer a néanmoins imaginé un fauteuil haut de deux mètres, au sommet duquel peut trôner une magnifique plante. Enfin, Amaury Gallon fait encore partie de ces « green designers » qui comptent et dont le succès ne cesse de s’accroître.

Entretenir le vivant

Mais le design végétal se démarque encore parce qu’il demande de considérer l’objet dans la durée. En utilisant le vivant, il impose des contraintes supplémentaires et nécessite un véritable entretien. Alexis Tricoire, par exemple, travaille en étroite collaboration avec des spécialistes, notamment des botanistes, car « il faut savoir gérer le développement des plantes, leur éclairage, leur arrosage etc., et tout cela dans le temps ». Un travail de titan donc, qui fait du design végétal un art à part entière.


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