frugalisme

Opter pour le frugalisme, une vie rêvée sans travail

Si la volonté de réussir sa carrière reste de mise dans notre société matérialiste, certains ont décidé d’opter pour un comportement à contre-courant : réduire voire supprimer leur temps de travail pour vivre et réaliser de nouveaux rêves. Ceux que l’on nomme les frugalistes. Explications

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Le frugalisme. Beaucoup verront la promesse d’un article de plus sur la nutrition. Et ils feront fausse route. Encore relativement marginal sous nos latitudes, ce mouvement, né aux Etats-Unis, vise à supprimer le boulot dans l’expression populaire métro-boulot-dodo. Un mode de vie axé sur la volonté de dépenser le moins possible pour engranger le plus d’argent possible et renoncer à la vie professionnelle. Consommer moins et vivre en dessous de ses moyens financiers pour gagner sa liberté. Pour Dimitri Léonard, spécialiste du monde du travail de l’emploi (ULB), « le frugalisme peut se voir comme une réponse, une réaction, à la dictature de la réussite sociale. » Un mode de vie auquel adhèrent de plus en plus de quinquagénaires. Désireux de vivre enfin. Pour eux. Les enfants partis, la maison payée. S’épuiser au travail ? Pourquoi ? Pour qui ? Travailler plus pour gagner plus ? So what ?

Qui sont ces adeptes du frugalisme ?

« Un matin, je me suis mise à pleurer sur moi-même déclare Mélanie D., 55 ans. Ma vie de cadre dans une multinationale me semblait sans avenir. Avec ces journées identiques, stressantes, peu épanouissantes. Célibataire, sans attaches familiales, j’ai décidé de dire stop. De revoir mes priorités pour aborder sereinement la seconde partie de ma vie. Et me réaliser dans des projets de longue date, comme l’écriture. Je dépense moins, je sors peu ou plus, mais je peux faire ce que je veux. M’investir dans des associations qui me touchent  ajoute-t-elle. » Un témoignage choisi parmi d’autres, qui apporte quelques éléments pour dresser le portrait-robot du frugaliste.

« Le frugaliste est souvent d’une personne diplômée, aux revenus élevés, issue des classes moyennes supérieures. Un individu qui choisit un mode d’existence plus modeste, pour une nouvelle quête de sens » explique Dimitri Léonard. Une démarche qui touche tant les femmes que les hommes, souvent présents dans la tranche d’âge des 40 à 50 ans.
S’il souhaite arrêter de travailler, le frugaliste n’est pas oisif pour autant. Sa démarche, souvent réfléchie depuis longtemps, vise à lui permettre de vivre ses projets, de profiter de ces longues décennies à venir. Et de se libérer de ses angoisses professionnelles. Pour lui, qu’importe le besoin de posséder ces signes de richesse extérieure qui concrétisent une vie professionnelle réussie. Grosse voiture, grosse villa, vêtements de marque… autant de symboles d’une surconsommation.
Sur les forums, les témoignages font état de nouveaux parcours de vie, moins lucratifs mais plus heureux. Avec des investissements personnels dans des ONG, des associations locales, des activités artistiques… Une volonté aussi de se détacher d’un milieu professionnel jugé toxique, stressant. L’avis de personnes en burn-out qui ont donc dit stop à leurs carrières.

Un projet qui se prépare

Ce mouvement vous inspire ? Vous donne envie de renoncer à une vie professionnelle qui ne se révèle plus satisfaisante ? Soit, mais franchir le pas ne peut se faire sans une profonde réflexion. Sur votre capital à disposition, notamment. Estimé à quelque 25 fois le montant de vos dépenses annuelles. Un calcul qui diffère forcément d’une personne à l’autre, en fonction de votre train de vie. Mais l’argent n’est pas tout. Serez-vous capable de vivre bien plus modestement , de sacrifier une large partie de vos dépenses actuelles ? D’autres éléments doivent aussi être mûrement réfléchis. Comme un certain isolement social auquel il faudra faire face, un niveau de vie réduit à supporter sur le long terme. Sans oublier le regard des autres, dont celui de votre famille, sur votre mode vie. Qui alternera souvent entre envie et jalousie, moquerie. Des éléments loin d’être négligeables quant à la réussite de votre projet.

Le frugalisme, ce beau rêve (in)accessible

Force est de constater que vivre hors du monde du travail ne restera probablement qu’un beau rêve pour la majorité d’entre nous. Inaccessible financièrement, sauf à pouvoir profiter de revenus conséquents. Fruits d’investissements réussis, d’épargne drastique ou d’un bel héritage. Mais l’idée de frugalisme n’est pas forcément un mirage. Même sans être concrétisée, elle a surtout le mérite de susciter une réflexion sur les désirs que l’on peut avoir à la cinquantaine. Une remise en question de notre mode de vie actuel, axé sur la performance et la consommation à outrance. A-t-on vraiment besoin de tout cela ?
Il n’est jamais trop tard pour souhaiter revoir ses priorités. Pour les frugalistes, le travail n’en fait plus partie. Qu’en est-il pour vous ?


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