syndrome du grand coquelicot

Le syndrome du grand coquelicot, quand la réussite féminine dérange

Les femmes n’auraient-elles pas le droit de s’élever au-dessus de la mêlée ? Une question au cœur du syndrome du grand coquelicot, typiquement féminin.

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Si les « girlboss » connues du grand public symbolisent la réussite que connaissent certaines femmes, cette avancée sociale n’est pas forcément vue avec le même regard positif par tous. Sortir du lot peut être un piège. Au point de générer un phénomène négatif au nom pourtant très poétique : le syndrome du grand coquelicot.

Le syndrome du grand coquelicot, de quoi s’agit-il ?

En politique comme dans les affaires, un plafond de verre recouvre encore trop souvent l’ambition que pourraient avoir les femmes. Un phénomène défini par les professionnels sous le nom de syndrome du grand coquelicot ou « tall poppy syndrome ». Son origine remonte à l’année 1984, popularisée par l’essayiste et poétesse Susan Mitchell avec son bestseller Tall poppies (Grands coquelicots). Ce syndrome résume cette attitude néfaste de dénigrer les femmes qui réussissent et obtiennent des résultats supérieurs à leurs homologues masculins (et/ou féminins). L’image du coquelicot est liée à cette fleur parfois plus grande que les autres dans un massif et que l’on coupe pour que rien ne dépasse. Ce syndrome n’a rien de marginal, comme le souligne la plus grande étude jamais menée sur le sujet. Réalisée par la CEO Rumeet Billan, créatrice du site Women of Influence, et basée sur l’avis de 4710 participantes dans 103 pays. Elle montre notamment que 86,8% des femmes interrogées ont subi ce syndrome dans une collectivité.

Pourquoi ce comportement ?

« Il serait erroné de penser que ce phénomène est lié à un face-à-face homme-femme. Certaines femmes peuvent être jalousées également par d’autres femmes. Peut-être moins performantes ou simplement moins ambitieuses. La réussite de collègues féminines peut être vue comme une menace sur sa propre carrière, voire comme la marque d’une sous-estimation de ses capacités. Ces femmes et ces hommes vont développer une forme de harcèlement liée à leurs propres souffrances de ne pas pouvoir se démarquer des autres », explique Sophie Renoir, coach de vie.

Quels sont les effets du syndrome du grand coquelicot ?

Une attitude délétère sur laquelle peu de femmes peuvent mettre ce nom de syndrome du grand coquelicot. Bien peu connu du grand public. Une thématique qui induit de nombreux effets négatifs au quotidien. Sur le lieu de travail comme en dehors. Pour 85,6% des femmes interrogées par Rumeet Billan, le premier effet de ce syndrome concerne une hausse du niveau de stress. Le second impacte la santé mentale des femmes ciblées, sans cesse rabaissées, et la troisième conséquence concerne une baisse de leur productivité. 
Dans la pratique, ce syndrome du grand coquelicot se caractérise par des tâches subalternes, la sensation d’être ignorée et d’être mise de côté au moment des promotions. Avec la tentation d’échapper à cette ambiance par la seule voie possible : la démission. « Certaines femmes de valeur ciblées par ce syndrome du grand coquelicot peuvent aussi développer un autre trouble, le syndrome dit de l’imposteur. Sous le feu des critiques incessantes pour les dévaloriser, ces femmes qui réussissent peuvent perdre une part d’estime de soi et ne pas se sentir à leur place, en haut de l’échelle », conclut Sophie Renoir.

 

Photo Shutterstock.


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