illettrisme

L’illettrisme ne doit plus être une fatalité

Dans notre société de l’image et de l’information en continu, des femmes et des hommes peinent encore à faire face aux difficultés de l’illettrisme. Fort heureusement, des solutions et des aides existent pour progresser.

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La crise de l’enseignement générée par les décisions politiques a remis en lumière un drame bien présent en Belgique : l’illettrisme, appelé aussi analphabétisme, subi par celles et ceux pour qui lire et écrire se révèle pour le moins compliqué. Depuis plusieurs années, le pourcentage de personnes illettrées reste stable, sans amélioration notable. Une minorité silencieuse de la population, estimée à 10%, incapable de maîtriser les connaissances du CEB (Certificat d’Etudes de Base).

Un phénomène dont les effets délétères se révèlent encore plus poignants en cette période de crise sanitaire. Obligés d’étudier à la maison, de nombreux enfants ne peuvent compter sur l’aide des parents, incapables d’accompagner leur apprentissage scolaire. Il est bien difficile, voire impossible de dresser un profil-type de la personne en mal de lecture sans verser dans le cliché à la Zola. Allochtone (à concurrence de 70%) mais aussi autochtone, la personne analphabète est généralement issue de la classe d’âge des 20 à 50 ans, à concurrence de 51%. « Parmi les illettrés plus de 56% sont des femmes » précise l’asbl Lire et Ecrire. Au niveau socio-professionnel, quelque 31% des illettrés relèvent du CPAS et « 27% sont sans revenus. »

Un souci loin d’être propre à la Belgique puisque les études disponibles tablent sur quelque 800 millions de personnes analphabètes dans le monde, dont les deux-tiers seraient des femmes.

Témoignage : « La honte m’empêche d’apprendre à lire »

Ne pas savoir maîtriser l’écrit ne se clame pas sur tous les toits. Mais il suffit parfois d’en parler autour de soi pour détecter un signe, un regard qui démontre que l’on a touché un point sensible. Comme cette voisine sud-Américaine, Isabel (prénom d’emprunt), la quarantaine, venue sonner avec gêne pour l’aider à remplir un document administratif basique : « Depuis mon arrivée en Belgique, je n’ai pas encore réussi à apprendre le français. Je trouve la langue trop difficile. Et je n’ose pas avouer cette situation, pour ne pas gêner mes enfants face aux autres. » Une maman qui tombe dans le piège typique de l’illettrisme, celui de l’auto-exclusion et du sentiment de culpabilité qui l’accompagne trop souvent.

Analphabète ou illettré ?

Souvent associés pour décrire un même phénomène, l’illettrisme et l’analphabétisme sont-ils semblables ? Un débat, probablement dénué d’intérêt pour les acteurs de terrain, qui n’a pas encore été réglé de façon définitive, tant les frontières entre les deux notions se révèlent ténues. Le Petit Larousse définit l’analphabète comme une personne qui « ne sait ni lire, ni écrire » et l’illettré comme un individu « inculte, qui est partiellement ou complètement incapable de lire et d’écrire. » Aujourd’hui, le terme illettré est désormais accepté comme un synonyme d’analphabète fonctionnel, incapable d’utiliser l’écrit dans sa vie quotidienne.

L’aide des écrivains publics

Pour qui éprouve des difficultés avec l’écrit au quotidien, le recours aux écrivains publics constitue une solution d’autant plus intéressante que l’aide obtenue est gratuite. Une assistance à découvrir sur le site http://www.espace-écrivain-public.be pour découvrir l’écrivain public le plus proche et sur lequel vous pouvez vous inscrire pour une formation d’écrivain public. Une idée sympathique à conseiller à celles et ceux qui souhaitent consacrer un peu de leur temps à autrui. Une activité bénévole qui s’effectue avec (et non pour) la personne qui vient réclamer de l’aide. Un écrivain public qui peut aussi orienter la personne vers les services sociaux de la commune.

L’illettrisme : d’autres solutions existent

Aujourd’hui, l’illettrisme concerne tout aussi bien les migrants que les couches populaires de la population. C’est à ces groupes que sont destinés les cours proposés par les différents acteurs sociaux. Dans la partie francophone du pays, des asbl se consacrent à faire reculer ce véritable handicap. A l’instar de Lire et écrire (https://lire-et-ecrire.be ) qui propose des formations et de nombreux éléments pédagogiques destinés aux élèves. Comme ce module particulièrement destiné aux personnes peu familiarisées avec le numérique. On y apprend le maniement d’une tablette et les fonctions de base, comme l’envoi et la réception de mails ou l’installation d’applications.

La Flandre et la partie néerlandophone de Bruxelles ne sont pas en reste avec le Centrum voor Basiseducatie (https://www.basiseducatie.be/centra ), présent à Bruxelles avec l’association Brusselleer (disponible ici : https://www.basiseducatie.be/brusselleer )

Outre l’action de ces centres et asbl, des formations d’apprentissage à l’écriture et à la lecture sont proposées par les centre de promotion sociale et les CPAS.

Des applications pour adultes

Pour qui souhaite apprendre le français, lu et écrit, il existe de nombreuses applications. Souvent destinées aux plus jeunes, peu sont réellement destinées aux adultes. Contrairement à J’apprends. Une appli française conçue pour iPad. Un apprentissage du français pour débutants axé sur des situations de la vie quotidienne. Un côté ludique bienvenu. L’appli gratuite est disponible sur https://apps.apple.com/fr/app/japprends/id1479864173 et sur https://play.google.com/store/apps/details?id=com.SmallBang.japp


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