clitoris

Les derniers secrets du clitoris 

Tabou au 19e siècle, le petit organe qu’est le clitoris est étudié scientifiquement depuis les années 60. Une dernière étude vient de parfaire sa connaissance.

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Qui ne connaît le clitoris et sa forme d’oiseau ? Il s’affiche sur les murs de bien des villes comme symbole féministe, se décline en posters, calendriers, bijoux, peluches, bonbons, s’affiche sur des foulards, tee-shirts et autres chaussettes. Et ce petit organe, dédié au seul plaisir, a une histoire mouvementée car au fil des siècles, il fut apprécié puis oublié et même honni avant d’être redécouvert au 20e siècle.

L’Antiquité le connaissait puisque Hippocrate (né en – 460 et mort en – 377) l’appelait le “serviteur qui invite les hôtes”. Pour le médecin grec, le clitoris était essentiel à la jouissance et à la reproduction car, croyait-on alors, il fallait que la femme atteigne l’orgasme pour qu’elle tombe enceinte ! Question d’échange de fluides. Fort de cette croyance non-scientifique – mais qui s’en plaindra ? – , le Moyen Âge n’hésita pas à donner moult conseils aux couples pour que la femme orgasme pendant le rapport afin qu’un enfant puisse être conçu. On recommanda même aux femmes infertiles de frotter la petite protubérance et de l’enduire d’huile parfumée. Le clitoris était alors apprécié et caressé. Au 18e, siècle des Lumières et du libertinage, il fut particulièrement choyé ; le médecin et philosophe français Julien Offray de La Mettrie l’appela le “bouton de rose” dans son essai L’Art de jouir publié en 1751. Mais le siège de tant de voluptés n’était pas pour plaire au 19e siècle si moral. Le clitoris devint tabou. Certains médecins préconisèrent même de l’exciser pour éviter l’hystérie, la masturbation, la lascivité et autre nymphomanie ! Ainsi, le gynécologue Isaac Baker Brown, président de la Medical Society of London, pratiqua son ablation – appelée clitoridectomie – comme traitement de l’épilepsie, la catalepsie et l’hystérie et ce, sans le consentement ou la compréhension de la patiente ! Un abus qui lui valut de perdre sa présidence et son emploi à l’hôpital St Mary de Londres. Mais l’excision continua à être pratiquée jusqu’en 1935 aux États-Unis. Parmi les folies anti-plaisir clitoridien, on citera encore les recommandations de John Harvey Kellogg (1852-1953), l’inventeur des céréales qui, dans ses établissements de santé de Battle Creek aux États-Unis, préconisait d’appliquer de l’acide phénolique pur sur le clitoris pour calmer l’excitation féminine et la masturbation diabolique. Dans ses sanatoriums, le bon docteur donnait d’ailleurs à manger ses célèbres céréales pour calmer les ardeurs onaniques de ses patients et patientes….

Érection du clitoris

Il fallut attendre les années 60 du 20e siècle pour que les scientifiques s’intéressent à nouveau au clito. Grâce à certaines études dont celles de la gynécologue française Odile Buisson qui mit en évidence sa structure globale, on sait que le clitoris est bien davantage que ce petit bouton de rose qui émerge du sexe féminin mais un organe d’une dizaine de centimètres qui, dans sa forme globale, ressemble à une fleur à moins que ce ne soit un oiseau et qui, dans son fonctionnement, est proche de celui du sexe masculin. Sa partie extérieure est un petit gland extrêmement sensible surmonté d’un capuchon relié par une tige à deux corps caverneux et deux bulbes vestibulaires, les équivalents des corps caverneux et spongieux du pénis. Comme le sexe masculin, lors de l’excitation, les parties intérieures se gorgent de sang et le clitoris entre en érection, augmente de volume et change de couleur. Stimulées lors d’une pénétration, les parties profondes et internes du clitoris qui entourent le vagin entraînent la jouissance. Dès lors, l’opposition entre orgasme vaginal et clitoridien est caduque !

De nouvelles découvertes viennent d’être faites et on apprend que cet organe est encore plus sensible qu’on ne le pensait. On accordait à son seul gland quelque 8.000 terminaisons nerveuses – soit environ le double du gland du pénis – mais voilà que fin octobre, lors du congrès de la Sexual Medicine Society of North America et de l’International Society for Sexual Medicine, des chercheurs de l’Oregon Health & Science University ont annoncé que le gland du clitoris était doté de plus 10.000 terminaisons nerveuses, 10.280 très exactement. À titre de comparaison, le poignet et la main en contiennent environ 18.000. Le chirurgien Blair Peters qui a fait l’annonce de cette découverte, a expliqué qu’elle pouvait aider les femmes ayant subi des mutilations génitales ou des lésions nerveuses accidentelles lors d’une labiaplastie ou les personnes qui changent de genre et veulent faire une phalloplastie.

 

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