Bien que le plaisir soit souvent présent, l’orgasme et la jouissance restent plus rares pour les femmes. Une étude récente révèle que seulement 65 % des femmes hétérosexuelles et 86 % des lesbiennes atteignent l’orgasme fréquemment, contre 95 % des hommes (1). Ce « fossé orgasmique » persiste tout au long de la vie, avec des taux d’orgasme chez les femmes variant entre 46 % et 58 %, contre 70 % à 85 % chez les hommes (2). Les normes socioculturelles, une éducation sexuelle biaisée et des attentes centrées sur la pénétration contribuent à cette disparité. Il est essentiel de repenser ces codes pour favoriser une satisfaction plus équitable.
Stress et anxiété, premiers obstacles à la jouissance
Mais on se focalise ici sur une autre étude américaine de 2018 qui épingle les éléments rendant la jouissance difficile. Après avoir interrogé quelque 913 femmes de plus de 18 ans, trois chercheurs et chercheuse de l’université de Valparaiso dans l’Indiana, David Rowland, Laura Cempel et Aaron Tempel ont d’abord constaté que les femmes étaient effectivement nombreuses – pas moins de la moitié – à connaître des difficultés orgasmiques. Notons que toutes n’étaient pas perturbées par cette réalité. Pour plus d’une sur trois, cela ne posait pas de problème. Elles n’avaient pas le sentiment d’être inaccomplies, de perdre leur féminité, si elles ne connaissaient pas la jouissance. Les chercheurs ont ensuite constaté que le premier obstacle à la jouissance féminine est le stress et l’anxiété (58 %). On ne s’étonnera pas de ce pourcentage car la jouissance a besoin de lâcher prise et de détente pour surgir. Mais la vie – si ce n’est la double vie – que mènent les femmes, n’est guère propice à la détente. Sans compter que plus on angoisse à l’idée de ne pas avoir d’orgasme, moins on l’aura. On apprend la pleine conscience pour déstresser et être dans le moment de la rencontre intime.
Excitation insuffisante
Deuxième raison invoquée: l’excitation ou les stimulations insuffisantes (48 %). On ne dira jamais assez aux hommes que le plaisir féminin s’obtient difficilement si le rapport se limite à la seule pénétration. Il faut intégrer tous les jeux sensuels et sexuels, parmi lesquels les baisers, les caresses génitales et le sexe oral qui sont les trois meilleurs moyens d’offrir l’orgasme aux femmes. On se regarde, s’embrasse, se caresse, se lèche en faisant attention à la hypersensibilité du clitoris. Il faut l’approcher avec la plus grande douceur ! Mais si les hommes doivent connaître ce trio magique et ne pas limiter le rapport sexuel au coït, les femmes peuvent ne pas se contenter de subir ou suivre leur partenaire mais lui dire ce qu’elles aiment.
Un rapport trop bref et manque de confiance
Autre cause invoquée : la brièveté de la relation sexuelle (40 %). Les rapports sont trop courts pour que les femmes jouissent. On le sait, la durée moyenne d’un coït est de 5 minutes alors que les femmes ont besoin généralement de 12 minutes (et même davantage) pour jouir lors d’une pénétration. À nouveau, il faut changer les comportements, ne pas se contenter d’une rapide pénétration mais élargir les scripts sexuels pour y intégrer tout ce qui fait plaisir aux deux partenaires.
Quatrième élément qui nuit au plaisir : l’image du corps (28 %). Ce problème se dépasse aussi même si le travail est assurément lent et long. Mais pour y aider, on soulignera que si l’excitation masculine se nourrit du visuel, elle n’a pas besoin de la perfection physique.
Douleurs, lubrification et soucis de santé
Autre cause, la cinquième : la douleur ou l’inconfort physique (25 %). Sans doute est-il important de dire à l’autre son inconfort et de changer de position si elle est douloureuse.
Sixième élément : le manque de lubrification (24 %). Souvent la lubrification est insuffisante en raison de changements hormonaux, prise de médicaments, de manque d’hydratation comme d’excitation. Mais des produits performants existent sur le marché : des lubrifiants à l’eau ou à base de silicone ou encore à l’huile qui facilitent le plaisir.
Septième cause d’importance évoquée par l’étude : les problèmes de santé et les médicaments (17 %). Quoi de plus normal qu’en cas de souci de santé, la jouissance ne soit pas au rendez-vous.
Les autres causes proposées par l’étude ont récolté moins de 10 % de réponses.
La jouissance et les causes souvent liées les unes aux autres
Bien sûr, ces causes peuvent se cumuler et elles s’additionnent d’autant plus que souvent elles sont liées. Le stress peut être dû à une mauvaise image corporelle de soi et le manque de lubrification peut être redevable à la rapidité du rapport et entraîner des douleurs.
Mais la bonne nouvelle, c’est que ces obstacles à la jouissance féminine peuvent être dépassés. L’orgasme féminin pourrait être plus fréquent pour peu que le couple change ses comportements sexuels et sorte d’une sexualité rapide et axée sur la seule pénétration. Sans doute davantage d’hommes doivent-ils être plus attentifs au fonctionnement sexuel de leur partenaire féminine. Mais celles-ci doivent aussi arrêter de subir et dire ce qui les fait jouir. La chose n’est guère aisée mais la communication sexuelle est essentielle !
(1)Frederick D.A.,St John H.K, Garcia J., Lloyd E. ( 2018) . Differences in Orgasm Frequency Among Gay, Lesbian, Bisexual, and Heterosexual Men and Women in a U.S. National Sample. Archives of Sexual Behavior.
(2)Amanda N Gesselman, Margaret Bennett-Brown, Simon Dubé, Ellen M Kaufman, Jessica T Campbell, Justin R Garcia, (2024).The lifelong orgasm gap: exploring age’s impact on orgasm rates, Sexual Medicine
(3)David Rowland et Laura M. Cempel et Aaron Tempel (2018). Women’s Attributions regarding why they have difficulty reaching orgasm.Journal of Sex et Marital Therapy.