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Les hommes font-ils mal l’amour ?

Oui, les hommes feraient mal l’amour, si l’on en croit l’autrice française Ovidie, qui signe le livre La chair est triste hélas.

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« Les hommes hétéros font mal l’amour« . C’est le constat sans appel d’Ovidie qui publie La chair est triste hélas. Et le verdict – que chacun.e nuancera à sa guise – émane d’une femme qui, côté sexe et plaisirs, est censée s’y connaître. Depuis plus de 20 ans, l’autrice sonde nos comportements sexuels et nos rapports au corps à travers des documentaires, des dessins animés – il y a l’excellente série Libres ! visible sur Arte – , des BD et ouvrages. Ces deux décennies de travaux vus et lus par des millions de personnes suivent l’obtention d’un doctorat et une brève participation à des films pornos – par envie d’émancipation, de radicalité et de transgression, explique-t-elle. Autrefois, Ovidie a encore milité pour un féminisme prosexe, persuadée que la jouissance pouvait mener à la libération des femmes avant de choisir aujourd’hui de ne plus faire l’amour avec des hommes et de leur préférer non pas l’asexualité mais l’autosexualité et les amours saphiques.

« Les hommes font mal l’amour » : les arguments d’Ovidie

Les hommes hétéros (ou certains hommes hétéros du moins) sont de piètres partenaires au lit pour de multiples raisons, qu’elle énumère au fil des pages :

  • Parce qu’ils ne soucient pas du plaisir de leur partenaire
  • Parce qu’ils sont obsédés par la bandaison et la pénétration
  • Parce qu’ils font mal, étranglent ou giflent quand ils font l’amour
  • Parce qu’ils pénètrent trop longtemps
  • Parce que sous l’influence du porno, ils veulent des gorges profondes et des rapports anaux
  • Parce qu’ils veulent que les femmes soient toujours parfaites
  • Parce qu’ils humilient et rabaissent quand ils sentent leur virilité menacée
  • Parce qu’ils violent leur partenaire pendant son sommeil
  • Parce qu’ils font des chantages amoureux pour avoir du sexe

Les femmes doivent prendre conscience de leurs conditionnements sexuels

On ne souscrit pas au constat englobant et généralisateur, ni à titre personnel, ni à titre de sexologue qui reçoit si régulièrement dans son cabinet des hommes qui sont soucieux – ou se disent soucieux – des plaisirs de leur partenaire ou des femmes qui refusent les préliminaires et ne veulent que le coït.

Mais au-delà de ces jugements presque haineux sur les hommes au lit, l’ouvrage d’Ovidie reste intéressant à plus d’un titre. D’abord il ne prétend pas être un essai mais se présente tel un “exutoire”, un “texte cathartique”. Et comment condamner une femme qui dit toute sa déception, même avec rage ? Ensuite, il invite à prendre conscience des conditionnements sexuels de genre intégrés par les femmes. Celles-ci sont éduquées à servir les désirs de leurs partenaires masculins. Elles sont transformées en objets de désir et “poupées démembrées” dont chaque partie – nez, bras, sexe, seins, lèvres… – doit être parfaite. Elles se transfigurent physiquement, se font souffrir pour être “baisables” et rester “bandantes” . Elles se disent contentes quand leurs partenaires masculins sont satisfaits. Identifier ces conditionnements permet de les rejeter. Ou pas. Enfin La chair est triste hélas montre l’importance pour les femmes de connaître leur sexualité et de la communiquer à leur partenaire. Il ne faut pas oublier ses jouissances. Dire ce qu’on veut et ce que l’on aime est essentiel pour que l’amour physique ne soit pas le diktat des envies de l’un sur l’autre mais un partage de plaisirs.

La chair est triste hélas est paru aux éditions Julliard, 160 p., 18 euros

 

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