Au début, le sexe se vit en mode passion dans les couples. Et puis obligatoirement, avec les ans, il se calme quand il ne s’éteint pas. C’est que le désir, dans sa dimension physiologique en tout cas, n’aime guère la sécurité affective qu’offre une relation amoureuse. Le temps fait baisser la fougue première comme la satisfaction. Pourtant certains couples parviennent à conserver une belle sexualité et à se sentir épanouis. Que mettent en place ces hommes et ces femmes pour entretenir la flamme érotique ?
Comment vivre une intimité positive ?
Depuis toujours, la question interpelle les sexologues et psys parmi lesquels Kaitlyn Goldsmith. La psychologue canadienne, chargée de cours à l’Université de Colombie-Britannique et sa collaboratrice Sandra Byers ont publié en 2023 les résultats de leur étude (1) menée auprès de 495 personnes âgées de 18 à 30 ans engagées dans une relation amoureuse allant de 6 mois à 10 ans. Les deux chercheuses ont interrogé des Canadiens et Américains sur leurs sentiments de bonheur, leurs désirs d’engagement, les mots d’amour échangés, les sentiments d’attachement, les amis communs fréquentés, l’idéalisation romantique du partenaire – “a-t-il ou a-t-elle les qualités que j’attends ?” – les photos qu’ils ont de l’autre, les gestes et baisers échangés pour se dire bonjour et au revoir… Elles ont encore questionné leurs fantasmes, l’intégration ou non du partenaire à ces fantasmes, la fréquence des rapports sexuels, leur idéal sexuel, les liens entre cet idéal et le partenaire, le consentement, les rapports acceptés mais pas vraiment désirés, la pratique de la masturbation, sa fréquence, le recours à la pornographie. Les questions étaient aussi nombreuses que diverses, émotionnelles, relationnelles et sexuelles.
Dans les couples qui durent, la joie est centrale
Nos deux psychologues voulaient mettre en évidence les comportements qui participent au bonheur du couple. Kaitlyn Goldsmith et Sandra Byers ont constaté combien au niveau relationnel, la bonne communication était importante et combien il fallait se montrer agréable et même joyeux avec son partenaire. Une observation qu’il est intéressant de souligner car beaucoup de couples ont tendance à considérer leur partenaire comme le déversoir de leurs angoisses personnelles et inquiétudes professionnelles. Ils se confient et voient l’autre comme un soutien – ce qu’il est – en oubliant qu’il est important de partager aussi (et surtout) des moments positifs.
Rêver l’autre
Et comme l’affectif et le sexuel se renforcent, se concentrer sur ce qu’elles appellent « le côté romantique » de la relation a un impact positif sur la vie sexuelle. Sur ce dernier plan, les deux psys canadiennes ont fait ressortir que les couples étaient d’autant plus épanouis sexuellement qu’ils fantasmaient leur partenaire ! Plus ils intégraient la personne avec qui ils étaient en relation dans leurs productions imaginaires érotiques, plus ils se sentaient satisfaits de leur vie intime. De même, plus ils voyaient l’autre comme un partenaire sexuel idéal, mieux ils vivaient leur sexualité. Un constat qui vaut aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Dernier élément mis en avant par l’étude : la fréquence des relations. Plus les partenaires avaient une activité sexuelle régulière, plus ils considéraient positivement leur sexualité.
Faire l’amour régulièrement contribue au bonheur des couples
La fréquence sexuelle et la communication intime sont aussi pointées par une étude de 2017 intitulée “What keeps passion alive?” “Qu’est ce qui maintient la passion?” (2). Le docteur en psychologie David Frederick de l’Université Chapman en Californie et ses associés ont interrogé pas moins de 38.747 hommes et femmes en couple depuis au moins trois ans. Ils ont constaté que ceux qui étaient les plus satisfaits sexuellement, étaient ceux qui avaient des relations sexuelles le plus fréquemment et qui disaient à leur partenaire ce qu’ils aimaient en la matière, évoquaient leurs plaisirs et envies. Le dr Frederick a encore pointé que les couples les plus satisfaits étaient ceux qui recevaient plus de relations sexuelles orales, avaient des orgasmes plus constants et incorporaient une plus grande variété d’actes sexuels.
Ainsi vivre une belle intimité sur la durée tient à des facteurs aussi relationnels qu’émotionnels et sexuels. On s’efforcera donc de rester agréable et séduisant pour l’autre, on s’attachera aux qualités de son partenaire plutôt qu’à ses défauts, on fera régulièrement l’amour, on fantasmera celui ou celle avec lequel ou laquelle on vit, on lui fera des fellations et on recevra des cunnis, on se confiera sur ses envies, on sortira de la routine, on changera, jouera, innovera… Attention, pas besoin de le faire à chaque relation, ni d’aller expérimenter toutes les positions du Kama-Sutra. Il s’agit bien plutôt de se laisser porter par son imagination érotique et parfois de simplement changer de lieu ou de moment. On n’oublie pas combien il est important de se soucier de sa sexualité pour qu’elle perdure de façon positive.
(1) Kaitlyn Goldsmith & E. Sandra Byers (2023) Factors associated with sexual satisfaction in mixed-sex long-distance and geographically close relationships, Sexual and Relationship Therapy.
(2) David A. Frederick, Janet Lever, Brian Joseph Gillespie & Justin R. Garcia (2017) What Keeps Passion Alive? Sexual Satisfaction Is Associated With Sexual Communication, Mood Setting, Sexual Variety, Oral Sex, Orgasm, and Sex Frequency in a National U.S. Study, The Journal of Sex Research.
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