regret sexuel

Quels sont vos regrets sexuels?

Les femmes ont tendance à regretter d’avoir vécu trop de sexualité. Au contraire des hommes…

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Les regrets! Toutes et tous, nous en avons, des petits et des grands, des légers et des profonds, des passagers et des obsessionnels. Nous pouvons regretter mille et une choses:  ne pas avoir dit les mots qu’il fallait quand il fallait, avoir trop parlé, avoir raté l’achat de la maison de ses rêves, ne pas avoir appris la musique ou la peinture, avoir consacré trop de temps à travailler, ne pas avoir pensé assez à soi, avoir été trop agressif.ve avec un.e ami.e, ne pas avoir osé un projet, avoir manqué d’ambition…

Des regrets sexuels, mais pas que !

En amour aussi, nous avons des regrets, comme nous le montre une vaste étude menée en plusieurs volets par l’Université de Californie à Los Angeles(1). Et on y découvre combien ces repentirs sexuels ne sont pas du tout les mêmes que l’on soit femme ou homme !  Voyez plutôt ! Dans le deuxième volet de l’étude menée auprès de 239 femmes et 156 hommes, toutes et tous hétéros, elles sont 24 % à regretter la perte de leur virginité avec un homme auquel elles n’étaient pas attachées. Les hommes ne sont que 10 % à éprouver ce sentiment. Elles sont 23 % à culpabiliser d’avoir trompé leur partenaire passé ou actuel, contre 18 % pour les hommes. Autres regrets : avoir couché trop vite pour 20 % d’entre elles (10 % pour les hommes.) ou avoir eu une relation avec un homme peu attrayant pour 17 % des participantes (10 % pour ces messieurs) ou un homme qui a feint de s’engager (17 %).

Ces regrets si genrés sont confirmés par le troisième volet de l’étude californienne. Mené cette fois auprès de 24.200 personnes, il a montré que pas moins de 43 % des femmes ont regretté être allées trop vite au lit ou s’être engagées dans trop d’activités sexuelles avec leur partenaire actuel ou passé. Les hommes par contre regrettent de ne pas en avoir assez vécu. Ils auraient aimé avoir vécu plus de sexe et connu plus d’aventures sexuelles occasionnelles. Ils regrettent de ne pas avoir quitté plus vite leur femme pour vivre de nouveaux rapports ! Leur premier regret, partagé par 27 % des participants du deuxième volet de l’étude américaine, c’est le fait de s’être montré trop timide par rapport aux femmes et de ne pas avoir dit leurs désirs (contre 10 % pour les femmes). Viennent ensuite : ne pas avoir été plus audacieux sexuellement pour 23 % (7 % pour les femmes) quand ils étaient jeunes et ne pas avoir davantage profité de leurs années de célibat pour 19 % des hommes (8 % des femmes). On note quand même que 16 % des femmes (contre 8  % pour les hommes) ont des regrets liés à une aventure manquée à cause du « qu’en dira-t-on »…

Comment comprendre de telles différences entre les sexes ? Andrew Galperin qui dirigea l’étude, avance des explications liées à l’évolution. Les deux sexes, le féminin comme le masculin, qui dans cette étude, ont le même pourcentage (58 %) d’aventures sexuelles occasionnelles, veulent transmettre leurs gènes mais cette ambition commune a des coûts différents pour les unes et les autres. Pour les femmes, avoir une relation sexuelle peut être lourd de conséquences:  elles peuvent se retrouver enceintes et contraintes d’élever un enfant pendant de longues années. Leurs vies peuvent être impactées durablement par une aventure d’un soir. Elles sont donc plus susceptibles de regretter des actes sexuels occasionnels. Multiplier les aventures et collectionner les hommes n’augmente pas leurs capacités reproductives et leurs chances de transmettre leurs gènes. Elles préfèrent donc la qualité à la quantité.

Pour les hommes, la problématique est juste inverse selon les tenants des explications évolutionnistes. Les hommes ne doivent pas se préoccuper des conséquences de leurs actes sexuels puisqu’ils ne prennent pas en charge l’éducation des enfants. Pour transmettre leurs gènes, ils peuvent multiplier les aventures et quand ils en ratent une, ils manquent une occasion de se perpétuer…

Bien évidemment, ces éléments peuvent jouer. Nous héritons des comportements de nos lointains ancêtres mais les explications évolutionnistes sont quelque peu simplistes car les mâles ont tout intérêt à se préoccuper de la grossesse des femelles et du bien-être de leur progéniture s’ils veulent que leurs gènes se perpétuent. De plus, la sexualité humaine est un comportement marqué par la culture. Comment ne pas voir l’influence de la domination patriarcale dans ces regrets sexuels si différents en fonction des genres. Aujourd’hui encore, malgré les luttes féministes et la révolution sexuelle, notre société envisage différemment les comportements sexuels féminins et masculins. En ce troisième millénaire, même en Occident, les jeunes femmes qui ont une sexualité libre et non émotionnelle, sont davantage que les hommes, critiquées et stigmatisées.

Peut-être aussi les femmes regrettent-elles leurs aventures sexuelles car elles ne leur ont pas apporté beaucoup de satisfactions érotiques. On sait que les femmes ont moins de plaisir lors des premières fois. Souvent lors d’une aventure sexuelle occasionnelle, la pénétration est privilégiée. Or le coït n’est pas ce qui fait jouir le plus facilement les femmes, seules 20 % connaissent l’orgasme si le rapport se limite à cet acte. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de voir que les femmes lesbiennes qui ont participé à l’étude californienne regrettent bien moins leurs aventures sexuelles occasionnelles que les femmes hétéros car ces relations leur apportent davantage de plaisirs sexuels. Elles auraient même tendance à avoir plus de regrets par rapport aux plaisirs manqués ! Comme les hommes.

Mais que l’on soit homme ou femme, réfléchissons à nos regrets pour agir autrement dans le présent et le futur. Bien regretter pour avoir moins de regrets… N’est ce pas Sénèque qui disait: “Nous commençons à vieillir quand nous remplaçons nos rêves par des regrets”.  

(1)(1) Sexual Regret : Evidence for Evolved Sex Differences. Étude de Andrew Galperin, Martie G. Haselton, David A. Frederick, Joshua Poore, William von Hippel, David M. Buss, Gian C. Gonzaga. Étude parue en novembre 2012 dans Archives of Sexual Behavior.


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