Rencontre avec le chocolatier Benoit Nihant en son nouvel atelier

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Parcours atypique, modestie débridée et curiosité insatiable, le Belge Benoît Nihant est l’un des rares chocolatiers à fabriquer son propre chocolat. Le voici désormais comptant parmi la quinzaine d’artisans cacao-féviers répertoriés à travers le monde ! Rien de moins.

Par Joëlle Rochette 

Chocolatier belge emblématique

Life-Magazine

Benoît Nihant est l’un des 15 artisans au monde à fabriquer son propre chocolat, devenant ainsi notoire cacao-févier. Après l’avoir connu, dès ses débuts en 2006, dans son petit atelier du garage familial d’Embourg, nous l’avons retrouvé en son établissement flambant neuf à Awans (province de Liège).

Une belle rencontre, la visite de son superbe atelier tout en transparence puis une dégustation en apothéose. Avec lui, nous avons parlé métier, évolution des entreprises en Wallonie et surtout, fabrication de chocolat !

Votre actualité semble, en 2016, plus riche que jamais. Quelle est-elle ?

Après la parution d’un premier livre*, en 2014, racontant mon parcours dans le métier, je me suis attelé à concrétiser cette évidente nécessité de déménagement.
L’atelier était devenu trop exigu et il nous fallait bouger pour poursuivre au mieux l’évolution de notre entreprise.
Nous avons donc cherché durant deux ans la meilleure implantation dans la région liégeoise, mais en direction de la capitale, et avons trouvé ce terrain disponible sur ce zoning industriel.
Après six mois de travaux orchestrés par Vincent Boveroux, un architecte spécialisé dans le secteur du bâtiment industriel, nous avons pu nous installer dans ce vaste bâtiment de 1300 m2.

Que souhaitiez-vous pour l’architecture de ce beau bâtiment contemporain ?

Life-Magazine

C’est une construction totalement neuve qui représente un outil de travail correspondant parfaitement à notre production. Ce bâtiment joue sur la transparence avec ses murs vitrés et son noir profond pour l’intérieur, apportant l’aspect très contemporain, un peu comme un écrin. Il était important de montrer la transparence avec laquelle nous travaillons et, personnellement, j’apprécie ce qui est épuré. De plus, n’ayant rien à cacher, parce que nous faisons des choses vraies, sincères et honnêtes, je trouve qu’il nous fallait travailler au grand jour, à la vue de tous.

Était-ce aussi une volonté de votre part d’associer si harmonieusement ancien et moderne ?

Life-Magazine

L’atelier contient des machines anciennes que j’ai rachetées pour leurs techniques traditionnelles qui, à mon sens, permettent une meilleure maîtrise et développent mieux les arômes du cacao. C’est le cas du torréfacteur qui a 70 ans et qui est encore actionné avec des lanières de cuir. Il n’en reste plus qu’une dizaine de ce type en activité dans le monde !
Cela apporte beaucoup de charme à l’utilisation. Une broyeuse de fèves pour fabriquer le grué est aussi une machine datant du 19e siècle ; celle-ci pèse 5,5 tonnes ! Il y a aussi, et toujours en activité, les petites machines que j’avais pu créer à mes débuts. Nous gardons ainsi l’esprit et les techniques de l’artisan auxquels je tiens particulièrement.

L’artisanat, la créativité, la singularité sont les éléments fondamentaux de votre projet ?

Life-Magazine

Notre volonté, avec Anne mon épouse, dès l’origine de notre projet en 2006, était effectivement de rester sur trois axes fondateurs : créer un produit d’exception, tant par sa qualité que par son authenticité ; travailler « en famille » car quelle que soit l’évolution de notre entreprise, nous voulions qu’elle garde une taille humaine et enfin garder toute indépendance et travailler en toute liberté.

Comment voyez-vous l’évolution de votre chocolat, de votre entreprise ?

J’ai toujours la même envie de faire les choses différemment. Ainsi, la création de Noël dernier était une grande étoile puzzle où les différentes pièces étaient aussi de différents chocolats (chocolat noir, praliné aux noix de Pécan, …).
Pour Pâques, c’était les poussins jaunes qui étaient en vedettes de nos collections. Aux beaux jours, ce sont les agrumes qui apparaissent. Nous restons également fidèles à notre habitude de créer des collections éphémères. Parallèlement, nous continuerons à développer nos magasins tant chez nous qu’au Japon. Là, nous avons actuellement 13 corners et continueront à en installer d’autres dans les mois à venir. En Belgique ils sont au nombre de 4 et nous cherchons actuellement un rez-de-chaussée pour un ouvrir un supplémentaire à Bruxelles.

Qu’en est-il de votre sens de « l’équitable » ?

J’en suis très soucieux. J’estime qu’il nous faut constamment y veiller. Cela se concrétise, notamment, par l’attention portée à la juste rémunération des planteurs. C’est ainsi que jamais je ne négocie à la baisse le prix que ceux-ci me donnent.
Il faut aussi veiller à ce que les enfants ne soient pas mis au travail sur les plantations ou encore à ce que les ouvriers aient accès à l’eau potable et à l’électricité. Parallèlement, je trouve important que l’on veille à garder les arbres anciens. Ce sont des valeurs fortes et notre devoir, ici en Europe, est d’y être constamment attentif. Cela rend plus attrayant encore ce travail si particulier que je continue à apprécier plus que tout autre. Aujourd’hui, mon rêve atteint, je peux remercier tous ceux qui m’ont permis de pratiquer ce métier et qui m’ont accompagné dans cette belle aventure.


www.benoitnihant.be
Benoît Nihant, de la fève au chocolat – Editions Racine

www.joellerochette.com


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