champagne

Vous saurez tout sur le champagne !

Pourquoi faisons-nous la fête avec du champagne ? Comment le servir au mieux ? Lequel choisir pour nos tables de fêtes ? Les réponses de notre expert et sommelier, Éric Boschman.

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Mais pourquoi faisons-nous la fête avec du champagne ? C’est une longue histoire et même plutôt belle. Tout commence avec Clovis, le Tournaisien, qui va lancer le franc sur le marché royal. Ce bon vieux Cloclo épouse la très catholique Clotilde. Elle ne rigole pas avec le spirituel, la gamine, c’est qu’un Salien vaut mieux que deux tu l’auras, mais pas à n’importe quel prix. C’est elle qui va convaincre son cher mari d’aller se faire baptiser chez ce bon vieux Rémy qui, bien que sans famille, est aussi, accessoirement, évêque de Reims. Qu’est-ce que la real politique de la presque nuit des temps vient faire au milieu du champagne ? C’est que Rémy est l’évêque de Reims et que cette ville se situe en… Champagne.

Le champagne était rouge autrefois

Bon, il est vrai qu’à l’époque le vin de champagne est plutôt rouge et ne pétille qu’au printemps lorsqu’il refermente dans les barriques. Rien à voir avec ce que les vedettes et people ingurgitent pour montrer leur bonheur de faire partie des gens qui comptent parfois. Je vous l’accorde, mais, ce que Clovis vient de faire va être reproduit par tous les rois de France qui lui succéderont, jusqu’à un certain petit énervé qui se mettra la couronne lui-même sur le crâne à Paris. Entretemps, plus de mille ans se seront passés. Lors de chacun des couronnements, surtout dans les temps troublés du bas Moyen- Âge, la partie de l’Europe que nous habitons vivait une période de calme relatif de plusieurs mois. C’est qu’il fallait le temps aux vassaux, cousins et autres copains du futur roi pour se rendre en grand équipage en terre rémoise. Puis, sur place, le truc n’était pas tout à fait expédié en trois minutes, on mangeait, on buvait, on guindaillait pour faire court pendant plusieurs jours et semaines. Toujours au champagne. C’est comme ça que ce vin est devenu synonyme de fête, de plaisir, de marqueur de coup.

Il n’y a que fort peu de temps, au vu de l’histoire, que l’on élabore une boisson effervescente incolore ou rosée dans la zone. Jusqu’au XVIIe siècle, il s’agissait de rouge uniquement ou presque. Mais ça, c’est une autre histoire. Le marketing contemporain du champagne ne fait que s’appuyer sur des références historiques, non pas celles relevant des familles fondatrices de telle ou telle maison, mais bien celles qui sont inscrites dans notre inconscient collectif au moment d’exprimer notre joie. Dans les films américains, il est de coutume de hurler hystériquement avant de se jeter dans les bras des uns et des autres pour montrer que l’on est content. Mon chien, lui, agite la queue. Quant à moi, j’ouvre mon armoire à vins et je prends une bouteille de champagne. En fonction de la hauteur de ma joie, la cuvée sera différente. Dans le monde réel, le champagne sert aussi à honorer les gens. On imagine mal une réception de prestige sans champagne, à moins d’être privé de moyen ou d’avoir un produit local d’exception sous la main mais, dans l’ensemble, c’est THE solution. Quels que soient les champagnes que vous boirez, buvez-les bien et que vos fêtes soient belles !

5 conseils pour vivre le champagne au mieux

1. Flûte ou pas ?
Il n’est pas indispensable d’investir dans 10 sortes de verres différents ! Pour les blancs de Loire, les bourgognes, les rouges du Languedoc, les bordeaux jeunes et les Rhône vieux, en général, si vous optez pour un seul verre à vin, il conviendra pour les blancs ET les rouges.
Vous pouvez utiliser ce même verre pour les bulles… Mais si vous souhaitez un verre spécifique, optez pour une tulipe. Choisissez-la plus large en dessous et plus resserrée vers le dessus. Elle permet au vin de s’épanouir parfaitement. La flûte « resserre » l’acidité et la coupe est destinée à recevoir des boutons de manchette sur un guéridon ou de la crème Mont Blanc, mais certainement plus du champagne.

2. Quelle température ?
Plus on sert un vin froid, plus son acidité ressort. En le servant trop frais, on ne goûtera plus ses arômes. En le servant trop chaud, on risque de manquer d’acidité et de « peps ». L’idéal est de garder les bouteilles à la cave et d’avoir des glaçons prêts au congélateur. On plongera alors la bouteille dans la glace une quinzaine de minutes pour avoir la température idéale. Pour les champagnes millésimés d’exception, la température de cave est parfaite.

3. Faut-il le carafer ?
Plus on monte dans la classe d’un vin, plus il aura besoin d’air. Le carafage est donc autorisé, et même conseillé, pour les champagnes millésimés et les cuvées particulières jeunes. Plus le temps aura marqué le vin, moins la carafe sera indiquée

4. Peut-on le conserver une fois la bouteille ouverte ?
Laissez tomber la petite cuillère en argent dans le goulot de la bouteille. C’est une légende urbaine ! Comme tous les autres vins, le champagne craint par-dessus tout l’oxygène. La bouteille devra donc être refermée au plus vite avec un bouchon à champagne hermétique qui ne laissera pas entrer l’oxygène et ne laissera pas s’échapper le gaz carbonique. Mais honnêtement, hormis dans les Ehpad et en Écosse, vous connaissez beaucoup d’endroits où une bouteille de champagne ouverte n’est pas terminée ?

5. Pur ou pas ?
Une bonne bulle n’a pas besoin d’adjonction de quoi que ce soit… Une bouteille de champagne est le résultat de plusieurs années de travail acharné de la part du producteur, il est indécent de le gâcher avec un trait de cassis ou, encore plus désespérant, un cuberdon congelé pour le rafraîchir. Si on n’aime pas le champagne, on boit autre chose ; le choix est large.

Notre sélection de 9 champagnes de cavistes

Au Chemin des Vignes à Bruxelles (rue d’Idalie, 27 à Ixelles)

Egly-Ouriet « Les Prémices » 58€
17/20 La cuvée la plus abordable de cette magnifique maison, le vin est superbe comme toujours. C’est structuré, racé, très bien fait. À servir à température de cave.

Larmandier-Bernier Rosé de Saignée 67€
17/20 Le rosé de saignée, une micro-tendance dans la région, est un genre de vin assez sportif à produire ; surtout si on veut une régularité dans la qualité. Le but est largement atteint ici, Dieu que c’est bon ! Tout est sur le fruit, c’est joyeux. À mon sens, si on lui laisse le temps, cela peut se développer autour des arômes de Pinot et gagner en puissance.

« Le Cotet » Extra-Brut Blanc de Blancs Jacques Lassaigne 69,9€
18/20 Pour l’apéritif, cela confine à la perfection. Droit, vif, avec une petite touche saline en fin de bouche. Le bonheur c’est facile dans ce genre de moment. Et en plus, vu le côté extra-brut de la cuvée, cela à un petit goût de revenez-y que j’aime assez.

Laherte Frères « Les 7 » 85,45€
17/20 Le champagne préféré de Blanche-Neige, parce que ça lui rappelle la maison. Sérieusement, les 7 sont les sept cépages autorisés dans l’appellation, juste pour info. Hors de cela, on est face à un vin complexe, plein, dense et étonnant par ses saveurs inusitées. À découvrir absolument par ceux pour qui le champagne est un peu plus qu’une bulle joyeuse.

Larmandier-Bernier Vieilles vignes du Levant 2012 130,3€
18/20 Cette maison, petite par la taille, grande par sa réputation, élabore des vins immenses qui tiennent le temps comme peu d’autres. Les Vieilles Vignes du Levant c’est carrément du grand art. Le genre de vin qui fait aimer le vin. Évitez-le à l’apéritif, il est bien trop riche.

Charles Heidsieck « Blanc des Millénaires » 2007 139 €
19/20 Cette cuvée est mon plus grand souvenir de l’an 2000, le blanc des Millénaires fut à cette époque une révélation. Année après année, cuvée après cuvée, cela reste à mon sens et à mes papilles surtout, un très grand vin.

 

Chez Cora Wine (sur Internet) :

Quand une enseigne telle que celle-ci se met au champagne de propriétaire, c’est le moment de la mettre en exergue.

Champagne Laurent Lequart 25,99€
16/20 Tout en rondeur et en volupté, cette cuvée sera parfaite pour la table. Un chapon, quelques champignons des bois, des châtaignes et le tour est joué. C’est joyeux et plein de fruits bien mûrs.

Champagne Forget Brimont 1er Cru 36,49€
17/20 Cela fait deux siècles que la famille travaille la même terre à Ludes et produit du champagne. On est ici sur un vin classique, bien équilibré, long, avec une jolie fraîcheur en fin de bouche. Vous l’aurez compris, j’aime beaucoup.

Champagne JL Vergnon « Conversation » Grand Cru Blanc de Blancs 38,99€
17/20 5e génération pour 5 hectares de vignobles morcelés en 20 parcelles. C’est carrément une partition qui sert de base à la constitution de cette cuvée bien structurée, à la trame fine et délicate. C’est rond en bouche, et je suis persuadé qu’avec un coup de carafe, il sera encore plus beau. Il accompagnera le veau, les volailles et le homard rôti sans jamais faillir. Bref, une belle cuvée de fête.


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