Orient-Express : l’opulence sur les rails

Reading Time: 5 minutes

Revers de fortune

La vie de ce palace sur rails, et plus largement de la société qui le chapeaute (la CIWL, pour Compagnie Internationale des Wagons-Lits, fondée par Nagelmackers en 1872), sera semée de nombreuses embûches, à commencer par la Première Guerre mondiale. Dès 1914, le conflit interrompt la circulation de l’Orient-Express. Il y perdra de nombreuses voitures-lits et voitures-restaurants, détruites, perdues ou réquisitionnées.

Remis sur les rails en 1919, avec de nouvelles voitures en métal (et non plus en bois), toujours plus opulentes et confortables, l’Orient-Express connaît une période faste durant les années folles. Ce qui sert d’écrin aux marqueteries d’Albert Dunn et aux créations verrières de René Lalique connaît alors son âge d’or.

Mais ce nouvel élan est interrompu de 1939 jusqu’en 1946. La CIWL de Nagelmackers sort groggy de la Seconde Guerre mondiale. Enfin, en 1977, c’est le boum du marché aérien qui précipitera la fin de ce joyau du chemin de fer européen. Peu après, plusieurs wagons sont vendus aux enchères, ce qui impliquera une dispersion de ce patrimoine exceptionnel aux quatre coins de l’Europe voire au-delà.

James B. Sherwood, le messie

Sans l’homme d’affaires américain James B. Sherwood, jamais ce train de légende n’aurait été remis sur les rails. Sherwood a rapidement compris l’importance de sauver et de pérenniser ce morceau de l’histoire européenne. Dès 1977, il se met en quête de wagons désaffectés, les fait restaurer dans les règles de l’art jusqu’à ce qu’il parvienne à constituer une rame complète mariant wagons-lits et wagons-restaurants. Cinq ans plus tard, il lance le Venice Simplon-Orient-Express et propose du coup une « nouvelle » expérience de voyage qui n’est autre que la reproduction du mode de déplacement des Léon Tolstoï, Marlene Dietrich et autres Lawrence d’Arabie.

L’expérience

Le parc de voitures d’époque dont Belmond (le groupe hôtelier détenu par James B. Sherwood) dispose aujourd’hui, compte dix-sept exemplaires chinés par-ci par là et provenant d’express aujourd’hui disparus comme le Train Bleu, le Rome Express, l’Étoile du Nord ou encore le Danube Express. On y est accueilli par des stewards portant un uniforme bleu et or ainsi que des gants blancs et qui après un mot de bienvenue vous conduisent à votre cabine où vos bagages ont d’ores et déjà été disposés. Outre les wagons-lits et trois wagons-restaurants, le train compte également un wagon-bar pourvu de fauteuils douillets ainsi que d’un piano. On fait honneur à un tel décor en dégainant smokings et robes de soirée, comme à la Belle Époque.

orient express

Pénétrer dans l’une des voitures-restaurants du train, c’est se retrouver un siècle en arrière, dans un environnement que seuls les grands de ce monde pouvaient fréquenter. La décoration intérieure, très soignée, met en valeur les superbes marqueteries d’Albert Dunn ou de son concurrent français René Prou. Les panneaux muraux exhibent des motifs inspirés par Dame Nature qui collent parfaitement à l’atmosphère distillée par ce train de légende. On trouve ici les matériaux les plus exclusifs et les plus rares, à l’image de la loupe d’acajou, du bois de violette ou encore du bois de rose.


© Fiftyandme 2024