LES TROIS COMMANDEMENTS DE L’INVESTISSEUR

Reading Time: 5 minutes

Cessez de naviguer dans le brouillard. Connaissez-vous vous-même, ne cédez pas à l’émotion et faites du temps un ami.

Arithmétique

Arithmétique

  1. rien n’est solide, tout est fragile. Faut-il rappeler que Maurice Lippens lui-même avait dit dans une interview, il y a de cela plusieurs années, que tout ce qu’il avait construit pouvait être détruit. C’est bien la preuve que le risque zéro n’existe pas, sans que pour cela il doive y avoir malversation, comme ce fut le cas pour les victimes boursières des affaires Enron, Parmalat ou, plus près de nous, Madoff ;
  2. l’information est à la base de tout. Or, monsieur Tout-le-monde, fût-il boursicoteur à ses heures perdues, ne lit pas la presse financière. Si c’était le cas, il aurait diversifié ses avoirs. Il ne se passe pas une semaine sans que ce soit dit et redit, écrit et réécrit dans toutes les langues ;
  3. l’émotion et l’instinct grégaire peuvent faire des malheurs. Si l’argent n’a pas d’odeur, il n’a pas non plus de sentiments. Ou plutôt, ceux qui le manipulent ne font pas de sentiment. Ignorer cela, c’est sortir en t-shirt par moins 15.

Pour contourner ces trois obstacles, il n’y pas trente-six solutions. Il faut, c’est même un must :

  • structurer son avoir ;
  • déterminer son profil d’investisseur ;
  • calculer son horizon temporel.
  1. Structurer son avoir

Vous allez sourire, mais lors des conférences qu’organisent des publications aussi sérieuses que L’Echo, dont on peut imaginer que le public des lecteurs est sérieux lui aussi, on est sidéré de constater que beaucoup d’épargnants ne savent même pas quel est leur patrimoine. Plus exactement, ils n’en connaissent pas le périmètre. Or, c’est la première question que va poser par exemple un banquier privé qui fait connaissance avec son client : quel est le périmètre de votre avoir ?

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il n’est guère aisé de répondre à cette question. Mais avec un peu de bon sens, et en s’inspirant des questions que posent les banquiers privés, on peut procéder comme suit :

  • en dehors de ce qui se trouve sur votre compte à vue et sur un compte d’épargne où se trouve votre réserve de cash, combien avez-vous en banque :
  • autres comptes d’épargne ou comptes à terme ;
  • bons de caisse, obligations, actions, sicav et fonds de placement sur compte-titres ;
  • épargne pension, pension complémentaire libre.

Banque

Vous devez évidemment procéder à cet inventaire dans toutes les banques où vous êtes client ;

  • après avoir scanné votre avoir bancaire, qu’avez-vous en contrats d’assurance :
  • assurance vie, assurance de groupe ;
  • autres produits d’assurance des branches 21 et 23 ;
  • assurance pension ;
  • engagement individuel de pension (ex-assurance dirigeant) ;

shutterstock_236935735

Après ce double inventaire mobilier, passez à l’immobilier :

  • que possédez-vous comme biens de ce type :
  • maison ou appartement familial ;
  • autres biens mis ou non en location ;
  • immobilier « papier » comme les certificats fonciers ou les sicafi.

Si vous avez une petite réserve en métal précieux, tenez-en compte. Cet exercice terminé, vous aurez une idée plus précise de ce que vous possédez. C’est indispensable pour passer aux deux étapes suivantes. 

  1. Déterminer son profil d’investisseur

Le fameux « gnôti seauton » – litt. « connais-toi toi-même » – de Socrate prend ici toute sa mesure. On n’est pas dans l’émotion, mais on n’est pas non plus dans le rationnel à 100%. Un profil d’investisseur, c’est une sorte de passeport financier. La comparaison avec le passeport est intéressante parce qu’on trouve dans un profil d’investisseur une série de données objectives (quel âge avez-vous ? Quel est votre profession ? Quand pensez-vous avoir besoin de votre argent ? Quels produits financiers avez-vous déjà et depuis quand, etc) et des données subjectives (depuis quand vous intéressez-vous à vos placements ? Acceptez-vous de voir votre avoir perdre une partie de sa valeur et, si oui, de combien au maximum, etc).

Passeport financier

Pour vous donner une idée de ce que représentent les questionnaires qui sont à la base de l’établissement d’un profil d’investisseur, le mieux est d’aller sur internet et de taper dans la case ad hoc d’un moteur de recherche « profil d’investisseur ». Vous aurez le choix entre les différents questionnaires auxquels recourent les banques. Il n’est pas inutile de vous rappeler ici que l’établissement de ce profil est pour le banquier une obligation en vertu de la directive européenne dite « MiFID ».

 

  1. Calculer son horizon temporel 

C’est la dernière étape, c’est la plus éprouvante parce qu’il faut la recommencer régulièrement. Le but est de fixer de la manière la plus raisonnable possible, c’est-à-dire la plus probable compte tenu de votre volonté mais aussi des aléas de la vie, le moment où vous aurez besoin de votre argent.

HorizonPrenons un exemple : Jacques a 55 ans. Il a fait l’inventaire de son avoir, il se considère comme un investisseur « dynamique », c’est-à-dire prêt à prendre des risques, et il dispose d’un petit portefeuille mobilier constitué d’actions à 60% et d’obligations à 40%. Comme il envisageait de prendre sa retraite à 60 ans, le moment était venu pour lui de prendre son bénéfice sur ses placements à risque, ses actions donc, pour en investir le produit dans des placements à revenu fixe. C’est le conseil que l’on donne à ceux qui sont à cinq ans de leur retraite. A ce moment, l’horizon temporel de Jacques était de cinq ans. Seulement voilà, son portefeuille d’actions a fondu comme tous les avoirs boursiers, la remontée des cours depuis mars 2009 ne le satisfait pas et par-dessus le marché son directeur général lui a dit qu’il ne pouvait plus bénéficier d’une éventuelle retraite à 60 ans. Ce sera 65 ans, voire 67 ans si on estime encore avoir besoin de ses services. En quelques mois, l’horizon temporel de Jacques est passé de cinq à dix, voire douze ans. Il peut donc garder son avoir en Bourse et tabler sur le fait que dans ce laps de temps il aura récupéré ce qu’il a perdu et peut-être même engrangé une plus-value, qui sait ? Qui aurait cru que la Bourse allait remonter de 50% en six mois ?

Un épargnant averti en vaut plusieurs pour autant qu’il respecte ces trois commandements. C’est l’abc de l’investissement.



© Fiftyandme 2024