Risque et rendement
Vous avez sûrement tiqué : « des gens comme vous et moi qui veulent investir en actions chinoises, indiennes ou coréennes », ça, je ne le ferai jamais ! » Détrompez-vous, ce serait une erreur funeste. Si vous vous composez un portefeuille bien équilibré, le risque que vous prêtez – pas forcément avec raison – aux actions chinoises peut être compensé par l’absence de risque que vous prêtez – pas forcément avec raison non plus – aux obligations d’Etat. C’est la clé du rendement : pour que votre argent rapporte, il faut accepter de prendre un peu de risque. Du risque calculé, bien sûr, mais du risque quand même. Vous ne voulez pas ? Dans ce cas, placez votre argent sur un compte d’épargne ou en bons de caisse. Vous ne courrez aucun risque, mais vous « désépargnerez ». A vous de décider.
Votre serviteur est de ceux qui croient au bon sens de leurs contemporains. On peut donc supposer que vous acceptiez de prendre un peu de risque pour que votre investissement vous donne un « retour », un rendement. Combien ? Une fois encore, tout est question de mesure : quel est le risque que vous acceptez de prendre ? Restons dans les généralités : le placement le plus risqué, c’est la Bourse. L’an passé, l’indice le plus connu de la Bourse de New York, le fameux Dow Jones, a gagné environ 20 %. C’est beaucoup et ceux qui ont osé miser sur ce cheval de course ont toutes les raisons d’être satisfaits. Par contre, ceux qui ont misé sur les obligations en euros n’ont quasiment rien gagné. Ceci est théorique bien sûr – les puristes vont hurler -, mais ceux qui ont misé sur les deux ont gagné 10 % et réduit leur risque de moitié. Ce qui est un excellent résultat.
Tout ceci pour vous dire que la clé du succès pour celui ou celle qui fait le pari d’investir, c’est la diversification : j’investis dans des produits à risque qui peuvent rapporter beaucoup – par exemple la Bourse de New York -, mais j’investis aussi, par mesure de précaution, dans des produits moins risqués qui rapportent moins – par exemple des obligations en euros. Voilà pour la structure. Comment la concrétiser ? Avec des fonds de placement.
20.000 nuances de fonds
On peut lire dans le dernier numéro de Test-Achats invest qu’il y a dans notre pays quelque chose comme… 20.000 fonds de placement différents chapeautés par des banques – comme le fonds KBC New Asia cités plus haut – ou par des sociétés de gestion – comme celui de la maison française Carmignac également cité plus haut. Le problème se résume donc à ceci : comment choisir dans ce fatras – appelons un chat un chat. C’est un problème de riches, convenons-en, mais c’est un problème quand même parce que si l’on regarde les performances, c’est-à-dire le rendement de ces 20.000 fonds de placement, cela va de +35 % (rendement sur un an du fonds d’actions chinoises de Belfius et du fonds d’actions polonaises d’IShares) à -10 % (pour le fonds d’actions de mines d’or Share Gold USD ou le fonds d’obligations en yens Parvest Bond JPY) (*). Mieux vaut donc bien choisir.
Comment mal choisir ? Vous avez bien lu : « comment mal choisir ? » C’est très facile : il suffit d’écouter benoîtement ce que vous dit votre intermédiaire financier habituel. Non qu’il soit malhonnête, loin de là, mais il fonctionne un peu comme un concessionnaire Audi dont il ne faut pas espérer qu’il vous conseille d’aller jeter un œil chez Peugeot. Comme il est impossible de prendre en compte les 20.000 fonds de placement disponibles dans notre pays, appliquez la démarche suivante :
- commencez par établir votre profil de risque. Votre intermédiaire financier, banquier ou courtier, va vous aider (il y est même obligé). Si vous n’avez pas d’intermédiaire financier (parce que vous faites tout vous-même sur internet), vous devrez quand même établir votre profil de risque. Vous en trouverez plusieurs modèles sur internet ;
- calculez votre horizon temporel. L’antidote du risque, c’est le temps. Plus vous avez du temps devant vous, plus vous pouvez vous permettre d’investir dans des fonds de placement risqués. Inversement, si vous êtes à cinq ans de la retraite, optez pour des fonds de placement moins risqués, par exemple des fonds de placement mixtes (= mix d’actions pour le rendement et d’obligations pour la sécurité) ;
- établissez une liste de commissions. Par exemple : je souhaite investir autant en actions (plus risquées), autant en obligations (moins risquées) et conserver autant en liquidités (on ne sait jamais) ;
- faites l’inventaire de votre patrimoine : combien de comptes d’épargne avez-vous et quels montants y avez-vous déposé ? Avez-vous d’autres biens immobiliers que votre logement ? Avez-vous un ou des contrats d’assurance vie ? Tout cela entre en ligne de compte pour l’étape suivante ;
- contactez votre intermédiaire financier habituel et demandez-lui ce qu’il a en magasin
- compte tenu de vos souhaits et de l’ensemble de votre patrimoine,
- compte tenu aussi de votre profil de risque et de votre horizon temporel…
- … mais allez aussi voir ailleurs. Rappelez-vous : ce n’est parce que vous êtes client chez Audi que vous ne devez pas aller voir ce que Peugeot propose.