trouver du travail à 50 ans

Trouver du travail à 50 ans : nos conseils

(Re)trouver du travail à 50 ans ou plus, surtout quand on est une femme, mission impossible ? Pas forcément. De nombreuses entreprises misent désormais sur des salariés plus âgés, pour la qualité de leur savoir-être.

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Inutile de le nier, pour plus d’un entrepreneur, l’engagement de jeunes travailleurs reste encore majoritaire. Pour se donner une image dynamique, avec du sang neuf. À défaut d’idées révolutionnaires, plaident certaines mauvaises langues. Cependant, et les chiffres du marché de l’emploi en témoignent (voir ci-dessous*), les travailleurs de plus de 50 ans redeviennent une source de talents dans laquelle les DRH n’hésitent plus à puiser. L’exemple des pays anglo-saxons et scandinaves où les travailleurs âgés sont nombreux pousse de nombreux CEO belges à recruter des quinquagénaires (voire plus) au cœur de leurs équipes. Et ce pour plusieurs raisons.

« Depuis le lancement de mon activité en 2001, explique Denis Frisquet, DRH d’une PME, j’ai fait engager une petite dizaine de collaborateurs. J’ai souvent misé davantage sur des jeunes diplômés. Avec un résultat souvent mitigé. Certes, ils sont bien formés et avancent des projets ambitieux. Mais j’ai constaté rapidement les failles de ce jeunisme : pas ou peu d’esprit d’équipe, un combat de jeunes loups entre eux et un certain manque de loyauté. Plus d’un a quitté l’entreprise dans les deux ans pour répondre à l’envie d’aller voir ailleurs. Avec, pour moi, la nécessité d’investir dans la recherche de remplaçants. J’ai réfléchi et misé sur des travailleurs plus âgés. Non sans appréhension, je l’avoue. Mais le résultat est là. Ils font le job, apportent de la stabilité et échangent avec les plus jeunes. Chacun semble y trouver son compte. Moi en premier. »

De nombreux avantages

Et cet exemple est loin d’être unique aujourd’hui. « Employer un sénior permet de gagner une solide expérience qui sera mise au service de l’entreprise et des collègues. Un travail de transmission souvent rompu par de jeunes dirigeants qui écartent trop rapidement les profils plus âgés dans l’organigramme de l’entreprise. Une grave erreur à mes yeux », souligne Louis Dalle, coach en entreprises. « Les idées reçues relatives aux aînés ne correspondent plus à la réalité. Notamment quant au salaire élevé réclamé ou à la frilosité face au changement. Que du contraire, un salarié dans la cinquantaine, femme comme homme, aura plus de flexibilité qu’un jeune, pris par les soucis avec les enfants, le besoin de gagner plus pour fonder une famille et la réticence à travailler plus loin. Le salarié sénior se sent plus détaché de ces considérations, plus disponible donc. Quant au numérique, c’est encore une idée fausse que celle du travailleur plus âgé incapable d’utiliser les outils numériques. »
Autre avantage : un salarié sénior qui se sentira bien dans son nouveau cadre professionnel aura peu d’envie de le quitter pour aller voir ailleurs. Contrairement à un profil junior plus « mercenaire » dans son comportement professionnel. Un turn-over fréquent qui peut coûter cher à l’entreprise. Comme l’indique le site Jobat.fr, « le coût moyen de l’engagement d’un salarié de base est de quelque 15 000 € », et bien plus pour un profil plus rare. Autant, dès lors, miser sur un sénior qui ne prendra pas la clé des champs après un an.

Miser à 100 % sur le savoir-être

Face aux jeunes diplômés, le travailleur sénior a une carte à jouer pour remporter la partie : ses soft-skills (ou compétences douces). Tout ce qui fait son savoir-être, au poids de plus en plus important dans la balance des recruteurs d’aujourd’hui. Peut-être plus que le savoir-faire. Pour un CEO, un travailleur qui sait s’intégrer à la culture d’entreprise, dans une équipe formée et qui apportera son savoir, ses qualités humaines, sera une perle recherchée parmi les milliers de C.V. reçus. Un savoir-être, appelé aussi intelligence comportementale, qui se révèle primordial dans toutes les fonctions en contact avec la clientèle. Les soft-skills les plus recherchées par les employeurs ? Politesse, ponctualité, respect de la hiérarchie et convivialité. Autant de qualités généralement possédées par les séniors et qui renforcent leur attractivité face à la jeune génération, plus disposée à changer d’emploi sur un coup de tête. « Quand je tombe sur un profil de sénior et que le candidat se retrouve devant moi pour le premier entretien, j’apprécie le fait qu’il ne cherche pas à se faire mousser, à se mettre en avant. Contrairement à un jeune profil souvent plus présent dans ce que j’appelle la politique politicienne, avec des objectifs de carrière à atteindre. Le plus vite possible. À compétences presque identiques, mon choix sera vite fait » explique Charles Doris, DRH.

Mais pourquoi former des travailleurs plus âgés qui partiront à la retraite dans une dizaine d’années ?  Cette question n’a plus vraiment de raison d’être. Au vu de la situation économique actuelle, l’âge de la retraite, sans cesse reculé, ne signifie pas pour autant un arrêt brutal de l’activité. De plus, avec les petites pensions légales, beaucoup de retraités continuent à travailler et à apporter une expérience qui peut se transmettre aux plus jeunes dans l’entreprise. « Les séniors ont une vision plus générale du monde du travail, marquée par le sceau de l’expérience et de l’expertise. Mais aussi une meilleure capacité à prendre du recul face à un problème et une plus grande loyauté » précise encore Louis Dalle. Autant de facteurs à mettre dans la balance par l’employeur au moment de signer un contrat.

La bonne méthode en 5 points pour trouver du travail à 50 ans

  1. Faire un bilan de compétences

La cinquantaine venue, vous cherchez à vous reconvertir ? Ou à retrouver un emploi après un départ, volontaire ou non ? Pour mieux vous connaître et cibler les entreprises à contacter en fonction de vos aptitudes et de vos envies, un bilan de vos compétences peut être intéressant. Vous en trouverez sur différentes plateformes en ligne comme celles de l’asbl Apef (Association paritaire pour l’emploi et la formation) et de l’asbl FeBi. 

  1. Rédiger son C.V.

« Oubliez de suite la tentation de reprendre le C.V. de votre début de carrière et d’y ajouter quelques lignes pour présenter vos dernières fonctions », précise Louis Dalle. Mieux vaut tout réécrire de A à Z en fonction des modèles actuels recherchés. De nombreux sites peuvent vous y aider. Coup de cœur pour le site d’emploi en ligne Stepstone qui donne des exemples de C.V. Chacun est analysé, avec ses forces et ses faiblesses afin de vous guider à rédiger un C.V. percutant, qui corresponde aux recherches actuelles menées par les recruteurs. Quant à la photo, les avis sont partagés. « Pour ma part, je déconseille d’en mettre une, sauf si on vous la réclame. Une photo de vacances, un cliché flou, mal cadré, un cliché d’identité qui vous donne l’air de sortir de prison ou d’avoir dix ans de plus… risquent de jouer en votre défaveur. Si vous décidez de mettre une photo, il faut qu’elle soit réalisée par un professionnel afin de vous mettre en évidence », explique Louis Dalle

  1. Décrocher un entretien 

De nombreuses chaînes YouTube permettent de récolter tous les conseils nécessaires pour obtenir un entretien et mettre un premier pas dans l’entreprise. Coup de cœur pour celle du coach Yves Gauthier, une série de capsules vidéo qui proposent toutes les astuces nécessaires. Les questions à poser, les réponses à apporter à celles de l’employeur, comment se présenter, s’habiller et les erreurs à ne pas commettre. Dont les deux principales : ne jamais dire de mal de votre employeur ni en dire trop sur votre situation personnelle. Une chaîne bien présentée, non dénuée d’humour et remplie de bons conseils.

4. Ne pas oublier la présence en ligne

Même si les réseaux sociaux et les sites en ligne ne vous sont pas très familiers, votre présence en ligne constituera un atout appréciable et apprécié des recruteurs. Il est d’ailleurs peu probable que vous trouviez encore de réelles opportunités dans les journaux. Aujourd’hui, le champ de recherches se situe en ligne. Avec un large éventail de sites d’offres, dont Indeed, Monster ou LinkedIn sur lequel il vous faudra proposer votre parcours professionnel. Un site où vous pourrez constituer un réseau et contacter directement les CEO. Un profil à actualiser en permanence pour montrer que l’on est à l’écoute et en perpétuelle évolution. Ici aussi, attention à la photo. Les blogs sont à la mode chez les quinquagénaires, autant l’indiquer dans le C.V. Tout comme vos profils sur Instagram, Twitter ou Facebook.

  1. Et au final, réussir l’entretien

Sauf erreur de parcours, une démarche de recherche d’emploi réussie mènera tôt ou tard à un premier entretien. Une première victoire mais pas encore décisive. Pour le travailleur « âgé », il reste encore des écueils à traverser. Des erreurs à éviter le jour J comme nier votre âge ou le voir comme un handicap. Face au recruteur, misez sur le long terme pour qu’il vous voie comme un investissement. Insistez sur votre fidélité à l’entreprise. N’oubliez pas de réfléchir à la fameuse question : « Comment envisagez-vous votre poste dans 5 ans ? » Au terme de l’entretien, il vous restera à négocier le salaire et à poser les dernières questions qui prouveront que vous voulez réellement ce poste. À ce propos, n’hésitez pas à dire que vous voulez ce poste. Ultime preuve bienvenue de votre dynamisme.

(*) Après deux années de Covid, marquées par un ralentissement économique, les chiffres diffusés sur le site statbel.fgov.be montrent une amélioration. En 2021, le taux d’emploi des femmes âgées de 20 à 64 ans a en effet atteint 66,8 % (contre 56 % en 2000). Plus généralement, pour les travailleurs de 55 à 64 ans, le taux d’emploi, pour 2021, a été de 54,5 % contre 26,3 % en 2000. Des chiffres positifs à confirmer pour 2022 et au-delà.


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